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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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fille, elle se souleva.
    « Maman ! cria Éva, se jetant à son cou avec transport, et l’embrassant à plusieurs reprises.
    – Assez, assez ! – Prenez donc garde, enfant ! – Vous m’ébranlez toute la tête ! » dit sa mère après avoir languissamment effleuré de ses lèvres le front d’Éva.
    Saint-Clair entrait ; il embrassa sa femme, d’une façon plus orthodoxe que tendre, en lui présentant sa cousine, qu’elle accueillit poliment, langoureusement, et avec une nuance de curiosité.
    Dans la foule amassée en ce moment à la porte se poussait en avant, toute tremblante d’espérance et de joie, une mulâtresse entre deux âges et d’un extérieur respectable.
    « Oh, te voilà, Mamie ! » Et, volant à elle, Éva s’élança dans ses bras, et l’étreignit de toutes ses forces.
    La femme ne se plaignit point de sa tête ; loin de là, elle enleva de terre l’enfant qu’elle avait nourrie, la mangea de caresses, et, à demi folle de joie, finit par fondre en larmes. À peine remise à terre, Éva courut de l’un à l’autre, distribuant les serrements de mains, et les embrassades, avec une prodigalité qui, au dire de miss Ophélia, lui tournait sur le cœur.
    « Si cela vous arrange, à merveille ! mais vous autres, gens du Sud, vous faites des choses auxquelles, moi, je ne saurais me résoudre.
    – Quelles choses, je vous prie ? demanda Saint-Clair.
    – Pour l’univers entier je ne voudrais humilier qui que ce fût ; – mais, quant à embrasser…
    – Ah, les nègres ! j’entends. Vous n’y êtes pas faite, je vois.
    – Non, vraiment ; comment a-t-elle ce courage !
    Saint-Clair sourit et entra dans le passage en appelant :
    – Holà ! ici, tous tant que vous êtes ! – que je paye ma bienvenue, allons, tous ! – Mamie, Jemmy, Polly, Sonkey, – est-on content de revoir maître ? disait-il, passant de l’un à l’autre, échangeant des poignées de main : « Gare aux marmots ! ajouta-t-il en trébuchant contre un négrillon qui cheminait à quatre pattes : Si j’écrase quelqu’un, qu’il m’avertisse ! »
    Une averse d’éclats de rire joyeux et de bénédictions entassées sur « bon maître » accueillirent les petites pièces d’argent qu’il distribuait à la ronde.
    « Maintenant, allez tous à votre besogne comme de braves filles et d’honnêtes garçons, » reprit-il, et la foule bigarrée se dispersa aussitôt, suivie d’Éva chargée du grand sac, qu’à son retour au logis elle avait rempli, tout le long de la route, de pommes, de noix, de sucre candi, de rubans, de galons, de dentelles et de diverses autres babioles.
    Saint-Clair s’en retournait lorsque ses yeux tombèrent sur Tom, qui, tout décontenancé, se dandinait d’un pied sur l’autre, sous les regards d’Adolphe ; ce dernier, appuyé contre la balustrade, le lorgnait avec l’impertinence d’un dandy achevé.
    « Eh bien ! Jocko ! dit le maître, rabattant le lorgnon d’un revers de sa main, est-ce ainsi qu’on accueille un camarade ? – Eh, vraiment ! poursuivit-il, le regardant de plus près, et posant l’index sur le brillant gilet qu’étalait Adolphe : Qu’est-ce que tu as là ? Il me semble que ceci est de ma connaissance !
    – Oh, maître ! tout taché de vin ; maître n’est pas fait, dans sa position, pour porter un pareil gilet ! J’ai compris qu’il me revenait ; bon tout au plus pour un pauvre nègre comme moi. » Et Adolphe secouant sa tête, passa avec grâce ses doigts dans ses cheveux parfumés.
    « C’est là ton avis, hé ? reprît nonchalamment Saint-Clair. Ah ça, écoute un peu ; je vais présenter Tom à sa maîtresse, après quoi tu le conduiras à l’office, et songes-y ! ne t’avise pas de prendre des airs avec lui. Il vaut deux fois un freluquet de ton espèce.
    – Maître a toujours le mot pour rire, répliqua Adolphe d’un air radieux ; je suis ravi de voir maître en si belle humeur.
    – Ici Tom ! » dit Saint-Clair, et il le fit entrer dans la chambre.
    Le nègre demeura immobile sur le seuil, l’œil attaché fixement sur ces splendeurs inimaginables de miroirs, de peintures, de statues, de draperies, et, ravi en esprit comme la reine de Saba devant Salomon, il n’osait poser le pied nulle part.
    « Regardez, Marie, dit Saint-Clair à sa femme, je vous ai enfin acheté un cocher en règle. – C’est, vous dis-je, un véritable cocher de corbillard, pour la noirceur et la

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