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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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sobriété. Si cela vous agrée, il vous mènera comme un enterrement. Allons, ouvrez les yeux, examinez-le, et ne dites plus que, dès que j’ai le dos tourné, je cesse de penser à vous. »
    Marie, sans bouger, leva les yeux sur Tom.
    « Je suis sûre qu’il se grisera, dit-elle.
    – Non, non ; il est garanti pieux et sobre.
    – Soit ; je désire qu’il tourne bien, beaucoup plus que je ne l’espère.
    – Dolphe, reprit Saint-Clair, fais descendre Tom, et prends garde encore un coup, ajouta-t-il, rappelle-toi ce que je viens de te dire. »
    Adolphe marcha devant d’un pas leste, et Tom le suivit d’un pas lourd.
    « C’est un véritable Béhémoth ! dit Marie.
    – Allons à présent, ma chère, reprit Saint-Clair, s’asseyant sur un petit tabouret au chevet du sofa, soyons aimables. Avez-vous quelque chose de gracieux à dire à un pauvre garçon ?
    – Vous avez été de quinze jours en retard, sur ce que vous aviez promis, murmura la dame en faisant la moue.
    – Ne vous en ai-je pas écrit le motif ?
    – Une lettre si glaciale, si courte !
    – Eh ! chère, le courrier partait ; il n’y avait pas le temps : il fallait abréger, ou ne pas écrire du tout.
    – Toujours le même ! plein d’excellentes raisons pour faire vos voyages longs et vos lettres courtes !
    – Là, regardez un peu ceci, je vous prie. Il tira de sa poche un élégant écrin de velours, et l’ouvrit : Je vous apporte ce cadeau de New-York. »
    C’était le daguerréotype d’Éva et de son père se tenant par la main. Les figures étaient admirablement bien venues.
    Marie considéra les portraits d’un air mécontent.
    « Où avez-vous donc été choisir une pose si gauche ?
    – Gauche, soit ! la pose est affaire de goût. Mais, que dites-vous de la ressemblance ?
    – Vous ne feriez pas plus cas de mon opinion sur ce point que sur tout autre, à ce que je présume, répliqua Marie, et elle referma l’écrin.
    – Peste soit de la femme ! pensa tout bas Saint-Clair, et il reprit tout haut : Allons, Marie, assez d’enfantillages comme cela ; dites, les trouvez-vous ressemblants ?
    – Il faut être aussi insouciant que vous l’êtes pour me tourmenter de la sorte, et me contraindre à parler et à regarder, quand vous savez que je suis demeurée tout le jour couchée avec le plus affreux mal de tête ! Depuis votre arrivée c’est un bruit, un remue-ménage ! j’en suis à demi morte.
    – Vous êtes sujette à la migraine, madame ? dit miss Ophélia, sortant tout à coup des profondeurs de la bergère, où elle était demeurée ensevelie, faisant, à part elle, l’inventaire du mobilier et en calculant la dépense.
    – Oh ! je suis un véritable martyr, soupira la dame.
    – Le thé de genièvre est bon pour les maux de tête, dit miss Ophélia ; au moins Augusta, la femme du diacre Abraham Perry, avait coutume de le dire, et c’est la meilleure des gardes-malades.
    – J’aurai soin de faire apporter ici les premières graines de genièvre qui mûriront dans notre jardin des bords du lac, dit Saint-Clair, tirant gravement la sonnette. En attendant, cousine, vous devez avoir besoin de vous retirer dans votre appartement, et de vous reposer un peu après ce long voyage. Dolphe, ajouta-t-il, envoyez-nous Mamie. L’honnête mulâtresse qu’Éva avait si tendrement caressée entra presque aussitôt. Elle était très-proprement vêtue, la tête ornée d’un turban rouge et jaune, récent cadeau d’Éva, que l’enfant avait elle-même ajusté.
    – Mamie, dit Saint-Clair, je te confie cette dame, elle est fatiguée. Conduis-la dans sa chambre, et veille bien à ce que rien ne lui manque. » Miss Ophélia suivit Mamie et disparut.
     

CHAPITRE XVII

La maîtresse de Tom et ses opinions.

« Aujourd’hui, Marie, votre âge d’or commence, dit Saint-Clair ; notre cousine, alerte et entendue comme une vraie fille de la Nouvelle-Angleterre, va décharger vos épaules du lourd fardeau des soins domestiques, vous donner le temps de vous reposer, et de redevenir belle et jeune tout à loisir. Et plus vite se fera la cérémonie de la remise des clefs, mieux cela vaudra.
    Ceci se passait pendant le déjeuner, peu de jours après l’arrivée de miss Ophélia.
    – Elle est la bien venue, répondit Marie, laissant avec nonchalance tomber sa tête sur sa main : elle s’apercevra bien vite à l’épreuve que les véritables esclaves, ici, ce sont les

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