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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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enfin, il éclata :
    « Je vous dis, Augustin, que si vous pouvez prendre votre parti de semblables choses, moi, je ne le puis. C’est abominable à vous de défendre un pareil système ! – voilà mon avis.
    – Quoi ? dit Saint-Clair en levant les yeux. Encore !…
    – Je répète que c’est tout à fait abominable à vous de défendre un tel système ! s’écria miss Ophélia avec une chaleur croissante.
    –  Moi , le défendre ! qui a jamais dit que je le défendais ?
    – Certainement, vous le défendez, – vous tous, – vous autres gens du Sud ! sinon pourquoi auriez-vous des esclaves ?
    – Êtes-vous assez innocente, ma chère cousine, pour supposer que personne en ce monde ne fait que ce qu’il croit être bien ? vous-même n’avez-vous jamais rien fait, ne faites-vous jamais rien qui s’écarte de la droite ligne ?
    – Si cela m’arrive, je m’en repens, j’espère, dit miss Ophélia faisant jouer ses aiguilles avec énergie.
    – Moi aussi, reprit Saint-Clair en pelant une orange ; je passe ma vie à me repentir.
    – Pourquoi continuez-vous alors ?
    – N’avez-vous jamais continué de faire mal, après vous être repentie, ma bonne cousine ?
    – Peut-être ; quand la tentation était très-forte, dit miss Ophélia.
    – Eh bien ! pour moi aussi la tentation est forte, reprit Saint-Clair. C’est là que gît la difficulté.
    – Mais, du moins, je suis toujours résolue à rompre avec le mal, et j’y tâche.
    – J’ai pris la même résolution plus de cent fois depuis dix ans ; mais je ne sais comment cela se fait, je n’en suis pas plus avancé. Vous êtes-vous débarrassée de tous vos péchés, vous, cousine ?
    – Cousin Augustin, dit miss Ophélia avec sérieux en interrompant son tricot, vous avez sans doute raison de réprouver mes erreurs. Je sais que tout ce que vous dites est vrai, – personne ne le sent plus que moi ; mais il me semble, cependant, qu’il y a quelque différence entre nous. Je crois que je me couperais la main droite plutôt que de continuer à faire, de jour en jour, ce que je juge être mal. Ma conduite, il est vrai, n’est pas toujours d’accord avec ma profession de foi, et c’est en quoi je mérite votre blâme.
    – Maintenant, cousine, dit Augustin s’asseyant sur le parquet, et posant sa tête sur les genoux de miss Ophélia, n’y mettez pas tant de solennité ! Vous savez que j’ai toujours été un impertinent garçon, un franc vaurien, j’aime à vous taquiner, – voilà tout, – pour vous voir un peu en colère. Je vous crois parfaite, d’une bonté désespérante ! Rien que d’y penser, m’énerve, me tue presque !
    – Mais il s’agit d’un sujet grave, mon cher enfant, mon Auguste, reprit miss Ophélia posant sa main sur le front du jeune homme.
    – Dites lugubre ! et je ne peux jamais parler sérieusement quand il fait chaud. Avec les moustiques et le reste, impossible de prendre l’essor vers les sublimes hauteurs de la morale. Mais, j’y pense, dit Saint-Clair se relevant tout à coup, voilà une théorie toute trouvée ! Je comprends maintenant pourquoi les peuples du Nord sont plus vertueux que ceux du Sud, – je saisis les causes et les effets.
    – Oh ! Augustin, vous êtes un vrai brise-raison !
    – Le suis-je ? eh bien, je l’admets. Mais, par extraordinaire, je veux être sérieux ; passez-moi cette corbeille d’oranges. – Si je fais cet effort, tenez-vous prête à me « faire revenir le cœur avec du vin, et faites-moi une couche de pommes [34] . » – À présent, dit Augustin en tirant à lui la corbeille, je commence : Lorsque, dans le cours des événements humains, un homme juge nécessaire de tenir captifs deux ou trois douzaines de ses semblables, vers de terre comme lui, une certaine déférence pour les préjugés de la société exige…
    – Je ne vois pas que vous deveniez plus sérieux, dit miss Ophélia.
    – Attendez ! j’y arrive. Vous allez voir. Le fait est, cousine, dit-il, sa belle figure prenant tout à coup une expression grave et réfléchie, que, sur cette question abstraite de l’esclavage, il ne peut y avoir, à mon sens, qu’une seule opinion. Les planteurs, qui en tirent de l’argent, – les hommes d’église, qui veulent plaire aux planteurs, – les politiques, qui s’en servent pour gouverner, – peuvent fausser la langue et plier la morale à un degré qui émerveillera le monde ; ils peuvent enrôler à leur

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