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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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innocence. Personne qui doutât de sa culpabilité ; personne qui pût arriver à une preuve, et miss Ophélia était trop juste pour punir sur des présomptions.
    Les malices prenaient aussi singulièrement bien leur temps, et l’agresseur savait se mettre à l’abri. Les vengeances sur Rosa et sur Jane, les deux femmes de chambre, avaient lieu juste lorsqu’elles se trouvaient (ce qui n’était pas rare) en pleine disgrâce avec leur maîtresse, et lorsque nulle plainte de leur part n’aurait eu chance d’éveiller la sympathie. Bref, Topsy sut parfaitement faire comprendre à chacun qu’il était plus sain de respecter son repos, et, en conséquence, on la laissa tranquille.
    Elle était d’une rare adresse, et apportait aux travaux manuels autant d’énergie que d’activité. Elle apprenait avec beaucoup de promptitude ce qu’on lui enseignait ; peu de leçons la mirent si parfaitement au fait de tout ce qui concernait la chambre de miss Ophélia, que la plus minutieuse exigence n’aurait pu la trouver en défaut. Jamais doigts humains n’auraient su étendre, aplanir mieux les draps, ajuster les oreillers plus méthodiquement, balayer, épousseter, ranger avec plus de perfection que ceux de Topsy, lorsqu’elle le voulait bien ; – mais elle ne voulait pas toujours. – Si miss Ophélia, après trois ou quatre jours de scrupuleuse surveillance, se figurait pouvoir s’en fier à Topsy, et vaquer à d’autres soins, Topsy tenait, pendant une heure ou deux, dans la chambre, un vrai carnaval. Au lieu de faire le lit, elle le défaisait, enlevait les taies d’oreillers, et roulait dedans sa tête laineuse, jusqu’à ce qu’elle se fût fait une grotesque perruque de plumes. Elle grimpait comme un chat le long des colonnettes qui soutenaient le baldaquin ; et, arrivée en haut, se suspendait la tête en bas ; elle faisait le moulinet avec les draps, qu’elle traînait par tout l’appartement : elle habillait le traversin de la toilette de nuit de sa maîtresse, pour lui faire ensuite jouer toutes sortes de pantomimes – chantant, sifflant, et se régalant elle-même devant le miroir des plus comiques grimaces. Bref, elle faisait le diable à quatre, ou, selon l’expression de miss Ophélia, « elle évoquait Caïn. »
    Une fois, la maîtresse, par une négligence inouïe chez elle, ayant oublié sa clef sur un tiroir, trouva son élève affublée d’un magnifique turban rouge, fait de son plus beau châle de crêpe de Chine, que Topsy avait tortillé autour de sa tête, tandis qu’elle déclamait pompeusement devant la glace.
    « Topsy, s’écriait la pauvre miss à bout de patience, comment pouvez-vous agir de la sorte ?
    – Je sais pas, maîtresse, – c’est p’t-être parce que je suis si méchante !
    – Je ne sais plus que faire de vous, Topsy !
    – Seigneur ! maîtresse, – faut me fouetter. Vieille maîtresse me fouettait toujours. – Moi pas savoir travailler sans être battue.
    – Mais, Topsy, je n’ai pas la moindre envie de vous frapper ; vous pouvez bien faire si vous voulez ! Pourquoi ne le voulez-vous pas !
    – Eh, là, maîtresse, je suis toujours été fouettée ; – p’t-être bien que c’est bon pour moi ! »
    Miss Ophélia essaya de la recette. Topsy faisait invariablement le plus horrible vacarme, criant, gémissant, hurlant, suppliant ; puis, perchée un quart d’heure après sur quelque saillie de balcon, entourée d’un cercle admiratif de petits moricauds, elle exprimait hautement son mépris de toute l’affaire.
    « Seigneur ! miss Phélie, fouetter ! – tuerait pas seulement un moustique avec sa fouaillerie ! – Fallait voir vieux maître ! – I faisait voler la chair tout partout, lui ! c’est ça fouetter ! Maître savait s’y prend’ ! »
    Topsy tirait grand orgueil de ses sottises et crimes, qu’elle considérait comme une distinction toute particulière.
    « Seigneur ! vous aut’ neg’s, disait-elle à quelques-uns de ses auditeurs, vous savez p’t-être pas que vous êtes des pécheurs ? Eh bien, vous l’êtes ; – tout le monde est des pécheurs, les blancs tout de même, – miss Phélie l’a dit. Je crois, les nèg’s être les plus gros ! Mais, Seigneur ! c’est rien à côté de moi. Je suis si méchante, si méchante, que personne peut rien faire de moi, rien du tout. Je faisais fièrement enrager vieille maîtresse, allez ! Fallait voir comme elle jurait après moi ! – Ah ! ah !

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