Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
Vom Netzwerk:
souffrir.
    – Là ! le Seigneur nous assiste ! reprit Rosa ; vous êtes par trop bonne aussi, miss Éva ; vous n’entendez rien à mener les nègres. Il n’y a d’autres moyens que de les rouer de coups ; c’est moi qui vous le dis.
    – Rosa ! paix, encore une fois ; pas un mot de plus ! » Les yeux de l’enfant étincelèrent, et ses joues devinrent pourpres.
    À l’instant Rosa fut matée ; elle sortit de la chambre en murmurant à demi-voix :
    « Miss Éva est du sang des Saint-Clair, ça se voit. C’est qu’elle peut parler juste comme son papa. »
    Éva demeura immobile, les yeux attachés sur Topsy.
    Là se trouvaient face à face deux êtres qui représentaient les points extrêmes de l’échelle sociale. L’enfant, belle, blanche, aristocratique, avec sa tête dorée, son front intelligent, élevé, ses mouvements nobles et gracieux ; et l’autre petite créature, noire, vivace, souple, rampante, et cependant subtile. Elles étaient là, types vivants de leurs races : l’une, Saxonne, née d’une succession de siècles de culture, de domination, de supériorité physique et morale : l’autre, Africaine, produit d’une longue série d’opprobres, d’oppression, de servitude, de travail et de vice.
    Quelques douteuses idées de ce genre roulaient peut-être vaguement dans l’esprit d’Éva. Mais les pensées enfantines ne sont encore que des instincts mal définis. On sentait poindre au fond de cette noble nature nombre de réflexions latentes, d’élans en germes, d’obscures perceptions que l’enfant ne pouvait formuler. Lorsque miss Ophélia s’étendit, au large et au long, sur les crimes de Topsy, l’angélique figure d’Éva se couvrit d’un nuage de tristesse, et elle dit doucement :
    « Pauvre Topsy, qu’avais-tu besoin de voler !… Maintenant l’on aura bien soin de toi. – Sais-tu, Topsy, j’aimerais mieux te donner tout ce que j’ai que de te le voir prendre ? »
    C’étaient les premiers mots affectueux que l’enfant eût entendus de sa vie. Le ton doux, l’air amical, touchèrent étrangement ce cœur inculte et grossier ; quelque chose d’humide scintilla dans l’œil rond et perçant, mais le ricanement court et glacé reparut presque aussitôt. L’oreille qui ne s’est ouverte qu’à l’injure se refuse à comprendre quelque chose d’aussi divin que la bonté. Topsy trouva les paroles d’Éva bizarres, inexplicables ; – elle n’y crut pas.
    Mais que faire de la petite négresse ? C’était une véritable énigme pour miss Ophélia ; ses règles d’éducation devenaient inapplicables. Pour se donner le temps d’y réfléchir, et dans la vague espérance qu’au fond d’un cabinet noir se trouve toujours quelque vertu cachée, elle y mit Topsy en prison, en attendant que ses idées à elle se fussent un peu éclaircies.
    « Je ne sais, en vérité, dit-elle à Saint-Clair, comment venir à bout de l’enfant, sans la fouetter.
    – Fouettez-la, si le cœur vous en dit ; vous avez plein pouvoir ; agissez à votre guise.
    – On a fouetté les enfants de tous temps, reprit miss Ophélia. Je n’ai jamais ouï parler d’éducation sans un peu de fouet, plus ou moins.
    – À merveille, répliqua Saint-Clair, faites pour le mieux. Seulement je me permettrai une légère observation : j’ai vu battre cette enfant avec un fourgon à tisonner le feu ; je l’ai vu terrasser avec la pelle, les pincettes, tout ce qui tombait sous la main ! Elle me paraît tellement familiarisée avec ce procédé d’éducation, que votre fouet devra être terriblement énergique pour la stimuler tant soit peu.
    – Que faire alors ? que faire ? demanda miss Ophélia.
    – Vous soulevez là une grave question, cousine, et je souhaite que vous arriviez à la résoudre. Que faire, en effet, d’un être humain gouverné seulement par le bâton, – si le bâton fait défaut ? – et chez nous cet état de choses est des plus ordinaires.
    – Le fait est que je suis à bout ! Jamais je ne vis enfant pareil !
    – Les enfants, et même les hommes et les femmes de cette espèce, sont loin d’être rares ici. Comment les gouverner ? dit Saint-Clair.
    – C’est plus que je ne puis dire ! soupira miss Ophélia.
    – Je n’en sais pas plus que vous. Les cruautés horribles, les atrocités qui, de temps à autre, se font jour dans les gazettes, – les incidents du genre de celui de Prue, par exemple, – d’où

Weitere Kostenlose Bücher