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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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courant.
    – À toi de jeter les dés, » dit Alfred, et les deux frères, absorbés dans leur partie, n’en furent tirés que lorsque le galop des chevaux se fit entendre.
    « Ah ! voici les enfants, s’écria Augustin, et il se leva. Regarde donc, Alfred, as-tu jamais rien vu d’aussi beau ?
    C’était, en effet, un spectacle radieux, Henrique, avec son front hardi, ses abondantes boucles lustrées, ses joues écarlates, riait gaiement, penché vers sa belle cousine, comme ils arrivaient : Éva portait une amazone bleu de ciel, un chapeau de même nuance, et l’exercice, en colorant ses jours de leurs teintes les plus éclatantes, faisait ressortir l’admirable harmonie de sa peau blanche et transparente, et de ses cheveux à reflets d’or.
    « Par le ciel, quelle éblouissante et parfaite beauté ! s’écria Alfred. Je te le déclare, Augustin, elle blessera plus d’un cœur avant qu’il soit longtemps.
    – Trop vrai, peut-être, hélas ! – Dieu sait si je le redoute ! » murmura Saint-Clair avec une soudaine amertume ; et, s’élançant au bas des degrés, il courut enlever sa fille de dessus la selle.
    « Éva, chérie ! n’es-tu pas trop fatiguée ? demanda-t-il, comme il l’emportait dans ses bras.
    – Non, papa, dit l’enfant. Mais sa respiration courte et bruyante alarma son père.
    – Comment peux-tu galoper si fort, quand tu sais que cela ne t’est pas bon ?
    – J’étais si bien, papa, et je m’amusais tant, que je n’ai songé à rien. »
    Saint-Clair la porta jusqu’au salon, où il la déposa sur un sofa.
    « Henrique, il faut prendre un peu plus garde à ta cousine ; tu l’as menée trop vite.
    – Je vais en avoir bien soin, dit le jeune garçon, confiez-la moi ; » et, s’asseyant près du sofa, il prit la main de la petite fille.
    Bientôt Éva se sentit mieux : son père et son oncle retournèrent à leur partie, et les enfants furent laissés ensemble.
    « Si vous saviez, Éva, je suis si fâché que papa ne demeure ici que deux jours ! Je vais être après cela si longtemps sans vous voir ! Si je restais avec vous, je tâcherais d’être bon, de ne plus quereller Dodo, ni personne. Ce n’est pas que j’aie la moindre envie de le maltraiter ; non vraiment ! Je suis trop vif, voilà tout. D’ailleurs, je ne suis point mauvais pour lui : je lui donne un picayune par-ci par-là. Vous voyez qu’il est bien vêtu. – Allez, tout compté, Dodo est un heureux garçon.
    – Seriez-vous heureux, Henrique, s’il n’y avait pas une seule créature près de vous qui vous aimât ?
    – Moi ! – non ; cela va sans dire.
    – Et vous avez enlevé Dodo à tous les amis qu’il avait jamais eus ! Il ne voit plus maintenant une seule personne qui l’aime ; – comment pourrait-il être bon ?
    – Eh bien, que voulez-vous que j’y fasse, cousine ? – Je ne puis acheter sa mère, pas plus que me mettre à l’aimer, moi, ou personne autre, que je sache.
    – Pourquoi pas vous ? dit Éva.
    – Moi, aimer Dodo ! Éva, y songez-vous ? Je peux le trouver gentil et le protéger, à la bonne heure. Mais vous, est-ce que vous aimez vos gens ?
    – Oui, vraiment, dit Éva.
    – Quelle drôle d’idée !
    – La Bible ne nous dit-elle pas de nous aimer les uns les autres ?
    – Oh, la Bible ! la Bible dit tant de choses ! mais personne ne s’en inquiète. – Vous le savez-bien, Éva. Qui est-ce qui songe à faire ce qu’il y a dans la Bible ? »
    Éva demeura muette quelques minutes ; ses yeux restèrent fixes et rêveurs.
    « Quoi qu’il en soit, dit-elle enfin, cher cousin, aimez le pauvre Dodo, et soyez bon avec lui pour l’amour de moi.
    – J’aimerais qui que ce fût, quoi que ce soit, pour l’amour de vous, chère cousine ; et je pense, du fond de l’âme, que vous êtes bien la plus charmante, la plus gentille créature que j’aie jamais vue ! » Henrique parlait avec une ardeur qui empourpra son charmant visage. Éva accueillit ces paroles, sans qu’il se fit le moindre changement sur sa calme et angélique figure, et elle répondit avec une parfaite simplicité :
    « Merci, cher cousin, de ce que vous me dites là. – J’espère, je crois que vous vous rappellerez ma prière. »
    La cloche du dîner, en sonnant, mit fin au tête à tête.

CHAPITRE XXV

Sinistres présages.

Deux jours après, Alfred et Augustin Saint-Clair se séparèrent. Éva, que la compagnie de son cousin entraînait à des

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