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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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Henrique s’avança, prit les rênes des mains du petit groom, regarda attentivement le cheval, et son front se rembrunit aussitôt.
    « Qu’est ceci, Dodo, petit chien de paresseux ? tu n’as pas étrillé l’animal ce matin !
    – Si fait, maître, répondit le mulâtre avec soumission. C’est lui-même qui s’est encore sali.
    – Tais-toi, drôle ! dit Henrique avec violence, en levant sa cravache. Comment oses-tu ouvrir la bouche ? »
    Le groom était un joli mulâtre aux yeux brillants, juste de la taille d’Henrique, et ses cheveux bouclés encadraient un front haut et fier. Le sang des blancs qui bouillait dans ses veines colora tout à coup sa joue, et fit éclater son œil, comme il commençait vivement à dire :
    « Maître Henrique !… »
    Henrique lui cingla un coup de cravache à travers la face, le prit par le bras, le força à se mettre à genoux, et le battit jusqu’à en être hors d’haleine.
    « Là, impudent chien ! je t’apprendrai à riposter ! Emmène ce cheval, et qu’il soit nettoyé comme il faut. Je te remettrai à ta place, entends-tu !
    – Jeune maître, reprit Tom, je me doute de ce qu’il allait dire ; le cheval s’est roulé par terre au sortir de l’écurie. C’est si jeune ! si fougueux ! – Voilà comment la bête s’est éclaboussée ; je l’avais vu panser au matin.
    – Retiens ta langue, toi, jusqu’à ce qu’on te parle ; » et Henrique, tournant sur le talon, monta les degrés pour aller rejoindre Éva, déjà toute prête en habit de cheval.
    « Chère cousine, pardon si cet imbécile me force à vous faire attendre un moment. Asseyons-nous là. Il ne saurait tarder. Mais qu’y a-t-il, cousine ? vous avez l’air tout fâché.
    – Comment pouvez-vous être si cruel, si méchant, avec ce pauvre Dodo ? dit Éva.
    – Cruel ! – méchant ! reprit le jeune garçon, et sa surprise n’avait rien de joué. Que voulez-vous dire, chère Éva ?
    – Ne m’appelez pas « chère Éva » quand vous agissez ainsi.
    – Mais, chère cousine, vous ne connaissez pas Dodo ; il n’y a pas deux façons de le conduire ; il n’en finit jamais d’excuses et de mensonges. Il faut le mater tout d’abord, – ne pas lui laisser ouvrir la bouche. – Papa n’agit pas autrement.
    – L’oncle Tom a dit que c’était un simple accident, et il ne dit jamais que la vérité.
    – C’est un prodige de vieux nègre alors. Dodo dit autant de mensonges, lui, que de paroles.
    – Il ment, parce que vous l’effrayez. C’est lui enseigner le mensonge, que le traiter comme vous faites !
    – Si vous prenez si fort le parti de Dodo, Éva, vous allez me rendre jaloux.
    – Vous l’avez frappé sans qu’il eût rien fait pour être battu…
    – Un petit arriéré soldé. C’est pour toutes les fois qu’il mérite d’être rossé, sans que je le batte. Quelques bons coups de fouet sont toujours de mise avec Dodo. C’est, je vous l’assure, un franc vaurien. Mais, allons, puisque cela vous contrarie, je ne le frapperai plus jamais devant vous. »
    Éva était loin d’être contente, mais elle sentit qu’elle essaierait en vain de se faire comprendre de son beau cousin.
    À l’instant reparut le petit mulâtre amenant les deux chevaux.
    « À merveille, Dodo : cette fois tu t’en es tiré fort joliment, dit son jeune maître d’un air gracieux. Approche, et tiens le poney de miss Éva, pendant que je l’aide à le monter. »
    Dodo se tint debout devant le cheval d’Éva ; mais sa figure était bouleversée, et à ses yeux on voyait assez qu’il avait pleuré.
    Henrique se piquait de galanterie et d’adresse ; il eut bientôt mis sa belle cousine en selle, et réunissant les rênes, il les lui présenta.
    Mais Éva se penchait du côté où se trouvait Dodo, et comme le petit mulâtre venait de lâcher la bride, elle lui dit :
    « Vous êtes un bon garçon, Dodo ; – grand merci ! »
    Dodo, ébahi, regarda cette douce figure, ses joues se colorèrent et les larmes lui vinrent aux yeux.
    « Ici, Dodo ! » cria son maître d’un ton impérieux.
    Le mulâtre s’élança, et tint le cheval arabe pendant que son maître le montait.
    « Voilà un picayune pour toi, Dodo ; va l’acheter du sucre candi ; va ! »
    Et Henrique s’éloigna au petit galop avec Éva. Dodo suivit longtemps des yeux les deux enfants. De l’un, il avait reçu de l’argent ; de l’autre, ce qui manquait le plus, ce dont il

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