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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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Saint-Clair.
    – Cousin, dit-elle, il faudrait venir. »
    Ces mots tombèrent sur le cœur de Saint-Clair comme les mottes de terre sur un cercueil… Pourquoi ?… Debout à l’instant même, il est au chevet du lit, il se courbe sur Éva : – Éva dort.
    Qu’a-t-il vu, que le battement de son cœur s’arrête ? Pourquoi pas un mot échangé entre eux ? Tu le peux dire, toi qui as vu la même expression sur la face qui t’était la plus chère ! – l’aspect qu’aucun mot ne décrit, qui n’admet aucun doute, qui tue l’espoir, et crie si haut : Le bien-aimé ne t’appartient plus !
    Rien d’effrayant n’était empreint sur ce doux visage. – Non ; c’était une expression noble, presque sublime ; – était-ce l’ombre diaphane des ailes brillantes des anges ? – était-ce l’aube radieuse de l’éternité dans cette âme enfantine ?
    Ils la contemplaient muets, immobiles : un tel silence ! le tic-tac de la montre semblait trop fort !
    Au bout de peu de minutes Tom ramena le docteur ; il entra, jeta un coup d’œil sur la malade, et demeura immobile et muet comme eux.
    « À quelle heure à eu lieu ce changement ? murmura-t-il enfin à l’oreille de miss Ophélia.
    – Vers le milieu de la nuit. »
    Marie, réveillée par l’entrée du médecin, accourait effarée.
    « Augustin ! cousine ! oh ! qu’y a-t-il ?… demanda-t-elle vivement.
    – Chut ! dit Saint-Clair d’une voix rauque et basse, elle se meurt ! »
    Mamie comprit, et courut éveiller les domestiques. En moins de rien, toute la maison fut sur pied. – Les lumières allaient, venaient ; des pas se faisaient entendre, des visages bouleversés se pressaient sous la véranda. Tous regardaient, les yeux en pleurs, à travers les portes vitrées : – Saint-Clair n’entendait rien, ne disait rien ; il ne voyait plus que cet aspect irrévocable sur les traits de l’enfant endormie.
    « Oh ! si elle s’éveillait ! si elle parlait encore une fois, une fois encore ! » Et, courbé sur elle, il murmura à son oreille ; « Éva, chérie ! »
    Les larges yeux bleus se sont ouverts, – un sourire a passé, – elle essaye de soulever sa tête ; – elle veut parler.
    « Me connais-tu, Éva !
    – Cher papa ! » Et, par un suprême effort, elle entoura le cou de Saint-Clair d’un bras défaillant qui retomba aussitôt. Lorsqu’il releva la tête, il vit sur ce visage bien-aimé le spasme de l’agonie. – Elle luttait pour respirer, – elle agitait ses petites mains.
    « Oh ! Dieu, c’est affreux ! » s’écria-t-il, se détournant avec angoisse, et tordant la main de Tom sans savoir ce qu’il faisait : « Oh ! Tom, mon garçon ! ah ! cela me tue ! »
    Tom pressait entre les siennes les deux mains de son maître ; les larmes ruisselèrent de ses yeux levés au ciel ; il cherchait l’aide là-haut, d’où il l’attendait toujours.
    « Prie que ce soit court ! murmura Saint-Clair. – C’est une horrible torture.
    – Oh ! béni soit le Seigneur ! c’est passé, – c’est fini ! cher maître, regardez ! »
    L’enfant palpitante restait renversée sur ses oreillers à demi pâmée : – ses grands yeux limpides et fixes tournés en haut. – Ah ! que disaient ces yeux qui parlaient tant du ciel ? La terre et ses souffrances avaient fui ; mais l’éclat triomphant de ce visage était si solennel, si mystérieux, qu’il réprimait jusqu’aux sanglots de la douleur. Tous se serraient autour d’elle dans un silence sans souffle.
    « Éva ! » dit doucement Saint-Clair.
    Elle n’entendit pas.
    « Ô Éva ! dis-nous ce que tu vois ? que vois-tu ? » s’écria son père.
    Un brillant, un glorieux sourire illumina toute sa figure, et elle dit en mots entrecoupés : « Ô amour, – joie, – paix ! » Puis un soupir, et elle avait passé de la mort à la vie.
    Adieu, enfant bien-aimée ! les portes brillantes, les portes éternelles sont closes sur toi. Nous ne reverrons plus ton doux visage ! Malheur à ceux qui l’ont vue entrer aux cieux lorsqu’ils se réveilleront, pour ne plus trouver que le jour terne et gris de la terre, et toi, sa lumière, à jamais éclipsée !

CHAPITRE XXVIII

Voici la fin de ce qui est terrestre.

JOHN QUINCY ADAMS.
    Dans la chambre d’Éva, les statuettes et les tableaux sont voilés de blanc : des pas assourdis, des souffles étouffés en troublent seuls le silence solennel ; un demi jour pâle pénètre

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