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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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vous ! – et toi, Mamie ! – chère bonne Mamie ! Et elle jeta avec transport ses bras autour du cou de sa vieille nourrice. – Tu y viendras aussi, toi !
    – Oh ! miss Éva, comment, pauvre vieille Mamie, pouvoir vivre quand vous serez plus là ! dit la fidèle créature. Tout sera parti, – maison vide, – plus rien ! » Et la pauvre nourrice s’abandonna à un transport de douleur.
    Miss Ophélia la poussa doucement avec Tom hors de la chambre, et elle les croyait tous partis lorsqu’en se retournant elle aperçut Topsy debout.
    « Eh ! d’où sortez-vous ? se récria-t-elle surprise.
    – Moi, être là tout le temps, dit Topsy chassant de son mieux les larmes qui obscurcissaient sa vue. Oh ! miss Éva, moi avoir été bien méchante ! mais voudrez-vous pas en donner une aussi à moi ?
    – Oui, pauvre Topsy ! oui, je le veux. Tiens, voilà ! – Chaque fois que tu la regarderas, pense que je t’aime, et que j’ai tant d’envie que tu sois bonne fille.
    – Oh ! miss Éva ! moi, tâche tant que je peux : mais, Seigneur ! c’être si difficile se faire bon ! – pas habituée du tout, – sais pas m’y prendre !
    – Jésus te voit, Topsy ; il te plaint ; il t’aidera. »
    Topsy, la figure couverte de son tablier, passa silencieuse devant miss Ophélia ; elle avait déjà caché dans son sein la précieuse boucle.
    Tous étaient sortis ; miss Ophélia ferma la porte. Elle avait pleuré plus d’une fois durant cette scène ; mais ce qui la préoccupait surtout, c’étaient les suites de cette vive excitation pour sa chère petite malade.
    Saint-Clair était demeuré assis tout le temps, la main devant ses yeux, dans la même attitude. Après le départ des domestiques, il ne bougea pas davantage.
    « Papa ! » dit doucement Éva, posant sa main sur la sienne.
    Il tressaillit et frissonna sans répondre.
    « Cher papa !
    –  Je ne le puis ! s’écria-t-il en se levant. Non ! cela ne se peut pas ! Le Tout-Puissant me frappe sans pitié. » Le ton était plus âpre encore que les paroles.
    « Augustin ! Dieu n’a-t-il pas le droit de faire ce qu’il veut des siens ? dit miss Ophélia.
    – Peut-être ; mais ce n’en est pas plus aisé à supporter. » Le ton de Saint-Clair était sec, dur ; c’était une douleur poignante et sans larmes.
    « Papa, vous me brisez le cœur ! s’écria Éva, se redressant et se jetant dans ses bras. Il ne faut pas, il ne faut pas ! » L’enfant sanglotait et pleurait avec une violence qui les alarma tous. À l’instant les pensées de son père prirent un autre cours.
    « Là, Éva, – là, ma chérie ! paix, paix ! j’avais tort ; j’ai mal fait : je me repens. – Je sentirai, je parlerai comme tu voudras ; – calme-toi seulement ; ne pleure plus. Je serai résigné. »
    Comme une colombe fatiguée, Éva resta blottie dans le sein de son père qui, penché sur elle, cherchait à la calmer par les plus tendres, les plus caressantes paroles.
    Marie se leva, s’élança hors de la pièce, et alla tomber chez elle, en proie aux attaques de nerfs.
    « Et, à moi, Éva, dit le père souriant avec tristesse, tu ne m’as pas donné une boucle ?
    – Ne sont-elles pas toutes à vous, papa ? à vous et à maman ? répondit-elle avec un sourire. Vous en laisserez prendre à tante autant qu’elle en voudra. Si je les ai données moi-même à nos pauvres gens, c’est que, voyez-vous, papa, ils pourraient être oubliés quand je serai partie ! C’est aussi pour les aider à se rappeler… Vous, papa, vous êtes chrétien, n’est-ce pas ? dit Éva avec un léger doute.
    – Pourquoi me le demandes-tu ?
    – Je ne sais. Vous êtes si bon que vous ne pourrez vous empêcher d’être chrétien.
    – Mais, qu’est-ce qu’être chrétien, Éva ?
    – C’est aimer le Christ par-dessus tout.
    – Et tu l’aimes ainsi, Éva ?
    – Oh ! oui, certainement !
    – Tu ne l’as pourtant jamais vu ?
    – Qu’est-ce que cela fait ? dit Éva. Je crois en lui, et je le verrai bientôt ! » Le jeune visage rayonna de joie et d’espoir.
    Saint-Clair se tut ; il avait connu chez sa mère cette même ferveur de foi ; mais en lui nul sentiment ne vibrait à l’unisson.
    À partir de ce moment, le déclin fut rapide. Il n’y avait plus la possibilité d’un doute, et les plus ardentes espérances n’auraient pu s’aveugler. La ravissante retraite d’Éva était devenue une chambre de

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