Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
Vom Netzwerk:
à se faire gracieux ; et l’approche de la plantation, dont l’enceinte commençait à paraître, achevait de le bien disposer. La propriété avait d’abord appartenu à un homme bien né, riche et plein de goût, qui avait mis beaucoup d’argent aux embellissements et améliorations ; mais il était mort insolvable, et Legris s’était porté acquéreur, ne voyant là, comme en toute autre chose, qu’un moyen de plus de gagner de l’argent. L’habitation avait ce triste aspect de délaissement, de désordre, suite habituelle de l’abandon des plans d’un premier propriétaire.
    Ce qui avait été jadis une pente de gazon ras et uni au-devant de la façade, pelouse ornée çà et là de bouquets de fleurs et d’arbustes, n’était plus qu’une jachère, où se dressaient de place en place des poteaux pour attacher les bêtes. Tout autour l’herbe était foulée, et la terre dénudée, était couverte de vieux baquets, de seaux brisés et d’autres débris. Un jasmin demi mort, un chèvrefeuille flétri, se suspendaient encore à quelques colonnettes, légers ornements dégradés, hors d’aplomb, pour avoir servi de piquets à attacher les chevaux. À travers les flots de mauvaises herbes, sous lesquelles le jardin était enseveli, pointaient un petit nombre de plantes exotiques, plus vivaces que les autres, qui semblaient protester contre leur abandon. Ce qui avait été une serre, maintenant sans vitres ni châssis, étalait, sur des restes de gradins, quelques pots à fleurs garnis de baguettes, dont le feuillage desséché attestait qu’autrefois les bâtons avaient été des plantes.
    Le chariot roula sur une allée de cailloutage entremêlé de mauvaises herbes, sous la noble avenue ombragée d’arbres de la Chine, dont les formes gracieuses et le feuillage toujours vert semblaient seuls prospérer au milieu de la décadence universelle ; comme la droiture, la bonté, enracinées dans de grandes et nobles âmes, fleurissent et s’affermissent au milieu des souffrances et des découragements.
    La maison, qui avait été belle et spacieuse, était construite sur un plan assez ordinaire dans les États du Sud : une véranda, à deux étages (le premier, supporté par des piliers de briques), entourait l’édifice, et chaque pièce ouvrait sur ces larges galeries. Mais partout régnait le même aspect de délabrement et d’abandon. Quelques fenêtres étaient bouchées par des planches ; les vitres des autres étaient brisées ; les volets pendaient aux murailles, retenus par un seul gond. La négligence, la désolation frappaient de tous côtés les yeux.
    Le terrain était jonché d’immondices de tous genres : bois, paille, tonnes défoncées, caisses en pièces. Trois ou quatre féroces boule-dogues, excités par le bruit des roues, accoururent gueules béantes, et les efforts d’un petit nombre d’esclaves en guenilles qui les suivaient, suffirent à peine pour les empêcher de se jeter sur la bande dont Tom faisait partie.
    « Hein ! voyez-vous, mes drôles ! s’écria Legris, se retournant vers eux, tout en caressant ses chiens avec une hideuse satisfaction, vous voyez ce qui vous attend, s’il vous prenait fantaisie de gagner au large ! Ces bons gardiens-là, savez-vous ? sont dressés à chasser au nègre, et se régaleraient d’un de vous comme du meilleur souper. Ainsi, gare à votre peau !
    « – Eh bien ! Sambo, dit-il à un noir couvert de haillons, dont le chapeau était complètement dépourvu de bord, et qui se montrait fort obséquieux autour de lui ; comment les choses ont-elles marché par ici ? hein ?
    – À ravir, maît’.
    – Quimbo ! cria Legris à un autre, qui se morfondait en efforts pour attirer son attention, a-t-on fait ce que j’avais dit ?
    – Pas de danger qu’on y manque, maît ! »
    Ces deux hommes étaient les principaux agents de Legris sur sa plantation, et il les avait systématiquement dressés à la brutalité, à la cruauté, comme ses boule-dogues, avec lesquels ils pouvaient rivaliser de férocité. La remarque, assez générale, que le commandeur nègre est plus tyrannique et plus cruel que le blanc, signifie simplement que l’un a été plus avili, plus maltraité que l’autre. Peu importe la couleur ou la race, tout esclave sera le pire des tyrans dès qu’il aura chance de l’être.
    Comme quelques-uns des potentats dont nous lisons l’histoire, Legris divisait pour régner. Sambo et Quimbo se

Weitere Kostenlose Bücher