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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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feront bien de gagner le lac ; le plus tôt sera le mieux.
    – C’est probablement ce qu’ils comptent faire ; et la tante Dorcas continua paisiblement à tricoter.
    – Écoutez bien, dit Tom ; nous avons des correspondants à Sandusky, qui visitent les bateaux pour nous, je vous en avertis. Ma foi tant pis ! – J’espère qu’ils se sauveront, quand ça ne serait que pour faire enrager ce chien de Marks, – le maudit lâche ! – Dieu le damne !
    – Thomas ! Thomas ! se récria tante Dorcas.
    – Je vous dis, bonne maman, que si vous bouchez la bouteille trop fort, elle craque, et moi de même ! Mais, pour en revenir à la fille, dites-lui de se déguiser. Ils ont son signalement là-bas à Sandusky.
    – Nous y veillerons, » dit Dorcas avec son calme caractéristique.
    Avant de prendre congé de Tom Loker, nous devons ajouter qu’après trois semaines passées dans la maison quaker, malade d’une fièvre rhumatismale, qui s’était jointe à tous ses autres maux, Tom se releva un tant soit peu plus triste et plus sage. Renonçant à traquer les esclaves, il s’établit dans une colonie nouvelle, où ses talents se développèrent de la façon la plus heureuse ; chassant et prenant au piège nombre de loups, d’ours et autres habitants des forêts, il se fit un véritable renom dans toute la contrée. Lorsqu’il parlait des quakers, c’était toujours avec estime : « De braves gens ! disait-il ; ils auraient voulu me convertir, mais il y avait toujours quelque chose qui clochait. Par exemple, ils n’ont pas leurs pareils pour soigner un malade ! Quel fameux bouillon ! et quelles bonnes petites broutilles, pour vous remettre en appétit ! »
    D’après les renseignements donnés par Tom, les fugitifs jugèrent prudents de se séparer. Jim et sa vieille mère partirent des premiers. Une ou deux nuits après, Georges, sa femme et son enfant furent conduits à Sandusky, et logés sous un toit hospitalier, en attendant qu’ils s’embarquassent le lendemain sur le lac.
    La nuit touchait au matin, et l’étoile de la liberté brillait maintenant devant eux. Liberté ! mot électrique. Qu’es-tu donc ? N’y a-t-il en toi qu’un nom, qu’une figure de rhétorique ?
    Pourquoi, Américains, le sang de votre cœur bouillonne-t-il à ce mot ? ce mot, pour lequel vos pères sont morts, pour lequel vos mères, encore plus courageuses, consentirent à voir mourir les meilleurs et les plus nobles de leurs fils ?
    Ce qui est cher et glorieux pour une nation, n’est pas moins cher et moins glorieux pour un homme ! Qu’est-ce que la liberté d’un peuple, sinon la liberté des individus qui le composent ? Qu’est-ce que la liberté pour ce jeune homme, assis là, les bras croisés sur sa large poitrine, la teinte du sang africain sur ses joues, son feu sombre dans les yeux, – qu’est-ce que la liberté pour Georges Harris ? Pour vos pères, la liberté était le droit qu’a toute nation d’être une nation. Pour lui, c’est le droit qu’a tout homme d’être un homme, non une brute : le droit d’appeler la femme de son choix, sa femme, et de la défendre contre d’injustes violences ; le droit de protéger et d’élever son enfant ; le droit d’avoir une demeure à soi, une religion à soi, un caractère à soi, indépendants de la volonté d’un autre. Toutes ces pensées fermentaient dans l’esprit de Georges, tandis que, la tête appuyée sur sa main, il regardait sa femme svelte et délicate, revêtir à la hâte les vêtements d’homme, dont il avait été jugé nécessaire qu’elle s’affublât pour le départ.
    « Maintenant, il faut s’exécuter, dit-elle, tandis que, debout devant la glace, elle détachait et secouait les noires et soyeuses ondes de son abondante chevelure. C’est presque dommage, n’est-ce pas, Georges ? et elle en souleva quelques boucles ; c’est pitié qu’il faille tout couper ! »
    Georges sourit tristement et ne répondit pas.
    Les ciseaux brillants se firent jour dans l’épaisse forêt, et les longues mèches tombèrent l’une après l’autre.
    « Là ! voilà qui est fait ! dit-elle en prenant la brosse ; encore quelques touches de fantaisie et ce sera complet. Ne suis-je pas un gentil garçon ? elle se tourna vers son mari, riant et rougissant à la fois.
    – Tu seras toujours jolie, quoi que tu fasses, dit Georges.
    – Qu’est-ce qui te rend si pensif ? demanda Élisa, mettant un genou en

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