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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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terre devant lui et posant sa main sur la sienne. Nous ne sommes plus, dit-on, qu’à vingt-quatre heures du Canada. Un jour et une nuit sur le lac, et puis, – et puis !
    – Ô Élisa ! et Georges l’attira vers lui ; c’est là ce qui me serre le cœur ! Maintenant tout notre sort se concentre sur un point. Arriver si près, – être en vue, et tout perdre ! Je n’y survivrais pas, Élisa.
    – Ne crains rien, reprit-elle, le cœur plein d’espoir. Le Seigneur, dans sa bonté, ne nous eût pas conduits ici s’il ne voulait nous protéger jusqu’au bout. Il me semble le sentir près de nous, Georges.
    – Tu es une femme bénie, Élisa ! et Georges l’étreignit dans ses bras convulsivement. Mais, dis-moi, se peut-il que cette immense faveur nous soit accordée ? Ces longues années de souffrance et de misère vont-elles donc finir ? – Serons-nous libres ?
    – J’en suis sûre, Georges, dit Élisa, les yeux levés au ciel, tandis que des larmes d’espérance et d’enthousiasme brillaient sur ses longs cils. Je sens qu’aujourd’hui même Dieu va nous affranchir.
    – Je te crois ; je veux te croire, Élisa ! s’écria Georges en se levant. Allons, il faut partir. Il l’éloigna de la longueur de son bras, et la regardant avec admiration : C’est vrai que tu fais un gentil petit homme. Ces boucles courtes te vont à ravir ! Mets ta casquette, – ainsi – un peu de côté. Je ne t’ai jamais vue si jolie. Mais la voiture devrait être ici. Je pense que madame Smith aura équipé Henri. »
    La porte s’ouvrit, et une respectable dame d’un certain âge entra, conduisant le petit garçon, habillé en fille.
    « Quelle belle fillette cela fait ! dit Élisa en le faisant tourner pour le mieux voir, Nous l’appellerons Henriette, n’est-ce pas ? ce nom lui sied si bien ! »
    L’enfant regardait d’un air grave l’étrange et nouvel accoutrement de sa mère. Il se taisait, poussait de profonds soupirs, et l’examinait à travers les éclaircies de ses boucles noires.
    « Est-ce que Henri ne reconnaît plus maman ? » dit Élisa, et elle lui tendit les deux mains.
    L’enfant se serra timidement contre la dame.
    « Allons, Élisa, pourquoi essayer de l’apprivoiser, quand tu sais qu’il faut le tenir à distance ?
    – Je sais que c’est un enfantillage, mais je ne puis endurer qu’il m’évite. Partons. Où est mon manteau ? Ah ! le voilà ! – Comment les hommes s’y prennent-ils pour mettre leurs manteaux, Georges ?
    – Porte-le ainsi ! » et il le lui jeta sur les épaules.
    Élisa imita son mouvement. « Ne me faudra-t-il pas frapper du pied, faire de longues enjambées, et tâcher d’avoir l’air hardi ?
    – Ne t’y exerce pas, dit Georges. On rencontre, de temps à autre, un jeune homme modeste, et il te sera plus facile de prendre ce rôle-là.
    – Ah ! quels gants ! se récria Élisa. Miséricorde ! mes mains s’y perdent tout à fait.
    – Je te conseille de ne les pas ôter, dit Georges, ta petite menotte effilée nous trahirait tous. – Maintenant, madame Smith, vous voyagez avec nous, et vous êtes notre tante, – ne l’oubliez pas !
    – J’ai ouï dire, reprit madame Smith, que des gens étaient descendus au lac pour signaler à tous les capitaines de paquebots un homme et une femme, avec un petit garçon.
    – Vraiment ! dit Georges. Eh bien, si nous les rencontrons, nous en donnerons avis là-bas. »
    La voiture était à porte, et la digne famille qui avait reçu les fugitifs se pressait autour d’eux pour leur dire adieu.
    Madame Smith, qui habitait précisément au Canada, l’endroit même où se rendait Georges, et qui était à la veille de son départ, avait consenti à passer pour la tante du petit Henri. Afin de familiariser l’enfant avec cette nouvelle parente, on le lui avait confié pendant deux jours ; beaucoup de caresses et une quantité considérable de gâteaux et de sucre candi, avaient cimenté une étroite liaison entre la bonne dame et sa prétendue nièce.
    La voiture arriva au quai. Les deux jeunes gens, ou du moins ceux qui passaient pour tels, franchirent la planche, et entrèrent dans le bateau, Élisa donnant galamment le bras à madame Smith, et Georges s’occupant des bagages.
    Il alla ensuite au bureau du capitaine : pendant qu’il réglait le prix de la traversée, il entendit deux hommes parler à son coude.
    « J’ai examiné une à une toutes les personnes qui sont

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