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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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venues à bord, disait l’un, et je réponds qu’ils ne sont pas ici. – La voix était celle du commis du paquebot ; il s’adressait à notre ancien ami Marks, qui, avec sa louable et habituelle persévérance, était venu jusqu’à Sandusky, flairant sa proie.
    – Vous auriez peine à distinguer la femme d’une blanche, dit ce dernier. Le mulâtre est aussi d’une nuance très-claire ; une de ses mains a été marquée au fer rouge. » La main que Georges avançait pour recevoir les billets et la monnaie trembla un peu ; mais il se retourna froidement, fixa d’un œil indifférent celui qui parlait, et se dirigea à pas lents vers l’autre extrémité du bateau, où l’attendait Élisa.
    Madame Smith et le petit Henri s’étaient réfugiés dans la chambre des dames, où la sombre et frappante beauté de la prétendue petite fille leur attirait force compliments.
    La cloche donna le signal du départ, et Georges eut la satisfaction de voir Marks repasser la planche et gagner le rivage. Quand la marche du bateau eut mis entre eux une distance infranchissable, il poussa un soupir d’allégement.
    Le jour était superbe ; les vagues bleues du lac Érié scintillaient et dansaient au soleil ; une fraîche brise soufflait du rivage, et le majestueux bateau sillonnait vaillamment le champ d’azur.
    Oh ! quel monde inédit contient un cœur humain ! Tandis que Georges se promenait, calme, sur le pont, son timide compagnon à ses côtés, qui se fut douté de tout ce qui brûlait au-dedans de lui ? Le bonheur qui approchait semblait trop grand, trop beau, pour devenir jamais une réalité : il ressentait à chaque instant une vague terreur de ce qui pourrait survenir et le lui arracher.
    Cependant le bateau avançait rapidement ; – les heures fuyaient, et la bienheureuse rive anglaise apparut enfin claire et distincte : rive enchantée par un tout-puissant talisman, dont le seul contact dissout la noire magie de l’esclavage, et dissipe ses conjurations, en quelque langue qu’elles aient été prononcées, quel que soit le pouvoir qui les confirme.
    Le mari et la femme, debout, se tenaient par le bras au moment où le bateau approchait de la petite ville d’Amherstberg, en Canada. La respiration de Georges devint courte et pressée ; un brouillard s’amassa devant ses yeux ; il pressa en silence la petite main qui tremblait dans la sienne. La cloche sonnait : le bateau aborda. Sachant à peine ce qu’il faisait, il réunit les bagages et rassembla ses compagnons. Le petit groupe fut mis à terre.
    Ils restèrent immobiles jusqu’à ce que le bateau se fût éloigné. Se jetant alors dans les bras l’un de l’autre, le mari, la femme, et l’enfant étonné, tombèrent à genoux, et élevèrent leurs cœurs à Dieu !

    C’était – c’était passer de la mort à la gloire,

    Et du funèbre glas à des chants de victoire ;

    C’était du noir péché, l’empire anéanti,

    Et des luttes du mal, l’esprit libre sorti ;

    La chaîne de la mort et de l’enfer brisée,

    Le mortel revêtu de l’immortalité,

    Et la miséricorde, au seuil de l’Élysée,

    Criant : Soyez heureux durant l’Éternité !
    Madame Smith les conduisit à la demeure hospitalière d’un bon missionnaire, que la charité chrétienne a placé là, comme le pasteur des brebis errantes qui viennent sans cesse chercher un asile sur ce rivage.
    Qui pourrait dire la plénitude de joie de ce premier jour de liberté ? Ce sens de la liberté n’est-il pas plus précieux, plus noble, qu’aucun des cinq autres ? Agir, parler, respirer, sortir, rentrer, sans un œil qui vous épie, affranchi de tout danger ! Qui pourrait narrer le bien-être de ce repos descendu enfin sur la couche de l’homme libre, protégé par des lois qui lui assurent les droits que Dieu a donnés à tout homme ? Combien le visage de ce cher enfant endormi apparaissait à sa mère plus beau à travers le souvenir des mille dangers qu’il avait courus ! Quelle impossibilité de dormir en pleine possession de tant de bonheur ! Et cependant ces deux réfugiés n’avaient pas un pouce de terre, pas un toit où s’abriter ! ils avaient dépensé jusqu’à leur dernier dollar ; il ne leur restait plus rien que les oiseaux de l’air et les fleurs des champs, – et, dans l’excès de leur joie, ils ne pouvaient dormir.
    Ô vous qui enlevez la liberté à l’homme, quelles paroles trouverez-vous pour vous justifier devant

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