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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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parleras-tu ? – Ne penses-tu pas comme moi ?
    – Des rats peuvent-ils monter l’escalier, traverser le corridor, ouvrir une porte fermée en dedans, et contre laquelle on a mis une chaise ? Peuvent-ils marcher, marcher pas à pas, droit à votre lit, et poser la main sur vous… ainsi ? »
    Les yeux étincelants de Cassy étaient rivés sur ceux de Legris, tandis qu’elle parlait : il restait pétrifié comme dans un cauchemar, jusqu’à ce qu’elle appuyât sa main glacée sur la sienne : alors il fit un bond en arrière et jura.
    « Femme, que prétends-tu dire ? personne ne t’a fait ça !
    – Oh ! non, – personne ; – vous ai-je dit qu’il y eût quelqu’un ? reprit-elle avec un sourire de dérision glacial.
    – Mais… as-tu réellement vu quelque chose ? Voyons, qu’y a-t-il, Cass ? – parle.
    – Il ne tient qu’à vous de le savoir, couchez-y.
    – Ça venait-il du grenier, Cassy ?
    – Ça – quoi ?
    – Eh bien, ce dont tu parles.
    – Je n’ai parlé de rien, dit Cassy avec une sombre amertume. »
    Legris marchait de long en large, d’un air troublé.
    « Je veux aller au fond de cette affaire. J’y verrai cette nuit même. Je prendrai mes pistolets.
    – Faites, dit Cassy ; couchez dans cette chambre. Je voudrais vous y voir ! Faites feu de vos pistolets, – faites ! »
    Legris frappa du pied, et jura avec emportement.
    « Ne jurez pas ! vous ne savez qui peut vous entendre… Chut !… qu’est-ce que cela ?
    – Quoi ? » dit Legris en tressaillant.
    Une vieille horloge hollandaise, qui se dressait dans un coin de la pièce, sonna lentement.
    En proie à une vague terreur, Legris ne parlait ni ne remuait. Debout devant lui, Cassy le regardait de ses yeux étincelants, tout en comptant les coups.
    « Minuit ! dit-elle ; maintenant , nous allons voir ! » Elle ouvrit la porte qui donnait dans le corridor, et prêta l’oreille.
    « Écoutez !… n’entendez-vous pas ?… Elle leva le doigt.
    – C’est le vent, dit Legris. Il souffle comme un enragé.
    – Simon, venez ici, » murmura Cassy, posant sa main sur la sienne, et l’entraînant au bas des marches. Savez-vous ce qu’est cela ?… écoutez ! »
    Un cri aigu retentit le long de l’escalier. Il partait des combles. Les genoux de Legris s’entrechoquèrent. Il devint blême de peur.
    « Ne feriez-vous pas bien d’armer vos pistolets ? dit Cassy avec une ironie qui glaça le sang de l’homme. C’est le moment de voir au fond de cette affaire. Que ne montez-vous ? Ils sont à l’œuvre !
    – Je ne veux pas monter ! reprit Legris avec une imprécation.
    – Pourquoi pas ? il n’y a pas telle chose que des revenants, vous savez ! venez ! – Et Cassy s’élança sur les marches, et se retourna pour voir s’il la suivait : – Venez donc !
    – Je crois que tu es le diable en personne ! Veux-tu bien redescendre, sorcière ! Ici, Cass ! n’y vas pas ! » Mais Cassy, poussant un éclat de rire insensé, montait toujours. Il l’entendit ouvrir la première porte qui conduisait au grenier. La chandelle qu’il tenait à la main s’éteignit, et une violente rafale descendit, apportant avec elle des cris perçants, lamentables, et qui semblaient poussés aux oreilles de Legris. Éperdu de terreur, il regagna la salle. Cassy l’y suivit au bout d’un moment, pâle, calme, impassible comme un esprit vengeur ; dans ses yeux brillait toujours la même lueur sinistre.
    « Vous en avez assez, j’espère ? dit-elle.
    – Que le diable t’étrangle, Cass !
    – Pourquoi ? J’ai monté et fermé les portes, voilà tout. Qu’imaginez-vous donc qu’il y ait dans ce grenier , Simon ?
    – Rien qui te regarde.
    – Soit ! En tout cas, je suis fort aise de ne plus coucher au-dessous. »
    Prévoyant que le vent augmenterait ce même soir, Cassy avait d’avance ouvert la lucarne ; et, dès que la porte avait donné issue au souffle furieux, il avait enfilé l’escalier et éteint la lumière.
    Cassy continua le même jeu jusqu’à ce que Legris en vînt à ce point qu’il eût mieux aimé mettre sa tête dans la gueule d’un lion, que d’explorer le grenier maudit. Cependant, elle s’y rendait chaque nuit, et y accumula peu à peu assez de vivres pour y pouvoir subsister quelques jours. Elle y transporta aussi, à l’heure où tous dormaient, la plus grande partie de sa garde-robe et de celle d’Emmeline. Ces arrangements terminés, elle

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