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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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bourrasques, devenait aigu, perçant, et résonnait aux oreilles effrayées comme des cris d’épouvante et de désespoir.
    Ces sons, entendus de temps à autre par les domestiques, ravivèrent l’ancienne histoire de revenants. Une terreur panique s’empara de toute la maison ; et, quoique personne n’osât en souffler mot à Legris, il se trouva plongé dans une atmosphère de terreur.
    Il n’est pas d’homme plus superstitieux que l’athée. Le chrétien s’assure en sa croyance au Père céleste, sage, tout-puissant, dont la présence remplit le vide, d’ordre et de lumière ; mais, pour celui qui a détrôné Dieu, le monde des esprits n’est réellement, selon les paroles du poète hébreu, que « une région ténébreuse à l’ombre de la mort, » où règne le désordre, et où la lumière n’est qu’obscurité. Pour lui, la mort et la vie sont hantées de fantômes, vagues objets d’horreur et d’effroi.
    L’élément moral, si profondément engourdi chez Legris, s’était réveillé au contact de Tom – réveillé, pour être vaincu par la force enracinée du mal ; mais une prière, une parole, un hymne, comme autant de chocs électriques, faisaient commotion au dedans, et y produisaient un effroi superstitieux.
    L’empire de Cassy sur cet homme était d’une nature étrange. À la fois son possesseur, son tyran, son persécuteur, il la savait complètement en son pouvoir, dans l’impossibilité d’être aidée ou secourue, et cependant elle le dominait ; car l’homme le plus brutal ne saurait vivre en rapports constants avec une femme énergique sans subir son influence. Lorsqu’il l’acheta, elle était encore délicate et distinguée ; il ne se fit aucun scrupule de la fouler aux pieds ; mais à mesure que le temps, l’avilissement, le désespoir eurent endurci le cœur de Cassy et allumé ses mauvaises passions, elle le maîtrisa à son tour, et il la redoutait, tout en la tyrannisant.
    Cette influence était devenue plus fatigante et plus décisive depuis qu’une demi-folie prêtait à ses actes, à ses paroles, un caractère bizarre et surnaturel.
    Un ou deux soirs après le déménagement, Legris était assis dans la vieille salle, devant un feu de bois qui jetait çà et là de douteuses clartés. C’était par une nuit d’ouragan ; – une de ces nuits qui font courir à travers les vieilles maisons désertes des escadrons de bruits étranges et fantastiques. Les fenêtres s’ébranlaient, les persiennes battaient les murs, et le vent, prenant ses ébats, mugissait, grondait, s’engouffrait dans la cheminée, et en chassait la fumée et les cendres, comme les avant-coureurs d’une légion d’esprits. Legris réglait des comptes et lisait les journaux, tandis que Cassy, établie dans un coin, regardait le feu d’un œil morne. Il posa son journal sur la table, et voyant à côté un vieux livre ouvert que Cassy avait lu pendant la soirée, il le prit et le feuilleta. C’était un de ces recueils d’histoires de revenants, d’abominables meurtres, de visions surnaturelles, qui, grossièrement imprimés et enluminés, exercent sur le lecteur une sorte de fascination dès que l’on commence à les lire.
    Legris fit la moue, haussa les épaules, mais continua la lecture page après page, jusqu’à ce qu’il finit par rejeter le livre avec un juron.
    « Tu ne crois pas aux revenants, toi, Cassy ? dit-il en prenant les pincettes et tisonnant le feu. Je te croyais assez de bon sens pour ne pas te laisser effrayer par des bruits.
    – Peu importe ce que je crois, répliqua-t-elle d’un ton âpre.
    – En mer, ils ont plus d’une fois essayé de me faire peur, reprit Legris, avec leurs damnés contes qui n’en finissaient pas ; mais ils n’ont jamais pu y réussir. Je suis un peu trop coriace pour de pareilles fariboles, je t’en avertis. »
    Du fond de son coin sombre, Cassy le regardait avec fixité. Elle avait dans les yeux cette lueur étrange qui impressionnait péniblement Legris.
    « Qu’est-ce, après tout, que ces bruits ? Rien, que les rats et le vent, poursuivit-il. Des rats, à eux seuls, font un vacarme du diable : je les entendais souvent à fond de cale, dans le vaisseau. Quant au vent – Seigneur ! il n’y a pas de son qu’on n’en puisse tirer. »
    Cassy savait que Legris était mal à l’aise sous le feu de ses yeux ; elle ne répondit pas, mais continua d’attacher sur lui son regard fixe et morne.
    « Allons, femme,

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