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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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dispersa.

CHAPITRE X

D’où il appert qu’un sénateur n’est qu’un homme.

La lueur d’un feu joyeux, se reflétant sur les tasses et la brillante théière, éclairait gaiement le foyer et le tapis du riant petit salon où le sénateur Bird tirait ses bottes, avant de glisser ses pieds dans les douillettes pantoufles que, durant la session du Congrès, sa femme venait de lui broder.
    Madame Bird, l’air ravi, tout en surveillant les arrangements de la table, distribuait çà et là quelques avertissements à un tas de petits espiègles lancés dans toutes les gambades et malices folâtres qui, depuis le déluge, étonnent si constamment les mères.
    « Tommy, laisse en paix le bouton de la porte ; – là ! voilà un bon garçon ! – Mary, Mary, ne tire pas la queue du chat : pauvre minet ! – Jim, il ne faut pas grimper sur la table, – non ; du tout, du tout ! – C’est une si bonne surprise pour nous tous de vous avoir là ce soir ! dit-elle enfin à son mari dès qu’elle en trouva le moment.
    – Oui, oui ; j’ai pensé que j’avais juste le temps de venir me reposer une soirée près de vous, et de passer au logis une nuit tranquille Je suis harassé ! j’ai la tête rompue !
    Madame Bird lança un coup d’œil au flacon de camphre que laissait apercevoir une armoire entr’ouverte ; elle se levait, M. Bird l’arrêta.
    – Non, non, Marie, pas de drogues ! une tasse de votre thé, bien chaud, et quelques heures de bien-être au logis, voilà tout ce que je veux. Faire des lois est, ma foi, une rude besogne !
    Et le sénateur sourit, heureux de se considérer comme une victime offerte à la patrie.
    – Eh bien, dit sa femme lorsque ses occupations autour de la table commencèrent à se ralentir, qu’ont-ils donc fait au sénat ? »
    Or, c’était chose inouïe pour la douce petite madame Bird de se troubler la tête des affaires des chambres législatives, ce qui se passait dans les siennes suffisant de reste à l’occuper. M. Bird ouvrit donc de grands yeux, comme il lui répondait : « Rien de bien important.
    – Bon ! alors il n’est pas vrai qu’on ait fait une loi pour défendre de donner à boire et à manger aux pauvres gens de couleur qui passent par ici ? On prétendait qu’il était question de quelque chose de semblable ; jamais législature chrétienne n’adopterait pareille loi !
    – Eh mais, Marie, vous vous lancez dans la politique !
    – Quelle folie ! non, certes, je ne me soucie mie de tous vos longs discours ; mais ce serait là une chose cruelle, impie, vraiment ! et j’espère, mon cher, que rien de ce genre n’a passé.
    – Nous avons sanctionné une loi qui défend de prêter secours aux esclaves fugitifs qui nous viennent du Kentucky, ma chère. Ces fous d’abolitionnistes en ont tant fait que nos frères du Kentucky se sont montés la tête, et il a semblé nécessaire, et non moins sage que chrétien, de faire quelque chose de ce côté de l’Ohio pour calmer l’agitation.
    – Et que dit-elle donc, cette loi ? Elle ne nous défend pas, j’espère, d’abriter une nuit de pauvres créatures, de leur donner un bon repas, quelques vieilles hardes, et de les renvoyer ensuite paisiblement à leurs affaires ?
    – Comment ? mais si, ma chère. Ce serait les aider et se faire leurs complices. »
    Madame Bird était une petite femme de moins de quatre pieds de hauteur, aux doux yeux bleus, au teint de fleur de pêcher, timide, rougissante, à la voix mélodieuse. Quant au courage, on savait que le gloussement d’une dinde l’avait une fois mise en fuite, et un chien de taille moyenne, pour la tenir en respect, n’avait qu’à lui montrer les dents. Son mari, ses enfants, étaient son univers, qu’elle gouvernait par la tendresse et les prières, non par le raisonnement ou l’autorité. Une seule chose pouvait révolter cette nature douce et sympathique ; la moindre apparence de cruauté soulevait en elle une colère inattendue, soudaine, tout à fait hors de proportion avec son tempérament délicat et tendre. C’était bien la mère la plus indulgente, la plus prompte à pardonner, et cependant ses garçons n’avaient garde d’oublier certaine correction, qu’elle leur appliqua pour les avoir trouvés, en compagnie de quelques petits garnements du voisinage, en train de lapider un malheureux petit chat.
    « Vrai, disait l’aîné des fils, j’en garde encore les marques. Mère arriva sur moi comme

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