Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
Vom Netzwerk:
une furieuse, et j’étais fouetté et fourré au lit sans souper, avant d’avoir demandé pourquoi ; puis j’entendis mère pleurer derrière la porte, ce qui me fit plus de peine que tout. Aussi, on ne nous y reprendra plus, à jeter une pierre à un chat, j’en réponds ! »
    Cette fois-ci madame Bird se leva vivement, les joues pourpres, ce qui ne la rendait que plus jolie, s’avança droit sur son mari, et lui dit d’un ton ferme :
    « John, je veux savoir maintenant si une pareille loi vous semble juste et chrétienne, à vous ?
    – Me tuerez-vous, ma petite femme, si je dis oui ?
    – Je n’aurais jamais pensé cela de vous, John ! Mais vous n’avez pas voté pour ?…
    – Si, ma belle ennemie.
    – Vous devriez être honteux, John ! De pauvres créatures sans logis, sans amis ! C’est une odieuse, lâche, abominable loi, et je la violerai, pour mon compte, à la première occasion. – J’espère que j’en trouverai des occasions, et plus d’une ! Ce serait beau vraiment qu’une femme ne pût donner un souper et un lit à de malheureux affamés, parce qu’ils sont esclaves, qu’ils ont été injuriés, battus, opprimés toute leur vie, pauvres gens !
    – Écoutez-moi donc, Marie ; vos sentiments sont tout à fait justes, tendres, bons, et je vous en aime davantage, ma chère ; mais il ne faut pas, voyez-vous, que notre sensibilité étouffe notre jugement : ce n’est pas de sentiments privés seulement, c’est d’intérêts publics qu’il s’agit. L’émotion gagne de proche en proche, et il faut bien sacrifier nos sympathies particulières.
    – Je n’entends rien à toute votre politique, vous le savez de reste, John ; mais je puis ouvrir ma Bible, et j’y lis qu’il faut nourrir celui qui a faim, habiller celui qui est nu, consoler celui qui pleure, et c’est à ma Bible que je m’en tiens.
    – Mais si, en agissant ainsi, vous provoquez de grands malheurs publics ?
    – Obéir à Dieu ne peut amener de mal pour personne ; et, de quelque façon que les choses tournent, le plus sûr c’est de faire ce qu’il nous commande, lui !
    – Écoutez un peu, Marie, et, par les arguments les plus clairs, je vous prouverai…
    – Eh ! laissez-moi tranquille, John ! vous parleriez toute la nuit que vous ne me prouveriez rien. J’en appelle à vous-même ! Est-ce vous qui repousserez de votre porte une pauvre créature tremblante, affamée, mourante ! et cela parce qu’elle est sans asile ? vous, John ! »
    S’il faut l’avouer, notre sénateur était d’un naturel humain : l’acte de repousser des malheureux n’entrait nullement dans ses habitudes, et l’argument de sa femme avait d’autant plus de force qu’elle connaissait ce point vulnérable. M. Bird eut donc recours aux moyens connus de gagner du temps : Hem ! Hem ! répéta-t-il plusieurs fois ; il toussa, tira son mouchoir, et se mit à essuyer les verres de ses lunettes. Voyant l’ennemi lâcher pied, madame Bird poursuivit ses avantages.
    « J’aimerais à vous y voir, John, réellement je l’aimerais. Vous voir jeter dehors une femme au milieu d’une tempête de neige, par exemple, ou bien l’envoyer en prison, n’est-ce pas ? cela vous irait !
    – Il y a de très-pénibles devoirs… reprenait M. Bird d’un ton calme, mais sa femme l’interrompit.
    – Devoirs, John ! ne prononcez pas ce mot ! Ce n’est pas, ce ne peut être un devoir, vous le savez à merveille. – Ceux qui veulent garder leurs esclaves n’ont qu’à les bien traiter ; c’est ma doctrine à moi. Si j’en avais (et Dieu me préserve d’en avoir jamais !), permis à eux de quitter moi et vous, John ; j’en cours le risque. Mais, croyez-moi, les gens ne se sauvent guère de l’endroit où ils sont heureux ; et quand ils s’enfuient, pauvres créatures ! ils souffrent assez du froid, de la faim, de la peur, sans que tout le monde se tourne contre eux. Aussi, que la loi ordonne ou n’ordonne pas, ce n’est pas moi qui lui obéirai, j’en prends Dieu à témoin !
    – Mais, chère Marie, laissez-moi raisonner un peu avec vous…
    – Oh ! pas de raisonnements, John ! je les déteste, surtout en pareil sujet. Vous avez une façon, vous autres hommes politiques, d’embrouiller la question la plus simple et de vous tromper vous-mêmes, mais, arrivés à la pratique, c’est autre chose, et je vous connais bien, John ! Cela ne vous semble pas plus loyal qu’à moi, et vous

Weitere Kostenlose Bücher