Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
Vom Netzwerk:
ne le ferez pas plus que moi. »
    À ce moment critique, le vieux Cudjoe, le Jean fait tout du logis, entr’ouvrit la porte, montra sa noire face, et pria maîtresse de passer un moment à la cuisine. Le sénateur profita du répit ; son regard, à demi facétieux, à demi vexé, suivit une minute sa petite femme, puis il se plongea dans sa bergère et dans son journal.
    Peu après la voix émue de madame Bird se fit entendre à la porte : « John ! John ! venez ! venez tout de suite, je vous prie ! »
    Il posa la gazette, se rendit à la cuisine, et demeura stupéfait devant le spectacle qui s’offrait à lui. Sur deux chaises, devant la cheminée, était étendu un corps, en apparence privé de vie. C’étaient les formes délicates d’une jeune femme ; ses vêtements roides et glacés tombaient en lambeaux ; un de ses pieds saignants et déchirés conservait les débris d’un soulier, l’autre, les restes d’un bas ; l’empreinte de la race méprisée se devinait encore sur ce pâle visage, dont il était impossible cependant de contempler sans émotion la touchante et douloureuse beauté. Ces traits rigides, cette immobilité glaciale, tout cet aspect de mort faisaient frissonner M. Bird, qui, silencieux, retenait son haleine, tandis qu’aidée de leur unique servante mulâtre la tante Déborah, sa femme prodiguait les secours : le vieux Cudjoe, tenant l’enfant sur ses genoux, se hâtait de lui enlever ses bas et ses souliers, et de réchauffer ses petits pieds glacés.
    « Je dis que c’est une vue à regarder ! dit Déborah avec compassion. Le trop chaud être cause de cette pamoison, bien sûr. Quand pauv’ créature frapper là, encore toute alerte ; elle, entrer, prier pour avoir un air de feu, puis, quand moi demander d’où elle venait ? tout d’un coup la voilà pâmée ! – Faut que voir ses mains ! jamais ça n’a fait de la grosse besogne.
    – Pauvre femme ! » dit madame Bird lorsque, entr’ouvrant enfin ses grands yeux noirs, l’étrangère promena autour d’elle un regard vague et languissant. Mais soudain ses traits se contractent, elle se tord, se redresse en s’écriant : « Mon Henri ! ils me l’ont pris !… ils le tiennent ! Au secours !… »
    À ce cri, l’enfant s’élança de dessus les genoux de Cudjoe et accourut tendant ses petits bras à sa mère. « Le voilà ! le voilà ! s’écria-t-elle ; puis, s’adressant à la maîtresse : Oh ! madame, protégez-nous ! sauvez-le ! ne les laissez pas me le prendre ! dit-elle d’un air égaré.
    – Vous êtes en sûreté ici, pauvre femme, reprit madame Bird avec bonté. Calmez-vous, ne craignez rien.
    – Dieu vous bénisse ! » dit la femme, étouffant ses sanglots dans ses mains ; l’enfant, qui la regardait pleurer, s’efforça de grimper sur elle.
    Grâce à des soins tendres et bien entendus que nul n’aurait su mieux rendre, madame Bird parvint à tranquilliser la femme. Un lit de camp fut improvisé pour elle sur le banc proche du feu, et bientôt, tenant l’enfant endormi, qu’elle n’avait jamais pu se résoudre à quitter un instant, elle tomba dans un profond sommeil, mais sans relâcher son inflexible étreinte.
    Revenus au salon, M. et madame Bird, chose étrange ! ne firent ni l’un ni l’autre la moindre allusion à leur conversation précédente ; la femme était toute à son tricot ; le mari se montrait absorbé dans son journal.
    « Je ne saurais imaginer qui elle est, et ce qu’elle est ! dit-il enfin en posant la feuille.
    – Quand elle se réveillera et sera un peu remise, nous verrons, répliqua madame Bird.
    – Je dis, femme…
    – Quoi, mon cher ?
    – Ne pourrait-elle mettre une de vos robes ? En défaisant un ourlet, un pli ; elle me paraît plus grande que vous. »
    Un sourire très-visible glissa sur le visage arrondi de madame Bird, comme elle répondait : « Nous verrons. » Une autre pause, et M. Bird reprit :
    « Je dis, femme…
    – Eh bien, quoi ? mon ami ?
    – N’y a-t-il pas un vieux manteau de bombazine que vous gardez pour me couvrir quand je m’assoupis un peu après dîner ? Vous pourriez tout aussi bien le lui donner. Elle a si grand besoin d’habits ! »
    En ce moment, Déborah parut à la porte pour dire que la femme réveillée demandait à voir maîtresse. M. et madame Bird se rendirent à la cuisine, suivis des deux fils aînés, le petit monde étant déjà consigné au lit.
    La

Weitere Kostenlose Bücher