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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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appartient. Ses joues rondes et rosées ont encore, comme dans la jeunesse, le soyeux duvet de la pêche. Ses cheveux, légèrement argentés par l’âge, se séparent sur un front placide, où la vie n’a laissé qu’une empreinte, « paix sur la terre, et bon vouloir au prochain ; » au-dessous brillent deux grands yeux bruns, honnêtes, limpides, affectueux : il suffit de les regarder en face pour lire jusqu’au fond du meilleur, du plus loyal cœur qui ait jamais battu dans le sein d’une femme. On a tant et tant célébré la beauté des jeunes filles, peut-être se trouvera-t-il un poète sensible à la beauté des vieilles ? Qu’il s’inspire de notre bonne amie, Rachel Halliday, telle qu’elle est là, devant nous, assise dans sa berceuse ! Ladite berceuse, par suite peut-être d’un rhume attrapé dans sa jeunesse, d’une disposition asthmatique ou nerveuse, avait contracté l’habitude de geindre ; en sorte qu’elle accompagnait chaque mouvement de va et vient d’une plainte dolente, qui eut été intolérable de la part de tout autre siège. Mais le vieux Siméon Halliday déclarait aimer cette musique, et ne s’en pouvoir passer. Les enfants, aussi, n’eussent voulu pour rien au monde que la berceuse de la mère cessât de crier. Pourquoi ? Parce que, depuis vingt ans et plus, ce bruit se mêlait aux affectueuses paroles, aux douces remontrances, aux caresses maternelles. Que de maux de tête, que de peines de cœur, s’étaient assoupis à ce son ! Que de questions, spirituelles et temporelles, avaient été résolues autour de ce fauteuil ! que de chagrins apaisés ! et tout cela par une bonne et tendre femme : Dieu la bénisse !
    « Ainsi tu persistes à vouloir aller au Canada, Éliza [29]  ? dit Rachel en continuant le triage de ses fruits.
    – Oui, madame, reprit Éliza d’une voix ferme : il faut que j’aille plus avant ; je n’ose m’arrêter.
    – Et que feras-tu une fois là-bas ? il est sage d’y penser, ma fille. »
    Ce mot, « ma fille, » venait tout naturellement sur les lèvres de Rachel ; le nom sacré de « mère » semblait si bien fait pour elle. Les mains d’Éliza tremblèrent, et quelques larmes tombèrent sur son ouvrage.
    – Je ferai… tout ce que je pourrai trouver à faire, et… j’espère trouver quelque chose.
    – Tu sais qu’il ne tient qu’à toi de rester ici tant qu’il te plaira.
    – Oh ! merci, mais… Éliza désigna du doigt le petit Henri, – je ne peux pas dormir en paix ; je ne puis prendre aucun repos : la nuit dernière encore j’ai rêvé que je voyais cet homme entrer dans la cour, dit-elle en frissonnant.
    Rachel s’essuya les yeux : « Pauvre enfant ! ne t’alarme pas ainsi ! le Seigneur n’a pas permis qu’un seul fugitif fût jamais enlevé de notre village : ton fils ne sera pas le premier, j’espère.
    Ici la porte s’ouvrit, et une petite femme, rondelette comme une pelote, appétissante et colorée comme une pomme, se montra sur le seuil. De même que Rachel, elle était vêtue de gris, et un fichu de mousseline se croisait sur son sein rebondi.
    « Ruth Stedman ! dit Rachel, en allant joyeusement à sa rencontre, et lui tendant les deux mains avec cordialité. Comment te va, Ruth ?
    – À merveille, » répliqua Ruth. Elle ôta son petit chapeau gris, et l’épousseta avec son mouchoir, laissant à découvert une petite tête ronde, sur laquelle le bonnet quaker prenait des airs mutins, en dépit des efforts de deux petites mains potelées pour le ranger à l’ordre. Certaines mèches de cheveux, obstinément bouclées, s’échappaient aussi çà et là, et ne rentrèrent dans leur prison qu’après force cajoleries. La nouvelle venue, qui pouvait avoir vingt-cinq ans, et qui avait consulté le miroir pour réparer le désordre de sa toilette, se retourna enfin d’un air satisfait. – Qui n’eût été satisfait de la voir aurait eu l’humeur difficile, car c’était bien la petite femme la plus avenante, la plus gaie, la plus gazouillante, qui ait jamais réjoui le cœur d’un mari.
    « Ruth, cette amie est Éliza Harris, et voilà le petit garçon dont je t’ai parlé.
    – Je suis contente de te voir, Éliza, – très-contente, dit Ruth lui donnant une poignée de mains, comme à une ancienne amie depuis longtemps attendue. C’est là ton cher enfant !… Je lui ai apporté un gâteau. Elle tendit un cœur en biscuit au petit garçon, qui s’approcha

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