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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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dont les lectures se bornaient à la Bible, n’avait pas de pareilles consolations. Son cœur saignait au dedans de lui, à la pensée des griefs de la pauvre chose souffrante, qui gisait là comme un roseau brisé : – chose douée de vie, de sentiment, d’immortalité, que la loi américaine classe froidement avec les caisses, ballots et autres colis.
    Tom s’approcha, et essaya de lui dire quelques mots : elle gémit sourdement. Il lui parla, dans sa candeur, et les yeux noyés de larmes, du cœur de celui qui est tout amour, et qui habite dans les cieux, de Jésus, si plein de pitié pour tous, de la demeure éternelle où elle rejoindrait son enfant ; mais l’angoisse du désespoir fermait ses oreilles, et paralysait son cœur.
    La nuit vint, – calme, glorieuse, impassible, avec ses milliers d’étoiles étincelantes, yeux angéliques, si beaux, mais si muets ! Pas une parole, pas un accent de pitié, pas une main tendue de ce ciel lointain !
    Les voix qui causaient d’affaires ou de plaisir, se turent l’une après l’autre. Tout dormait à bord, et l’on entendait bouillonner l’eau sous la proue. Tom s’étendit sur une caisse : de temps à autre un sanglot étouffé arrivait jusqu’à lui, un cri de la pauvre femme qui gisait prosternée. « Oh ! que ferai-je ?… Seigneur !… Seigneur, mon Dieu, ayez pitié !… secourez-moi ! » Ainsi, par intervalles, jusqu’à ce que le murmure s’éteignit peu à peu.
    Vers le milieu de la nuit, Tom tressaillit et s’éveilla. Une ombre passait rapidement entre lui et le bord du bateau : il entendit rejaillir l’eau. Seul, il avait vu et entendu. Il leva la tête – la place qu’occupait la femme était vide ! Il se glissa par terre, et la chercha en vain. Le pauvre cœur saignant avait cessé de battre, et les eaux, qui venaient de se refermer au-dessus, ondulaient souriantes et lumineuses.
    Patience ! patience ! vous dont l’indignation s’éveille à de tels maux. Pas une palpitation, pas une larme de l’opprimé n’est perdue pour l’Homme de Douleurs, pour le Seigneur en sa gloire. Dans son sein patient et généreux il porte les angoisses d’un monde. Comme lui, supportez avec patience et travaillez avec amour, car aussi sûr qu’il est Dieu, « le jour de la rédemption viendra. »
    Haley se leva de bonne heure, et courut, alerte et dispos, visiter sa vivante marchandise. Ce fut à son tour de regarder partout avec inquiétude.
    « Où diable s’est fourrée cette fille ? » demanda-t-il à Tom.
    Celui-ci, que l’expérience avait rendu prudent, ne crut pas devoir lui faire part de ses remarques. Il dit qu’il l’ignorait.
    « Impossible qu’elle se soit glissée dehors cette nuit, à l’une des stations : chaque fois que le bateau s’arrêtait, j’étais debout, l’œil au guet. Je ne m’en fie jamais qu’à moi en pareil cas. »
    Ce discours s’adressait à Tom, sur un ton confidentiel, comme s’il eût dû l’intéresser tout particulièrement. Il ne répondit rien.
    Le marchand fouilla le bateau de la poupe à la proue, retourna les caisses et les ballots, chercha dans la chambre de la machine, autour des cheminées, partout ; en vain.
    « À présent, Tom, sois franc, dit-il, lorsqu’après ses infructueuses recherches il revint où il l’avait laissé. Tu sais quelque chose – ne me dis pas non – j’en suis sûr. J’ai vu la fille étendue là vers dix heures hier au soir, je l’y ai revue à minuit, et encore d’une heure à deux. À quatre heures elle n’y était plus, et tu étais couché là, tout à côté, tu dois savoir de quoi il retourne – c’est impossible autrement.
    – Eh bien, maître, dit Tom, vers le matin quelque chose a passé tout contre moi ; je me suis éveillé à demi, et j’ai entendu un grand bruit d’eau : alors j’ai ouvert tout à fait les yeux, et la fille n’était plus là. C’est tout ce que j’en sais. »
    Le marchand ne fut ni ému, ni étonné ; car, ainsi que je vous l’ai dit, il était fait à beaucoup de choses, avec lesquelles vous n’êtes pas encore familiarisés. La présence même de la mort n’éveillait chez lui ni solennel effroi, ni glacial frisson. Il l’avait vue tant et tant de fois ! – il l’avait rencontrée dans les voies du négoce, et la connaissait bien. – Seulement il la regardait comme une impitoyable créancière qui, parfois, entravait déloyalement ses opérations commerciales.
    Il se contenta

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