Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chambre ardente

La chambre ardente

Titel: La chambre ardente Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
confondent avec sa nièce qui, en effet, fréquentait astrologues et devineresses.
    On recherche la nièce. Elle est grosse, petite et ne ressemble en rien, avec sa forte poitrine, à la jeune femme élancée qu'est Mlle des OEillets.
    Mais celle-ci ne vacille pas. Elle s'indigne au contraire qu'on puisse prêter foi à la parole de prisonniers coupables de crimes infernaux, et d'opposer leurs mensonges à la vérité dite par une jeune femme à laquelle on ne peut rien reprocher, sinon ce que disent les empoisonneurs !
    Et Louvois comme La Reynie ne peuvent plus ignorer que Mlle des OEillets a eu les faveurs du Roi, qu'elle est la mère d'une petite fille née de Louis XIV, même si le souverain – et c'est grand dépit pour elle – refuse de la légitimer.

    Dès lors s'insinue un nouveau soupçon, que Colbert, l'allié de Mme de Montespan, amplifie en chargeant un avocat, maître Duplessis, d'examiner toutes les accusations portées contre la marquise de Montespan.
    Toutes peuvent être retournées contre Mlle des OEillets si l'on retient les propos des empoisonneurs.
    Pourquoi la jeune femme, ulcérée d'avoir perdu le Roi après avoir cru l'avoir conquis, n'aurait-elle pas voulu se venger, prétendant agir pour Mme de Montespan et ne poursuivant en fait que des buts personnels ?
    Ainsi Mme de Montespan n'était peut-être coupable que d'avoir recherché, comme toutes les femmes, des drogues d'amour, aphrodisiaques, à servir à son royal amant.
    Restaient les messes noires : mais pouvait-on faire confiance à un monstre comme l'abbé Guibourg et croire la fille de la Voisin ?

    J'ai revu Nicolas Gabriel de La Reynie.
    Comme à son habitude, il ne m'a fait aucune confidence, se contentant de murmurer, au moment de me quitter :
    – Que pouvais-je faire d'autre ?
    Il lui était impossible de poursuivre la marquise de Montespan ou Mlle des OEillets, l'une et l'autre, à des degrés divers, personnes considérables, et par ailleurs l'une pouvant avoir été le paravent de l'autre, et vice versa : la jeune suivante se cachant derrière la marquise et celle-ci utilisant Mlle des OEillets.

    Mais restaient à la Bastille et au château de Vincennes cent quarante-sept détenus dont la culpabilité était attestée, et ceux qui étaient innocents devaient être aussi réduits au silence.
    « Il n'y a point de charges contre celui-ci, écrivait ainsi La Reynie. Il n'est détenu depuis longtemps que pour avoir eu le malheur d'être mis à Vincennes dans la chambre de Guibourg et pour avoir su, peut-être, ce que Guibourg lui a voulu dire de ses affaires. »
    Sa Majesté fut généreuse. On versa à ce comparse malchanceux une pension annuelle, à charge pour lui de quitter le royaume et de ne jamais revenir d'exil. Il lui fut communiqué que « s'il lui arrivait jamais d'écrire ou de parler de ce qu'il avait entendu pendant qu'il était à Vincennes, Sa Majesté le ferait arrêter et le ferait enfermer pour le reste de ses jours ».

    D'autres furent pendus et brûlés après avoir été soumis à la question. La Trianon se suicida. On enferma certaines femmes prisonnières – ainsi la fille de la devineresse Marie Bosse – dans des couvents.
    D'autres encore, – Lesage, Mariette, Guibourg – furent enfouis dans les cachots de citadelles du royaume, souvent attachés par une chaîne courant d'un anneau scellé dans le mur de leur cellule jusqu'à leur poignet ou leur cheville.
    Les femmes – ainsi Marie-Marguerite Voisin – furent enfermées à Belle-Isle, dans la forteresse. Et Louvois recommanda au gouverneur « d'empêcher que l'on entende les sottises qu'elles pourront crier tout haut, les menaçant de les corriger si cruellement qu'il n'y en ait pas une qui ose faire le moindre bruit ».
    Ces prisonniers-là, Illustrissimes Seigneuries, qui ne furent pas brûlés vifs, connurent le châtiment d'être enterrés vivants.

    L'un de ces coupables, qui fut quant à lui roué vif – mais peut-être était-ce une grâce que Dieu lui accorda – s'était écrié alors qu'on le soumettait à la question extraordinaire :
    – Vous poursuivez les gueux, mais c'est plus haut que vous devriez chercher !
    Si Nicolas Gabriel de La Reynie a relevé le propos, c'est, je crois, qu'il eût pu le reprendre à son compte et le crier à son tour.

XIII.
    Les poisons et les crimes enfouis dans nos entrailles
    Le mystère demeure, Illustrissimes Seigneuries, même si les gueux coupables sont

Weitere Kostenlose Bücher