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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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ce sujet, observa
le coroner.
    – Nous verrons ça plus tard. Bien qu’il soit
inconcevable, Sir John, que quelqu’un se soit introduit de force chez Serriem
et lui ait fait absorber du poison.
    – Ça aurait pu être une ruse. Quelqu’un qui se
serait fait passer pour un ami.
    – Auquel cas, Serriem était tout à fait stupide
car ç’aurait pu être Limbright. D’après ce que j’ai compris, il garde les clés
des chambres sur lui.
    Il regarda par-dessus l’épaule du magistrat. Sir
Maurice, accroupi, cueillait des fleurs.
    – Ah, le chevalier éperdu d’amour ! dit le
dominicain. Mais il devra attendre. Sir John, si je voulais acquérir du poison,
un toxique sortant de l’ordinaire, où devrais-je me rendre à Londres ?
    – Si vous alliez chez un apothicaire ou un mire
comme Aspinall, ceux à qui l’échevinage a accordé une licence, il le noterait
sur son registre.
    – Par conséquent, ce n’est pas là que s’adresserait
un assassin ?
    – Non, il ou elle s’en abstiendrait. Ils
chercheraient à Whitechapel ou même à Southwark ces enfants de la nuit qui font
commerce de philtres, de potions, de pouvoirs magiques, de la peau écrasée des
crapauds ou de champignons ramassés à minuit.
    – Sont-ils nombreux ?
    – Eh bien, pour citer les Évangiles, leur nom est
Légion car ils pullulent. La plupart sont des charlatans, des imposteurs. Ils
vous vendront une poudre mais ce ne sera rien de plus nocif qu’une poignée de
craie. Les véritables assassins sont fort peu nombreux.
    Sir John ferma les yeux et se mit à réfléchir, passant
en revue les noms qu’il connaissait, les hommes et les femmes qui vivaient en
marge de la loi, les coquins qu’il aurait aimé prendre au collet, ce qu’il ne
pouvait faire, faute de preuve.
    – C’est Vulpina qu’il vous faut ! C’est
ainsi qu’elle se fait appeler à présent. Jadis, on la connaissait sous le nom
de « Meg Chaud-le-Pot » ; c’était une décriée bagasse, une
fameuse catin.
    – Que lui est-il arrivé ? s’enquit Athelstan,
curieux.
    – Quelqu’un lui a balafré la figure et coupé le
nez. On en ignore la raison. En tout cas, « Meg Chaud-le-Pot » est
devenue Vulpina, vendeuse de potions magiques. C’est la reine des
empoisonneuses. Commencez donc par elle. Mais occupons-nous d’abord de notre
jouvenceau énamouré.
    Ils regagnèrent le sentier et expliquèrent à Sir
Maurice qu’ils allaient se rendre en ville.
    – Et qu’en est-il de mon affaire ? dit-il en
écartant les bras. Je ne veux point sembler me plaindre.
    Le dominicain lui prit la main. La tristesse qu’il
déchiffrait dans les yeux du chevalier lui fendit le cœur.
    – Dites à monseigneur le régent que nous sommes
maîtres de la situation. Ne vous inquiétez pas, le consola Athelstan, l’amour
finit toujours par vaincre.
    Bien qu’il parût peu convaincu. Sir Maurice les
remercia et s’éloigna.
    – Un vaillant garçon, commenta Sir John en
absorbant une autre gorgée à sa gourde. Il me ressemble dans mon jeune temps :
l’œil audacieux, le corps svelte…
    – Oui, oui, Sir John. Oh, Sir Maurice ! cria
Athelstan.
    Le jeune chevalier se retourna.
    – Qui est chargé de l’approvisionnement à
Hawkmere ?
    Le jeune homme baissa les yeux et gratta le sol du
bout de sa botte.
    – C’est l’un de mes devoirs, répondit-il, et, tournant
les talons, il s’en fut.
    – Par le Ciel, que signifie ? s’étonna le
magistrat.
    – Une simple idée, messire le coroner.
    – Mais le médecin prétend avoir vérifié le
garde-manger !
    – Ce qui m’intrigue, répliqua le prêtre, c’est
que nous avons cinq hommes qui ont pris toutes les protections possibles contre
le poison. Nous ne savons pas exactement s’ils craignent Limbright ou le
traître dans leurs rangs. Mais je ne pense pas que le poison provienne du
jardin du château. Nous ne sommes même pas sûrs qu’il y pousse des plantes
vénéneuses. Et, même si c’est le cas, il faut encore préparer ces toxiques. On
ne se contente pas d’arracher un peu de digitale pour la faire manger à sa
victime. De plus, les prisonniers ont été fouillés, et sans doute à maintes
reprises, depuis leur capture : une poudre, un poison auraient été
remarqués.
    – Par conséquent ?
    – Par conséquent, Sir John, la logique veut que
soit le poison ait été apporté au manoir et donné à l’un des Français pour qu’il
tue Serriem, et peut-être d’autres, mais

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