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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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cicatrice qui balafrait sa joue. Vamier
avait l’air avenant, ou du moins ses yeux semblaient-ils sourire. Le blond
Gresnay, qui, minaudant, se gaussait d’eux en silence, déplut tout de go à
Athelstan. Ils maîtrisaient tous fort bien l’anglais. Ils ignorèrent Sir
Maurice, se contentant de prendre acte de sa présence par un signe de tête. Athelstan
en fut surpris mais ce dernier chuchota que, à l’opposé des chevaliers, les
capitaines de la marine nourrissaient animosité et jalousie : ils voyaient
en lui l’agent de leur infortune. Sir Walter disposa des chaires
supplémentaires autour de la table ronde. Il proposa du vin que le dominicain
se hâta de refuser.
    – Je suppose que vous avez ouï les nouvelles au
sujet de Serriem ? Du pauvre Guillaum ? s’insurgea Routier en lançant
un coup d’œil à Sir Walter. Tout ceci n’est que comédie. Nous sommes gardés ici
contre notre volonté et on exige des rançons exorbitantes. Et à présent, on
nous empoisonne !
    Sir John se leva et se pencha par-dessus la table.
    – Je ne joue point la comédie, messire ! Si
un meurtre a été commis, justice doit être rendue !
    Routier cilla et se rencogna dans sa chaire.
    – Dans ce cas, zézaya Gresnay en tapotant ses
cheveux blonds, vous devrez accomplir un vrai miracle !
    – Et pourquoi donc, messire ? interrogea
Athelstan.
    – Eh bien, mon père, rétorqua Gresnay, nous avons tous juré que nous
ne mangerions ni ne boirions rien qui n’ait été goûté par quelqu’un d’autre !

CHAPITRE V
             La
déclaration de Gresnay provoqua un grand silence.
    – Plaît-il ? bégaya Athelstan.
    – Ne comprenez-vous pas votre propre langue, mon
père ? se gaussa Vamier d’un ton sec en donnant une tape sur le bras de
Gresnay. Jean a dit vrai.
    – Qu’est-ce que la vérité ? demanda Sir John.
    – Nous sommes officiers du roi de France, énonça
Vamier. Nous sommes captifs céans, mais nous craignons pour nos vies. La haine
que porte Sir Walter à notre pays est notoire.
    – Et j’ai de bonnes raisons ! rugit ce
dernier.
    – Silence ! s’exclama le dominicain en
levant les mains.
    – Mais c’est vrai, reprit Vamier. Quoi ! – il
saisit un éclair de surprise dans les yeux d’Athelstan – ne vous l’a-t-il pas
dit ? C’est le St Denis qui a attaqué Winchelsea, où ont péri son
épouse et ses fils.
    Il haussa les épaules et eut un geste d’apaisement.
    – Bien sûr, les hommes et l’équipage n’étaient
pas les mêmes. Nul ici n’aurait donné son accord pour occire cruellement une
femme et ses enfants. Mais, Sir John, n’avez-vous point combattu en France ?
    Le coroner acquiesça ; Athelstan se remémora le
jour où, accompagné de son frère Francis, il était entré dans une ville française
qui avait été mise à sac par les archers anglais. Des femmes gisaient dans les
rues, gorge tranchée, robes relevées, et près d’elles se trouvaient de jeunes
enfants. Ces scènes avaient gommé ce que la guerre pouvait avoir de glorieux. Le
prêtre lança un coup d’œil à Sir Walter. Il avait pâli, ses lèvres bougeaient
sans prononcer un mot et des gouttes de sueur ruisselaient sur ses joues.
    – Je ne suis pas un assassin, se défendit-il d’une
voix rauque. Oui, je vous hais. Si je pouvais agir à ma guise, je vous ferais
pendre au gibet, pirates que vous êtes !
    Une bagarre aurait éclaté si Sir John n’avait frappé
du poing sur la table.
    – Quand avez-vous prêté ce serment ? Qu’est-ce
que cela signifiait ?
    – En venant ici, répondit Routier. Quand nous
nous sommes rendu compte que nous étions sous la garde de Sir Walter.
    Il désigna le plat.
    – Sir Walter vous le confirmera : nous nous
servons tous au même plat et buvons au même pichet.
    – Et hier soir ? s’enquit Athelstan.
    – Comme à l’accoutumée. Nous avons soupé ici de
ce qui était censé être du poisson, avons avalé le même vin piqué et absorbé le
même pain moisi.
    Ses compagnons baissèrent la tête pour rire sous cape.
Sir Walter était sur le point de se rebiffer quand le dominicain lui attrapa le
poignet.
    – Ce n’est que pour vous provoquer, chuchota-t-il.
    – Si nous le croisions sur le champ de bataille, déclara
Gresnay, nous n’en resterions pas là, mon père !
    – Ça pourrait bien arriver un jour ! cria
Sir Walter, l’écume aux lèvres.
    – Mais il y a une autre raison, n’est-ce pas ?
suggéra Athelstan.
    Le

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