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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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vous raconterai en chemin l’histoire de la nonne, du moine et
du bouc libidineux.
    Ils entrèrent dans la ville et empruntèrent Martins
Lane pour gagner Cheapside. L’après-midi commençait. Quelques étals étaient
clos : leurs tenanciers se restauraient dans les tavernes et rôtisseries
voisines.
    Sir John leur lança un regard de convoitise mais
Athelstan le pressa de se hâter.
    – Sir Thomas nous offrira peut-être du bon vin, dit-il
pour le consoler. Nous devons avoir l’esprit clair, Sir John.
    Une petite foule s’était rassemblée au coin de West
Cheap. Un homme en haillons de couleurs vives, les cheveux blancs comme neige, les
yeux brillants dans son visage tanné, fulminait :
    – Malheur aux riches ! À ceux qui se
nourrissent de tendres viandes ! Qui se remplissent l’estomac de vins
sucrés ! Le jour du Jugement arrive ! Des roues de feu tomberont sur
la ville ! Les vers de la terre grouilleront sur les grand-routes ! Par
milliers et dizaines de milliers !
    Il se tut pour reprendre haleine.
    Athelstan reconnut en ce prêcheur itinérant l’un des
partisans de la Grande Communauté du Royaume. « Vers de la terre »
était l’appellation usuelle qui désignait les paysans, les serfs oppressés, les
manants sans terre.
    – Ils seront guidés par les anges ! reprit
le prêcheur. Et sonneront la cloche du destin !
    Et il se mit à agiter la clochette qu’il portait.
    La foule de marchands, apprentis, colporteurs, chaudronniers,
vendeurs ambulants, infirmes et vagabonds sortis des ruelles, l’entourait en
acquiesçant de la tête, les yeux étincelants. Un groupe de dizainiers se tenait
tout près, la main fébrile sur le poignard de leur ceinturon, frappant le sol
de leur gourdin, insigne de leur fonction.
    – Et qu’avons-nous à craindre ? continua le
prêcheur. La mort ? Nous vivons déjà comme des morts vivants !
    Un grondement d’assentiment s’éleva.
    – Holà ! Pig’s Arse !
    Sir John attrapa un petit homme dépenaillé qui courait
dans la foule, une longue dague mince sortant de la manche de son justaucorps.
    – Ah, bonjour, Sir John ! s’exclama le
mendiant en levant des yeux apeurés sur le coroner.
    – Eh bien, Pig’s Arse, souffla doucement le
magistrat, je ne me mettrais pas à couper des bourses céans, si j’étais toi. Cette
joyeuse assemblée risque de faire du vilain sous peu et ils te pendraient
sur-le-champ.
    Pig’s Arse détala. Sir John jeta un coup d’œil
pardessus la foule. Une troupe de soldats, vêtus aux couleurs de Jean de Gand
et Fitzalan, comte d’Arundel, remontait West Cheap.
    – Les voilà ! s’écria le prêcheur qui les
avait aussi aperçus. Venus étouffer la Voix de la Vérité !
    La populace se retourna comme un seul homme. Des
poignards surgirent et, semblant sortir de nulle part, apparut une bande d’hommes
vêtus de justaucorps de cuir noir. Ils portaient arcs et carquois emplis de flèches
suspendus dans le dos.
    – Que Dieu ait pitié de nous ! s’exclama
Athelstan. Sir John, cela va mal tourner.
    Le coroner dégaina son épée et s’avança en la
brandissant, tel un nouvel Hector de Troie.
    – Là, mes gaillards ! Mes tout beaux ! Nous
sommes à Cheapside, pas à Poitiers !
    – Au diable, Sir John ! hurla quelqu’un.
    Le magistrat mit la main dans son dos pour tirer son
poignard. Le prêcheur avait disparu comme une volute de fumée. Sir John, menaçant,
fit quelques pas vers les archers.
    – Nous ne vous cherchons point noise, John Cranston !
cria l’un d’eux, la figure dissimulée sous son capuchon.
    – Si vous ne décampez pas, vous aurez maille à
partir avec moi !
    Les archers abaissèrent leurs arcs et s’en furent
parmi les étals. La foule commença à se disperser rapidement. Sir John rengaina
son épée et son poignard.
    – Allez, Athelstan, il est temps que nous
partions.
    Ils reprirent leur route dans Cheapside au moment précis
où les soldats arrivaient. Le dominicain entrevit Pig’s Arse qui courait comme
l’un des furets de Ranulf vers l’entrée d’une venelle, une petite bourse serrée
dans la main.
    – Vous vous êtes montré fort brave. Sir John !
    – Tel le faucon fondant sur sa proie pour la tuer,
répliqua ce dernier. À présent, venons-en aux choses sérieuses !
    Ils empruntèrent une rue menant à Goldsmith’s Hall. Elle
était large et propre ; dans l’égout curé coulait une eau fraîche
provenant d’un conduit. Des deux côtés se

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