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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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Walter. Frère Athelstan, nous ne possédons
pas de poison. Notre noble geôlier a déjà fait fouiller nos biens.
    – Est-ce vrai ? interrogea le dominicain.
    Sir Walter acquiesça.
    – Je n’ai rien trouvé, confirma-t-il. Rien du
tout.
    – Et dans le jardin ? intervint Sir John en
ouvrant les yeux et en claquant des lèvres.
    Routier en resta bouche bée de surprise. Athelstan
dissimula son amusement. Le magistrat semblait avoir la faculté de dormir et d’écouter
en même temps.
    – Qu’en est-il du jardin ? répéta ce dernier
en se frottant le visage. Il y pousse des plantes.
    – Pourquoi ne pas nous mettre à l’épreuve ? rétorqua
Routier. Nous sommes des marins, messire le coroner, pas des jardiniers. Je
parle au nom de tous : je ne saurais distinguer une herbe d’une autre.
    Des murmures d’acquiescement s’élevèrent. Athelstan
baissa les yeux sur son morceau de parchemin. Nous n’apprendrons rien, se
dit-il, absolument rien ici.
    – Une dernière question : Serriem est-il
resté tout le temps avec vous ?
    – Je vous l’ai déjà dit, répondit Routier avec
lassitude. Nous avons dîné céans. Nous nous sommes promenés dans le jardin. Nous
avons joué aux échecs, aux dés et à d’autres jeux. Personne n’a vu Guillaum
boire ni manger quoi que ce soit après avoir quitté la table.
    – En êtes-vous certains ?
    – Quand les gardes sont venus nous chercher pour
nous raccompagner à nos chambres, Serriem était vivant et en bonne santé. Il a
emporté sa coupe de vin mais elle ne contenait que la boisson que nous avions, nous
aussi, goûtée.
    Quelques instants plus tard. Sir John, Sir Maurice et
Athelstan quittèrent Hawkmere.
    – Je suis content que nous ne soyons plus dans
ces murs ! s’exclama le coroner dès qu’ils furent hors d’écoute. Quel
endroit désolé !
    Il s’arrêta pour avaler une rasade de vin.
    – Qu’allez-vous faire 7 interrogea Sir Maurice.
    Athelstan se retourna pour jeter un regard au haut mur
d’enceinte gris et réprima un frisson. La plupart des meurtres que lui et le
coroner devaient traiter étaient le résultat d’accidents ou de querelles
soudaines. Parfois, comme c’était le cas aujourd’hui, ils pénétraient dans un
monde différent, dans ce qu’il nommait en secret la « Chambre du Diable ».
Hawkmere appartenait à cette catégorie. Un lieu suintant le mal, le
ressentiment, le mensonge et le meurtre sanglant.
    – Je suis en colère, maugréa-t-il entre ses dents,
tout en regrettant sur-le-champ ses paroles.
    – Que voulez-vous dire ?
    – Rien, rien !
    Il fit un geste de la main et, sans attendre ses
compagnons, quitta le sentier et traversa les friches. Au bout du terrain en
pente se trouvait un petit lac ou étang. Le soleil avait commencé à l’assécher
et l’eau avait baissé, laissant un cercle boueux là où plantes et verdure
étaient mortes faute de nourriture. L’endroit était lugubre. Athelstan s’assit
à l’ombre fraîche d’un arbre. Au-dessus de lui, une grive s’épanchait. Sir John
vint se camper devant lui.
    – Qu’y a-t-il, mon frère ?
    – Je ne sais, Sir John. C’est une simple
impression, la prémonition d’un danger.
    – Qui vous concerne ?
    Le dominicain eut un geste de dénégation.
    – En dépit de leur effronterie, Sir John, ces
Français, tout comme Limbright, ont peur.
    – Vous pensez que le meurtrier n’est pas l’un d’eux ?
    – Je n’ai pas dit ça. Il peut fort bien y avoir d’autres
morts à Hawkmere mais, pour le moment, nous ne pouvons point faire grand-chose.
    Athelstan observa un colporteur guidant son âne sur la
piste. Le marchand portait guêtres et bottes et un justaucorps de laine au
capuchon remonté sur la tête pour se protéger du soleil. Il se retourna et leur
fit un signe de la main. Athelstan esquissa une bénédiction dans sa direction.
    – Voilà un homme heureux, remarqua-t-il. Peu de
biens et jamais longtemps au même endroit.
    – Quel rapport avec Hawkmere ?
    – Ces gentilshommes ne devraient pas être là. Sir
John, comment a-t-on pu tuer Serriem ? Limbright sait que les soupçons
pèsent sur lui et les Français se méfiaient de lui depuis le début. Ils ont
même juré d’être prudents pour tout ce qui touchait à leurs aliments. Nous
savons que Serriem n’a rien pris de suspect. Il n’y a pas de marque sur son
corps et sa chambre était fermée et barricadée.
    – Nous ne les avons pas questionnés à

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