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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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changement d’attitude des Français fut étonnant. Ils
abandonnèrent leur comportement désinvolte et insultant. Vamier s’agita sur sa
chaire, Routier tira vers lui le pichet et emplit sa coupe.
    – Allons ! Allons ! insista le dominicain.
Vous n’êtes pas vraiment entre vous comme des frères, n’est-ce pas ? Après
tout, un jour vous étiez les coqs du village, les maîtres de la Manche, puis, le
lendemain, vos deux navires ont été pris entre des bâtiments anglais et le port
de Calais.
    – Dans un combat loyal ! protesta Routier. La
fortune est aveugle et sa roue tourne ! Peut-être, la prochaine fois que
nous nous rencontrerons, Sir Maurice saura-t-il ce que veut dire être
prisonnier !
    – Oh, répondez donc à la question ! s’impatienta
le coroner. Deux bateaux français capturés en un seul jour ! Ça sent la
félonie ! Vous attendiez deux naves ventrues chargées de vin de Bordeaux. Oui.
Du meilleur clairet, onctueux et rouge, la seule bonne chose que produise la
France ! commenta-t-il avec un large sourire. Ce n’est point la vérité, mais
nous pouvons rester assis céans toute la journée comme des enfants dans la rue
qui échangent des insultes.
    – On nous a trahis, reconnut Vamier en
tambourinant sur la table du bout des doigts.
    – Et le traître pourrait être parmi vous ? releva
Athelstan.
    – Peut-être.
    – Ç’aurait pu être n’importe qui, précisa Gresnay
en faisant de grands gestes.
    Sir John lui adressa un sourire béat.
    – Mon garçon, je suis à Londres mais ai pourtant
ouï dire que, dans les ports français, on arme des vaisseaux. Je le sais. Les
mouettes le savent ; les rats à bord des bateaux le savent.
    Il se rembrunit.
    – Mais combien d’hommes savent ce que contiennent
des ordres scellés ? Allez, combien ?
    Il montra Routier.
    – Je vous pose la question, messire : combien
de gens sur le St Sulpice et le St Denis connaissaient votre
route et votre destination ?
    – Six, avoua Routier. Nous quatre, Serriem et
Dumanier. Il a péri pendant le combat.
    – Donc, s’il y avait un félon, poursuivit le
coroner d’une voix douce, ce pouvait être Dumanier bien qu’en générai les Judas
s’assurent de leur sécurité ou Serriem, ou, messires, l’un d’entre vous.
    Le silence qui s’ensuivit fut soudain rompu par deux
des gros chats de la maison qui, ayant attrapé un rat plus loin dans le hall, s’activaient
à l’achever à grand bruit. Sir Walter tira son épée et s’éloigna. L’un des
chats, balançant le rat dans sa gueule, détala, poursuivi par son compagnon.
    – Nous sommes environnés par la mort, observa
Maneil.
    – Et elle peut frapper à nouveau, ajouta
Athelstan. Nous ne sommes point ici, messires, pour jouer une pantomime puis
nous retirer. Le régent est intervenu en personne. S’il y a un félon dans vos
rangs, il peut vouloir vous occire tous. Mais, là encore, peut-être savez-vous
de qui il s’agit ? Était-ce Serriem ? L’avez-vous exécuté en toute
légalité ? Après tout, vous venez de nous affirmer qu’aucun d’entre vous
ne mange ni ne boit rien sans qu’un de vos compagnons ne partage. Pourtant, Serriem
a été empoisonné.
    – Voulez-vous suggérer que nous lui avons fait
ingurgiter quelque chose de force ? avança Maneil.
    – Il se peut.
    – Mais nous avons soupé ensemble, hier soir, entourés
par les gardes de Sir Walter. Nous avons devisé et joué aux échecs. Il n’y
avait nulle dissension. Serriem était un bon compagnon, un marin dans l’âme. S’il
y a un félon, ce ne pouvait être lui.
    Athelstan sortit sa corne à encre, une plume affûtée
et un morceau de parchemin qu’il lissa à l’aide d’une pierre ponce, puis il
nota en hâte leurs noms, une brève description et ce qu’il avait appris. Il
leva les yeux : le coroner, à présent affalé dans sa chaire, tête
renversée, bouche ouverte, dormait du sommeil du juste. Athelstan se rendit
compte qu’il n’en imposait pas aux Français.
    – Sir John n’estime pas que la mort de Serriem
ait quelque importance, railla Gresnay.
    – Messire le coroner, rétorqua le prêtre en
reposant sa plume, a fort à faire ; c’est un homme épuisé qui devrait être
en son tribunal et non à l’écoute d’un tas de mensonges.
    – De mensonges ! rugit Routier.
    – Oui, messire, de mensonges ! Quelqu’un
ment ici.
    – Alors pourquoi ne pas lui poser la question ?
s’enquit Routier en désignant Sir

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