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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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pas, qu’on a aperçu un prêtre inconnu dans les
parages.
    – Qu’y a-t-il là de curieux ?
    – Les prêtres ne viennent pas ici. Whitefriars
est périlleux, même pour ceux qui y demeurent. Leur chef, Sir Galahad, dit-il
en s’arrêtant devant une vieille taverne et en levant les yeux vers les
fenêtres maculées de chiures de mouches, prétend qu’il se trouvait dans une
ruelle il y a environ dix jours quand il a été bousculé par un homme qui a fait
un signe de croix et murmuré ses excuses dans ce que Galahad a reconnu être du
latin.
    – Que contemplez-vous, Sir John ?
    – Je venais en cette auberge quand j’étais jeune.
Elle s’appelait Le Mûrier. Oh, elle a connu des jours meilleurs !
    Il ouvrit la porte.
    – Sir John, si vous avez besoin de vous restaurer…
    – Non, mon frère, je n’ai besoin que de votre
compagnie !
    Ils pénétrèrent dans la grand-salle froide et humide
qui sentait fort le renfermé. Les fenêtres étaient bouchées par des planches et
des volets ; quelques lampes à huile allumées chargeaient l’air d’une
odeur de graisse. À leur lumière mouvante, les clients, installés sur des
barriques renversées, ressemblaient plus encore à des formes et silhouettes
sorties d’un cauchemar.
    – Bonjour à tous ! beugla Sir John. Que Dieu
vous bénisse !
    Athelstan plissa les paupières. Il pouvait distinguer
les tonneaux sur le comptoir, la faible lueur du four et quelques barils de
bière.
    – Au diable, John !
    – Allons, ce n’est pas une façon de parler à un
vieil ami ! Qui est-ce là ? Par Dieu, mais c’est Isaiah le borgne !
Tu es recherché, mon gaillard ! Pour un vol non résolu à Poultry !
    – Je suis innocent comme l’agneau qui vient de
naître, répondit une voix croassante.
    – Que voulez-vous, Cranston ?
    Une silhouette émergea de l’ombre. Athelstan crut d’abord
que c’était un homme mais, à la lueur des lampes à huile, il comprit que, malgré
le justaucorps de cuir, les guêtres et les bottes, c’était une femme. Sa
chemise de batiste tachée, un peu trop étroite, soulignait sa gorge opulente et
son cou épais et fort. Le visage était grotesque : le nez fendu de bas en
haut par une affreuse estafilade rouge et les joues quadrillées de marques de
coups de poignard. Une grosse perle dansait au bout d’une chaîne d’argent
pendue à une oreille.
    – Allons, allons, John, vous n’êtes point venu
céans pour arrêter le vieil Isaiah, n’est-ce pas ?
    Le magistrat recula d’un pas et fit un salut moqueur.
    – Non, maîtresse Vulpina, en effet. J’aimerais
vous dire quelques mots.
    – Venez donc par ici.
    Elle les conduisit au bout de la grand-salle et ils
montèrent un étroit escalier branlant. La pièce du haut formait un contraste
frappant avec la tanière misérable du dessous. Sur un côté, les fenêtres
arboraient du verre coloré. Les murs peints en blanc étaient tendus de tissus
chamarrés. Le sol impeccable était dallé de rouge et les meubles semblaient
avoir été achetés à un maître charpentier de Cheapside. Des fleurs poussaient
dans de petits pots et des sachets parfumés étaient accrochés aux poutres de
bois du plafond. Vulpina les emmena dans l’angle où des chaires avaient été
disposées avec soin autour d’une table ovale cirée au centre de laquelle trônait
une nef d’argent en forme de château. Elle leur offrit du vin que Sir John, à
la surprise générale, refusa. Vulpina eut un rire de gorge. Athelstan, à la
lumière vive du jour, put constater qu’autrefois elle avait dû être fort belle.
Elle avait de grands yeux noirs et brillants mais ils ne cessaient de courir
avec inquiétude d’un endroit à l’autre. Incapable de soutenir le regard de ses
hôtes, elle allait et venait, effleurant la nef, jetant un coup d’œil par la
fenêtre ou feignant de prêter l’oreille aux bruits qui montaient de la
grand-salle.
    – Vous n’êtes point venus pour Isaiah le borgne, déclara-t-elle
en scrutant Athelstan d’un air interrogateur. C’est vous le dominicain ?
    Un rictus retroussa ses lèvres.
    – J’ai peu de prêtres parmi mes clients.
    – Pour la godale et la bière ? s’enquit
Athelstan.
    Le rictus de Vulpina s’effaça.
    – Que vendez-vous ? insista Athelstan.
    La femme tira avec nervosité sur une touffe de ses
cheveux noirs coupés ras.
    – De tout.
    – Y compris des poisons ? s’enquit Cranston.
    Vulpina se carra dans sa chaire,

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