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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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faveur.
    L’huis s’ouvrit et Sir Thomas, suivi d’Hersham, entra.
Le prince des marchands était vêtu d’une cotte-hardie aux couleurs vives, frangée
de fourrure aux coudes. Ses chausses semblaient être de pure soie tant elles
brillaient. Il ne portait pas de souliers mais la semelle de ses chausses était
recouverte d’un cuir souple et brun. La ceinture brodée qui lui ceignait la
taille supportait une escarcelle bordée d’argent et une petite dague.
    Le dominicain tressaillit en examinant la figure - traits
rudes et durs, petits yeux, nez et lèvres protubérants – de leur hôte. Il
semblait juger sans cesse tout et tout le monde. Sir Thomas jeta un coup d’œil
au prêtre qui leva la main en guise de salutation. Le coroner ne bougea pas et
se contenta de regarder le marchand sans broncher. Athelstan se souvint que les
deux hommes se connaissaient. Parr fut le premier à rompre le silence. Il s’avança,
main tendue.
    – Eh bien, eh bien, John, je vous ai vu de loin. Vous
avez changé au fil des ans !
    – De cœur comme de corps ! rétorqua le
magistrat en serrant la main de son interlocuteur. Cela fait bien longtemps, Thomas.
    Parr serra aussi la main d’Athelstan puis claqua des
doigts et Hersham lui approcha une chaire.
    – On dit que vous aimez le clairet, John.
    – On dit aussi que vous aimez l’argent, Thomas.
    Parr se mit à rire, d’un hennissement nasal, mais ses
yeux restaient méfiants.
    – Et Lady Maude ? Se porte-t-elle bien ?
Est-elle heureuse ?
    Sir John acquiesça.
    – Isabella est morte, déclara Parr, une lueur d’attendrissement
dans son regard qui passa par-dessus leur tête. C’est terrible de voir mourir
quelqu’un que vous aimez, n’est-ce pas, John ? Une fièvre d’été. Elle s’occupait
du rosier dans le jardin. Elle est rentrée, trempée de sueur. Le lendemain, au
soir, elle a trépassé.
    – Je suis navré, dit le dominicain sans réfléchir.
    – Moi de même, mon père.
    Parr le scruta de pied en cap.
    – J’ai aussi entendu parler de vous, Athelstan. On
vous dit bon prêtre.
    Ses yeux revinrent au coroner.
    – Malgré la compagnie dans laquelle vous vous
trouvez ! Mais buvons donc un peu de vin.
    Hersham remplit trois gobelets sertis d’or. Sir John
sirota la boisson et ferma les paupières.
    – Du pur nectar, dit-il avec un soupir de
satisfaction.
    – Le meilleur des bordeaux, Sir John. Je l’ai
gardé pour vous. Je me demandais quand le régent m’enverrait quelqu’un.
    – Saviez-vous que nous viendrions ? s’étonna
le dominicain.
    – Je sais à peu près tout ce qui se passe au
palais de Savoy. Une pièce d’argent par-ci, quelques groats par-là, et les
valets chantent comme oiseaux sur la branche. Alors, avant que vous ne me le
demandiez, la réponse est non. Sir Maurice est un chevalier valeureux, un homme
courageux, un soldat, mais il est pauvre, quasiment sans terre, et n’apporte
rien si ce n’est son épée.
    – Et son cœur, riposta Sir John. Un cœur bon et
vaillant, Thomas. Comme le vôtre, jadis, quand vous et moi courions, en
haillons, dans les écoles de droit.
    – Et Angelica ? intervint Athelstan. N’aime-t-elle
pas Sir Maurice ? Avez-vous l’intention de la marier comme vous conduiriez
une jument à l’étalon ? De conclure un mariage froid et sans amour ?
    – Angelica sait où est son devoir.
    Parr reposa son gobelet et joua avec l’anneau qu’il
portait au doigt. Son visage s’adoucit.
    – C’est mon unique enfant et je la chéris. Mais
il faut qu’elle comprenne l’erreur qu’elle a commise en accordant son cœur à un
misérable chevalier errant.
    – Elle en est éprise, affirma le prêtre. Comme il
en est épris, Sir Thomas. Et je peux vous dire que…
    – Me dire quoi ? l’interrompit Parr. Qu’allez-vous
m’expliquer, mon père ? Que savez-vous de l’amour, des femmes, du désir ?
    Il avait pâli. Athelstan perçut le trouble qui agitait
l’âme de son interlocuteur, en guerre contre lui-même et, par conséquent, contre
tout un chacun.
    – J’ignore tout des jouvencelles et des chansons
des trouvères, répondit-il. Mais j’en sais beaucoup sur l’amour, Sir Thomas, et
il ne meurt jamais.
    – Dans ce cas, allez donc rendre visite à ma
fille Angelica chez les nonnes de Syon et sermonnez-la sur l’amour qu’elle doit
à son père et sur son devoir d’obéissance et d’allégeance ! proposa-t-il
en se levant.
    Le petit sourire

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