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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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satisfait qu’eut Hersham déplut à
Athelstan. L’écuyer, adossé bras croisés à la porte, claquait doucement de la
langue. Le dominicain dut prendre une profonde inspiration pour contrôler son
courroux. Sir Thomas se montrait désagréable pour le plaisir.
    – N’étiez-vous point pauvre autrefois ? s’enquit-il.
    – Il est vrai, tout comme Sir John fut svelte
naguère. La vie change, frère Athelstan, et qu’est donc hier si ce n’est un tas
de poussière ?
    Il se dirigea vers l’huis.
    – Je vous autorise à aller voir Angelica, mais je
n’aborderai pas à nouveau ce sujet avec vous.
    Le dominicain posa sa coupe sur la table. Il remarqua une
sculpture de bateau en bois sur lequel était peint, en lettres dorées, le nom Edouard le Grand.
    –  Cette cogghe vous appartient-elle, Sir Thomas ?
    Parr haussa les épaules.
    – Je contribue à son entretien et reçois une part
sur tout ce dont elle s’empare. Mais, avant que vous ne vous en enquériez, non,
cela ne m’adoucit en rien le cœur envers Maltravers ! Et maintenant. Sir
John…
    Le coroner et son secrétaire se retrouvèrent bien vite
dans la rue. Derrière eux, Ralph Hersham dit quelque chose qui fit ricaner les
hommes de main qui traînaient dans les parages. Sir John se retourna pour
affronter les pendards mais Athelstan le tira par la manche.
    – Laissez, Sir John, nous trouverons bien une
autre occasion.
    Ils repartirent dans Cheapside. L’après-midi finissait ;
quelques marchands avaient déjà terminé leur journée et la foule commençait à s’éclaircir.
Le magistrat claqua des lèvres. Athelstan était affamé lui aussi mais il
désirait regagner St Erconwald pour penser aux événements du jour. Il dut
pourtant admettre à regret qu’ils avaient encore du pain sur la planche.
    – Je sais bien, Sir John, que vous aimeriez boire
un pichet de bière et déguster une tourte mais le temps passe et nous devons
rencontrer une dame. Vulpina.
    Le coroner en convint de mauvaise grâce. Ils prirent
West Cheap et Ivy Lane, et passèrent devant l’énorme édifice élancé de la
cathédrale St Paul. Les larrons et vagabonds qui cherchaient asile dans le
cimetière de l’église, hors de la juridiction des baillis, étaient assis le
long du mur. Ayant reconnu le magistrat, ils le saluèrent d’un concert de
railleries malsonnantes. Athelstan resserra sa coule sur sa tête et Sir John, toujours
furieux du ricanement moqueur de Hersham, leur répondit par des jurons bon
enfant.
    – Un jour, mes gaillards, je vous verrai tous sur
l’échelle du gibet ! hurla-t-il avant de tourner le coin de la rue.
    Revigoré par cet échange, il accéléra un peu le pas le
long de Fleet Street et dans la garenne de venelles de Whitefriars, tramant
presque son secrétaire à sa suite.
    Whitefriars était un endroit insalubre. Maisons et
logis, au plâtre écaillé et à la peinture cloquée, étaient misérables. Les
ruelles faisaient penser à des aiguilles enfoncées entre les masures dont les
façades en encorbellement empêchaient le soleil de pénétrer et cachaient le
ciel. Les coins sombres et caverneux abondaient. Des mendiants se retrouvaient
au débouché des venelles et des catins effrontées se tenaient sous les porches
pour racoler les clients. Alentour tournoyaient les filous et truands de
Londres.
    Personne ne s’avisait de barrer la route du coroner. Mis
à part les obscénités occasionnelles qu’on lui lançait, Sir John était un
personnage respecté et craint. Si on le provoquait, le magistrat n’hésitait pas
à entrer dans l’une des tavernes pour mettre la main au collet d’une bande de
malandrins. Le doigt sur les lèvres, il fit halte au bout d’une ruelle.
    – La rue de l’Enfer, mon frère, souffla-t-il. Le
jour, pas de danger, mais les démons apparaissent dès la nuit tombée.
    Comme pour corroborer ses dires, un groupe de nains et
de nabots, d’à peine plus de trois pieds de haut, jaillirent d’un portail et
encerclèrent le coroner en sautillant tels des enfants dissipés. Ils portaient
des oripeaux bariolés et des pièces d’armure dépareillées. L’un d’entre eux
était coiffé d’un petit casque. Un autre tenait un écu. Ils acclamèrent Sir
John, comme des écoliers saluant leur maître préféré. Athelstan reconnut les « Pygmées »
qui habitaient le Château des Rats, des gnomes qui vivaient ensemble pour leur
sécurité. Il était notoire qu’ils louaient leurs services aux

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