Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
Vom Netzwerk:
de
compassion.
    – Bon, Sir Maurice, commença-t-il, vous vous
prétendez innocent et je vous crois, même si, plus tard, je vous demanderai de
prêter serment. Pourtant, en premier lieu, vous ne devez point blâmer Sir
Thomas Parr. Nombreux sont ceux qui, apprenant votre engagement avec Lady
Angelica, ont dû ressentir de l’aigreur et de la jalousie, voire de la haine, en
voyant que vous osiez aspirer si haut. Vous êtes aussi un héros, responsable de
la prise et de la destruction de deux vaisseaux français en maraude. Vous avez
vous-même affirmé que vous soupçonniez que votre visite ici, hier, était une
farce, une plaisanterie montée de toutes pièces par des gens de la maison de
monseigneur de Gand. Mais il y a d’autres personnes, dans la cité, comme
monsieur Charles de Fontanel, l’émissaire français. Lui aussi, sans doute, s’intéresse
beaucoup à vos faits et gestes. Alors, de grâce, tenez votre langue : ne
fustigez personne et ne lancez pas d’accusations qu’on ne peut étayer.
    – En attendant, proposa Sir John en s’avançant et
en lui tendant la gourde miraculeuse, allez, buvez !
    Le chevalier avala une large rasade, imité par le
magistrat. Le dominicain refusa d’un signe de tête quand du vin lui fut offert.
    – Je n’ai pas encore mangé, Sir John.
    – Oh, bon, à votre guise ! Nous avons d’autres
questions à poser pour l’heure. Pourquoi êtes-vous allé chez Vulpina pour
acquérir un philtre d’amour et du poison ?
    Sir Maurice toussa et se cacha le visage dans les
mains.
    – Vous vous y êtes bien rendu, n’est-ce pas ?
insista Athelstan avec douceur.
    Le jouvenceau poussa un profond soupir.
    – Vulpina est fort connue parmi les courtisans. Je
serai franc : quand Sir Thomas m’a renvoyé, j’ai cru mourir. Je suis allé
la voir afin de me procurer une potion. J’ai été assez niais pour penser que
cela apaiserait les passions qui me déchiraient. Cette femme, rusée, retorse et
méchante, m’a inspiré de la haine. Elle se gabait de moi sous cape, ricanait
avec ses gardes du corps pendant que je faisais affaire. J’étais fort mal à l’aise.
J’ai aussi demandé du poison.
    – Pour occire les rats dans votre chambre ? intervint
Athelstan.
    – De grâce, mon père, n’essayez pas de me piéger !
Monseigneur de Gand a ses propres tueurs de rats. Je l’ai acheté parce que j’avais
honte d’être là-bas, expliqua-t-il en soupirant.
    – Il me semble que vous êtes deux choses, Sir
Maurice, remarqua le dominicain en souriant. Un vaillant soldat et un fort
mauvais menteur. Ce que vous m’avez narré est si maladroit, si mal préparé, que
ce doit être vrai, mais Dieu seul sait où cela nous conduira !
    – Il faut que je voie Angelica. Je vous en prie, aidez-moi !
s’écria le jouvenceau en saisissant la main du dominicain.
    Ce dernier jeta un coup d’œil à son ami mais le
coroner paraissait abattu et fit un geste de dénégation.
    – Si j’étais dominicain… dit Sir Maurice.
    Athelstan libéra sa main et se dirigea vers la fenêtre.
    En bas, dans la cour, les palefreniers commençaient
leur travail quotidien. Ils sortaient les chevaux et, munis de grands râteaux, retiraient
la paille souillée des écuries. Une idée traversa l’esprit du prêtre mais le
moment de la mettre à exécution n’était pas encore venu.
    – Nous avons examiné le cadavre, fit-il remarquer
d’une voix posée. Nous connaissons la vérité et nous ne pouvons guère faire
grand-chose de plus. Sir Maurice, avez-vous acheté de la provende pour les
prisonniers d’Hawkmere ?
    – Je vous l’ai déjà dit, mon père. Je me rends à
Cheapside avec l’un des intendants du régent. Je fais juste l’emplette du
nécessaire et une carriole l’emporte au château.
    – Et vous n’avez rien à voir avec les captifs
eux-mêmes ?
    – Vous les avez rencontrés : ils s’intéressent
à moi aussi peu que moi à eux.
    – Ce qui signifie ?
    – Monseigneur le régent les retient pour toucher
la rançon, mais, à mes yeux, ce ne sont que des pirates. Ils étaient peut-être
chargés de missives de leur roi à Paris mais ils ont attaqué des cogghes
anglaises et tué leurs équipages. Je les aurais pendus sur-le-champ !
    – Sir John Cranston ! Sir John Cranston !
    Athelstan jeta un regard dans la cour.
    Un sergent armé de la baguette blanche de son office
se tenait sous la fenêtre.
    – Qu’y a-t-il ? s’enquit Athelstan.
    – On a

Weitere Kostenlose Bücher