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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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besoin de messire le coroner à Whitefriars. C’est un message du
Guildhall : le logis d’une femme, Vulpina, a été brûlé de fond en comble
et on a découvert ses restes.

CHAPITRE IX
             Sir John
Cranston contemplait avec tristesse les vestiges carbonisés et malodorants de
ce qui, autrefois, avait été sa taverne favorite. Dizainiers et baillis
tenaient à distance la foule des mendiants et des passants qui s’étaient
assemblés pour regarder l’endroit, bouche bée, et chercher ce qu’ils pourraient
ramasser. Les trois corps retirés de la maison brûlée gisaient à présent sous
une toile souillée.
    – J’ai l’estomac bien accroché, assura-t-il. Soulevez-la !
    Le bailli, masqué de noir, les yeux larmoyants, saisit
le drap.
    – Elle n’est point belle à voir, Sir John.
    – Elle ne l’était pas de son vivant, alors quelle
différence cela fait-il ?
    L’homme obtempéra. Athelstan se détourna, la main sur
la bouche. Les cadavres n’étaient plus que chair calcinée et meurtrie de la
tête aux pieds. Les yeux avaient fondu, la peau, autour de la figure, s’était
racornie, leur donnant l’air de gargouilles grotesques.
    – Étaient-ils morts quand le feu s’est déclaré ?
interrogea le dominicain.
    – Morts ou ivres. Dieu sait ce qui s’est passé !
    Le bailli retourna l’un des cadavres. Le carreau de bois
avait brûlé mais Athelstan distingua l’embout d’acier profondément fiché dans
la chair carbonisée. Le coroner s’éloigna de quelques pas. Athelstan et Sir
Maurice le suivirent, leurs bottes crissant dans la cendre noire. Des
étincelles flottaient encore dans l’air saturé de fumée âcre.
    – Et tout a brûlé avec elle, n’est-ce pas ? soupira
le prêtre. Les registres de potions et de philtres sont tombés en poussière.
    Il retourna dans la cour.
    – Qu’en pensez-vous, Sir John ? s’enquit le
bailli.
    – C’est sans doute un meurtre, répondit ce
dernier. Mon frère ?
    Athelstan examina le désastre.
    – Il est probable que quelqu’un a rendu visite à
maîtresse Vulpina hier soir, mais il est vain de leur demander ce qu’ils savent,
répondit-il en désignant les pendards et vauriens qui les regardaient
par-dessous, navrés que Vulpina, jadis la reine et la patronne de ces venelles
nauséabondes, ne fût plus parmi eux.
    Le dominicain haussa les épaules.
    – On a occis Vulpina et deux de ses hommes. Un peu
d’huile et un brandon ; comme vous le faisiez remarquer, Sir John, ces
bâtiments sont vieux et secs. Ils brûlent comme chaume sous le soleil.
    – Messire le coroner !
    Cranston se retourna pour voir qui l’interpellait. Un
petit homme aux joues roses et aux yeux bleu clair se tenait derrière lui. En
voyant son visage rasé et ses cheveux blancs duveteux, Athelstan pensa à un
chérubin vieilli. Un peu plus loin, trois soldats, portant la livrée royale, attendaient,
la main sur la garde de l’épée, le casque conique d’acier scintillant, le
visage presque entièrement dissimulé par le large nasal.
    – Par exemple ! s’exclama Sir John en
tendant la main. Frère Athelstan, puis-je vous présenter Gervase Talbot, un
homme moins innocent qu’il n’en a l’air.
    Un amateur de bon clairet, rusé et astucieux comme un
goupil. Autrefois clerc principal à la chancellerie d’Edouard, le Prince Noir, de
glorieuse mémoire.
    Talbot se mit sur la pointe des pieds pour échanger
une accolade avec le coroner. Il fit de même ensuite avec le prêtre qui sentit
une odeur de savon castillan et un léger parfum de femme. Si la main de Talbot
était douce, sa poigne n’en était pas moins ferme.
    – J’ai ouï parler de vous, frère Athelstan, dit Gervase
à mi-voix en regardant l’incendie derrière lui. Ainsi maîtresse Vulpina est
allée retrouver son créateur, n’est-ce pas ? Que Dieu l’absolve : elle
aura grand besoin de sa merci. Une femme malfaisante…
    – Gervase, nous sommes dimanche, vous devriez
être dans votre cortil 9 à soigner vos roses ou à chanter l’une de vos chansons. Gervase a une belle
voix, expliqua Sir John.
    – Je suis toujours maître des chœurs à l’église
St Oswald, précisa Gervase en glissant les mains dans ses manches. Mais allons
ailleurs, Sir John ; céans, la fumée m’irrite la bouche et m’abîme la
gorge.
    Sir John et Athelstan le suivirent vers l’entrée d’une
ruelle. L’un des soldats remonta sur-le-champ la venelle pour s’assurer qu’il

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