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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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s’exclama Sir Maurice. C’est l’œuvre
de Sir Thomas Parr !
    – Mais c’est fort maladroit, remarqua le coroner.
Sir Thomas est un homme qui peut faire appel à une armée de serviteurs et
ourdir les stratagèmes les plus subtils.
    – Il est vrai que c’est malavisé, approuva le prêtre.
Jeune homme, dit-il en s’approchant du chevalier, nous avons des questions à
vous poser et bien des choses dépendent de vos réponses. Nous sommes en face d’une
méchante et intelligente ruse. Sir John et moi pouvons prouver qu’Anna Triveter
ne vient pas plus de Douvres que nous n’avons fait le voyage de Jérusalem. Mais
c’est parce que nous sommes tous deux entraînés dans l’art de l’observation, de
la logique et de la déduction. Nous sommes d’habiles chasseurs des fils de Caïn,
ceux qui tuent dans les ténèbres puis surgissent à la lumière, s’essuient les
lèvres et soutiennent qu’ils n’ont point mal agi.
    Il fit un geste vers la dépouille.
    – Mais pour le béjaune, voici une jeune dame qui
prétend vous être attachée. Elle vient de Douvres et, parce que vous l’avez
abandonnée, se tue. Alors je voudrais vous poser quelques questions, même si
vous avez déjà répondu à certaines. Avez-vous rencontré cette damoiselle
auparavant ?
    – Non, mon père, sur mon âme !
    – À Douvres, vous avez bien fréquenté une
jouvencelle prénommée Anna ?
    – Oui, une ribaude. J’ai été absous de mon péché
et ai fait pénitence, répondit le chevalier en s’humectant les lèvres. Je vous
supplie de considérer que cet aveu est fait sous le sceau de la confession. C’était
avant que je rencontre Lady Angelica. Depuis lors, je n’ai plus eu d’yeux que
pour elle. Ma vie a été chaste, mon esprit et mon âme purs.
    Il parlait avec tant de passion que le dominicain ne
douta plus de ses dires.
    – Très bien, dit-il en resserrant la corde qui
ceignait sa taille et en effleurant les trois nœuds dont chacun lui rappelait
un vœu – pauvreté, chasteté et obéissance. Voici donc Anna Triveter qui, sans
être annoncée, entre dans le drame. Nous savons que c’est une ribaude. Pourtant,
elle vient céans et se proclame votre épouse arrivant de Douvres. Elle nettoie
ses bottes et donne ses habits de voyage à laver parce qu’elle désire cacher le
fait qu’elle n’arrive sans doute que d’un des quartiers de Londres. Elle a été
engagée par quelqu’un qui la tue, hisse son corps au bout d’une corde, laisse
un message pour qu’il soit lu par tout le monde, puis se glisse dehors. Entendu ?
    Sir Maurice acquiesça.
    – Pourquoi donc vous être rendu à l’auberge hier ?
demanda Athelstan.
    Il leva la main.
    – Je vais vous le dire. Un messager, arrivé au
palais de Savoy, vous a appelé, n’est-ce pas ?
    – Un des plus anciens stratagèmes au monde, fit
remarquer le coroner.
    – C’était un jeune garçon, un mendiant, répondit
le chevalier. Il est venu au Savoy à peu près deux heures après que je vous ai
quittés. Les gardes l’ont arrêté mais il a expliqué qu’il était porteur d’un
message important. Je suis descendu et l’envoyé, un gamin des rues, m’a dit qu’à La Lampe d’or quelqu’un m’attendait de la part de
Lady Angelica.
    – Ah ! s’exclama le dominicain. Cela confirmerait
mes soupçons. Continuez !
    – Je n’ai pas réfléchi davantage. Je suis venu
ici, ai commandé un pichet de bière et suis resté une heure à peu près.
    – N’avez-vous pas essayé d’interroger quelqu’un ?
questionna Sir John.
    – En arrivant à l’auberge, mon ardeur s’était
déjà refroidie. Je me suis demandé s’il n’y avait pas tromperie. Était-ce un
piège ? J’ai donné mon nom à la servante et précisé que j’attendais une
visite. Le temps a passé. J’ai fini ma bière et je suis parti, furieux de ce
mauvais tour.
    Il se gratta le crâne.
    – Je ne savais qui blâmer. Ce genre de
mesquinerie était indigne de Sir Thomas Parr. J’ai pensé que ce pouvait être l’un
de mes compagnons de la maisnie de monseigneur le régent qui avait inventé une
attrape, une farce pour passer le temps.
    Le coroner s’approcha et, saisissant les couvertures, entreprit
d’en couvrir le cadavre.
    – Vous voyez bien que je suis innocent ! s’écria
Sir Maurice.
    – Oh, je modifierai mon verdict. Mais ne
comprenez-vous pas, Sir Maurice ? Frère Athelstan et moi connaissons la
vérité, cependant, qu’en pensera le

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