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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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coup d’œil sur la bougie des heures 10 sous son globe de verre.
    – Entrez, ne perdons pas de temps.
    Gervase appela un clerc qui apporta des tabourets
supplémentaires garnis de coussins matelassés. On servit du vin blanc, ainsi
que des fruits et des noix dans des coupelles d’argent. Athelstan regarda
autour de lui. Mis à part une petite cheminée, tous les murs étaient couverts d’étagères
chargées de piles de sacoches de cuir étiquetées et rangées avec soin. Une
grande fenêtre, au fond de la pièce, laissait entrer la lumière. Les chandelles,
sur des supports de bronze fixés à la paroi, étaient coiffées de
pare-étincelles.
    – C’est ma seconde demeure, fit remarquer Gervase
en suivant le regard du dominicain et en s’asseyant. C’est ici qu’on apprend
les ragots de toutes les cours. Qui est en faveur en Avignon ? Quel
cardinal acceptera des pots-de-vin ? Qui a été élu au Conseil des Dix à
Venise ? Quel courtisan prend de l’ascendant à Paris ?
    Il leva son gobelet.
    – Je vous confie des secrets.
    Le régent l’interrompit :
    – Avant de commencer. Sir Maurice, j’ai eu vent
de l’affaire à La Lampe d’or .
    Il sourit.
    – Ou plutôt, maître Gervase me l’a narrée. Sir
John, vous y êtes-vous rendu ?
    – Oui, monseigneur, et Sir Maurice est innocent
comme l’agneau qui vient de naître. C’est une intrigue subtile et malveillante
destinée à le perdre dans le cœur de sa bien-aimée.
    – Ce n’est point là le genre de Sir Thomas Parr, intervint
Talbot. J’ai ouï parler de votre mésaventure, Sir Maurice, ajouta-t-il avec un
sourire compréhensif.
    – Il y a peut-être un lien, dit Jean de Gand, en
plissant les yeux tandis qu’un sourire fendait son beau visage et en feignant
de menacer le chevalier du doigt. Les Français ne vous aiment guère, Sir
Maurice. Le St Sulpice et le St Denis étaient deux de
leurs plus beaux vaisseaux.
    – Pensez-vous qu’ils auraient pu tramer l’affaire
de La Lampe d’or par pure rancune ? s’enquit Sir
Maurice, plein d’espoir.
    – Il se peut, il se peut. Mais écoutons donc ce
que maître Gervase a à nous apprendre.
    – J’ai été dérangé fort tôt ce matin, commença
Talbot. Pompfrey était tout agité. C’est mon épagneul, précisa-t-il. Un
marchand venait d’arriver de France ; son nom et son statut ne vous
concernent pas mais c’est un bon imagier, un dénicheur de secrets. Il fréquente
souvent les tavernes d’Ile-de-France où il côtoie les clercs de la chancellerie
française.
    – Il est aussi bien payé, commenta Gand d’une
voix rogue.
    Gervase sourit du bout des lèvres.
    – Bien entendu, monseigneur. Mais il risque d’être
occis ou estropié. L’argent et l’or ne remplacent ni les jambes ni les bras
roués à Montfaucon, pas plus qu’ils ne vous font revenir du gibet quand on vous
y a pendu.
    Athelstan baissa la tête pour dissimuler son sourire. Cet
homme calme au discours mesuré qui paraissait se méfier autant que lui du
régent lui plaisait bien.
    – Donc, mon ami de Paris était dans tous ses
états. Il avait quitté la ville quelques jours plus tôt pour se rendre à
Boulogne puis à Calais. Bien que nous ayons signé une trêve avec la France, il
devait s’assurer qu’il n’était pas suivi. Les Français disposent d’un maître
espion sur lequel nous savons quelques petites choses. Il se fait appeler
Mercure, d’après le dieu grec. C’est un nom qui lui va bien. Il est dissimulé, rusé,
capable de changer d’apparence. Ce n’est pas seulement un espion mais aussi un
assassin fort adroit. Nous avons eu des échos de ses exploits dans les cités du
nord de l’Italie, Pise, Gênes, Venise. L’année dernière, il se trouvait en
Allemagne, où il accomplissait certaines tâches pour ses maîtres de Paris.
    – À savoir ? s’enquit Athelstan.
    – Espionnage, vente de secrets et, surtout, meurtre.
Un clerc de la chancellerie française s’est rendu au vu et au su de tout un
chacun en pèlerinage à la châsse des Rois mages, à Cologne. Ce qu’il n’avait
pas dit à ses maîtres, à Paris, c’est qu’il emportait avec lui quelques
informations secrètes qu’il a vendues aux bourgeois de Cologne. Elles
concernaient le commerce : ces renseignements pouvaient permettre d’avoir
la haute main sur le marché des vins. Il existe une profonde rivalité entre les
vignobles de France et ceux d’Allemagne. Le clerc fut bien récompensé. Certes,

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