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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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près de la peau, vous verrez des
traces de vernis. Ses cheveux sont beaux, brillants et roux, mais il y a des
restes de teinture aux racines. Son corps est marqué de petites coupures sur le
dos. Des zébrures qui remontent à quelque temps. Je pense qu’elle a été
fouettée ou passée par des verges de bouleau, soit en guise de châtiment soit
par plaisir, continua Athelstan. Je ne sais. Cela suffit pour affirmer, Sir
John, Sir Maurice, que ce n’est point une damoiselle de bonne naissance.
    – Mais, questionna le coroner, que s’est-il passé ?
    – C’est une gueuse. Venue ici pour jouer son rôle.
On lui a donné des habits de rechange, une paire de fontes et un peu d’argent. Elle
est descendue à La Lampe d’or et, suivant les instructions, a
envoyé ses vêtements à la buée et a nettoyé ses bottes.
    – Bon, mais pourquoi ? insista Cranston.
    – Oh, Sir John, vous avez souvent voyagé entre
Douvres et Cantorbéry.
    – Bien sûr. En été, le chemin des pèlerins est
blanc de craie. Elle s’accroche à votre chape. J’ai vu des voyageurs si
poussiéreux qu’on les aurait dits couverts de neige !
    – Tout juste, Sir John. Elle a donc donné ses
effets à laver et a décrassé ses souliers.
    Il jeta un regard à Sir Maurice. Le jeune chevalier, bouche
bée, avait le regard fixe ; de temps à autre. ses yeux se tournaient vers
le corps qui se figeait sur le lit.
    – La taverne est bien achalandée, reprit
Athelstan. Les gens vont et viennent, surtout le samedi. La pauvre Anna, qui n’espérait
pas pouvoir gagner autant d’argent sans peine, s’est allongée. Elle a obéi aux
ordres et attend les suivants. L’assassin entre. Il ferme et verrouille la
porte derrière lui et s’approche de la couche. Anna dort, elle se réveille et
se débat mais la main du meurtrier, ou plutôt un garrot, lui serre le cou. Elle
meurt avant d’avoir pu reprendre tout à fait ses esprits. Le tueur est
intelligent. Il ne dérobe pas d’argent mais prend le couteau dont elle était
munie et coupe un morceau de corde. Un bout autour de la poutre, l’autre autour
du cou de la malheureuse. Elle reste là, pendue. La corde est épaisse et
rugueuse. Les ecchymoses et la décoloration de la mort cachent la vraie cause
du trépas : l’étranglement par garrot.
    – Et l’assassin ? interrogea Sir Maurice.
    – Oh, il devait être encapuchonné et déguisé. Il
a sans doute attendu que la cour en bas soit vide. Puis il est allé à la
fenêtre.
    – Mais les volets étaient fermés !
    Athelstan traversa la pièce.
    – Sir John m’a appris que c’était l’une des ruses
les plus simples de la guilde des larrons. L’homme a rabattu un des côtés du
contrevent, a grimpé sur le rebord, a tiré l’autre battant derrière lui, et s’est
laissé tomber sur le sol.
    – N’aurait-on pu le voir ou même l’arrêter ?
    – Sir John, il ne fallait qu’un instant pour s’enfuir
et se perdre dans une venelle de la ville. D’ailleurs, qui aurait été assez
courageux pour l’affronter ?
    – Et le message ?
    – Oh, avant de partir, le meurtrier a laissé la lettre
d’amour près de la dépouille. Encore un détail. Sir Maurice, vous êtes expert
en chevaux. Allez donc à l’écurie examiner de près le palefroi avec lequel
cette jouvencelle est censée avoir fait tout le chemin depuis Douvres et
revenez nous rendre compte de ce que vous avez découvert.
    Le chevalier sortit en hâte.
    – C’est la première fois que je le vois s’animer,
constata le coroner en refermant l’huis. Croyez-vous vraiment, Athelstan, que
cette pauvre femme a été trucidée ?
    – Voyez vous-même, Sir John. Regardez les cheveux,
les ongles, le cou.
    – C’est vrai, dit-il en soulevant les doigts. Il
y a des restes de vernis au bord du pouce.
    Il inspecta la chevelure puis, avec soin, le cou
horriblement meurtri par la corde. Il en avait à peine terminé quand Sir
Maurice revint. C’était la première fois que le dominicain le voyait sourire.
    – Mon père, je peux vous dire, annonça-t-il en se
frottant les mains, que le palefroi est un solide petit bidet mais qu’il n’a
pas plus que moi fait le chemin depuis Douvres. Les sabots viennent d’être
ferrés.
    – Ç’aurait pu être fait en parvenant à Londres, objecta
le magistrat.
    – Je ne pense pas, Sir John, répliqua Athelstan. J’ai
le sentiment que la pauvre Anna Triveter n’a pas parcouru plus d’un mile.
    – Parr !

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