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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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périr. Quarto
– il se frictionna les mains –, il y a la mort de cette femme à La Lampe
d’or. C’est certainement l’œuvre de quelqu’un qui veut discréditer le
pauvre Maltravers. Quinto , le trépas de Maneil, le Français, mais, cette
fois, on le supprime avec un carreau d’arbalète et non avec un toxique. Cependant,
ni les prisonniers d’Hawkmere ni les gardes ne possèdent d’arbalète. Et qui d’autre
avait pénétré dans le château, mis à part moi-même, Cranston et Maltravers ? Sexto, on a attaqué Sir Maurice hier soir. Il est convaincu que Sir
Thomas Parr a organisé le guet-apens, mais moi pas. Parr ne s’abaisserait pas à
ça, et il ne ferait jamais quelque chose qui le rendrait si vulnérable.
    Athelstan tourna la tête pour profiter du soleil.
    – Et qu’ai-je encore, mon chat, mon cher
compagnon d’armes ? Ah oui, tu as raison. Les fils lâches. Comment Routier
a-t-il su par où il pouvait fuir ?
    Ils sursautèrent tous deux quand la trappe s’ouvrit. Bonaventure
bondit sans hésiter dans le giron de son maître. Athelstan se crispa puis il se
détendit quand Sir John apparut, un sourire fendant d’une oreille à l’autre sa
large figure rubiconde, les moustaches en bataille.
    – Je me suis dit que vous deviez être là-haut.
    – Sir John, le prévint Athelstan en levant la main,
n’essayez point de passer par cette trappe. Vous êtes beaucoup trop… hum… beaucoup
trop grand.
    Il crut un instant que le coroner ne tiendrait pas
compte de son observation. Le dominicain l’imagina coincé dans l’étroite
ouverture et devant être libéré par les membres de la paroisse. Le magistrat, pourtant,
eut le bon sens de suivre son conseil.
    – J’ai vu Maltravers et ce bon à rien de Godbless.
Ils m’ont narré ce qui s’était passé hier.
    Les yeux bleus d’acier du coroner lancèrent des
éclairs de courroux.
    – J’aurais voulu être présent, Athelstan. J’aurais
été féroce comme un mastiff et vif comme un faucon fondant sur sa proie. Maltravers
est toujours persuadé que c’est l’œuvre de Parr.
    – Je sais, je sais, Sir John, mais, pour l’amour
de Dieu, descendons !
    En le regardant sautiller avec aisance dans l’étroit
escalier à vis, Athelstan s’étonna de l’agilité dont le très corpulent
magistrat faisait toujours preuve. Bonaventure dans les bras, il suivit son ami
qui l’attendait sous le porche de l’église.
    – N’allons pas au presbytère, gémit ce dernier. Si
Godbless continue à m’étourdir de ses discours, je vais le tuer, et Maltravers
semble se languir plus encore que d’habitude.
    –  Le Cheval pie, suggéra Athelstan. J’ai
envie d’un pichet de bière et peut-être d’une tourte. Êtes-vous d’accord, Sir
John ?
    Le coroner descendit les marches à grandes enjambées
et il était déjà au milieu de la rue avant qu’Athelstan le rattrape.
    Sir John saisit l’épaule de son secrétaire.
    – Vous pensez que ces assassins ont été dépêchés
par Mercure, n’est-ce pas ? Bon, j’ai des nouvelles à vous annoncer, mais
ça attendra.
    Ils pénétrèrent dans la taverne. Sir John lança des
injures bonasses aux quelques ouailles du prêtre installées autour des grandes
tables de bois. Joscelyn, le tavernier, leur désigna d’un geste des places près
de la fenêtre. Par les croisées ouvertes, le délicieux parfum des fleurs
entrait par bouffées. L’aubergiste manchot apporta des chopes de bière fraîche
de Londres et une tourte découpée. Il insista pour les servir lui-même, déposant
les morceaux sur des tranchoirs de pain bien cuit.
    – Vous souvenez-vous de cette fille ? commença
le magistrat en claquant des lèvres. Celle que nous avons retrouvée pendue à La Lampe d’or  ? Eh bien, elle ne s’appelle pas Anna Triveter. On la
connaissait mieux dans St Mary Axe Street, tout près de l’auberge Pountney ,
sous le nom de Beatrice Baisse Bache 12 .
C’était une discrète catin plutôt distinguée qui parfois s’habillait en nonne
pour satisfaire sa clientèle.
    – Plaît-il, Sir John ?
    – Oh, croyez-moi, mon frère ! Dans ce
quartier de la ville, si vous avez de l’argent, une gueuse peut jouer le rôle
que vous voulez : nonne, comtesse ou même dominicaine !
    – Ne blasphémez pas, Sir John !
    – Cette chère Beatrice a disparu il y a quelques
jours, continua le coroner avec allégresse. C’est du moins ce que m’ont appris
les nains. En tout cas, je me suis rendu

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