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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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tout en
lançant un coup d’œil à la mêlée puis au dominicain. Athelstan s’empara d’un
tabouret. Le tueur se redressa avec peine. Athelstan projeta la sellette, son
adversaire l’esquiva et le prêtre manqua sa cible. Ce fut alors que Godbless
entra en poussant la porte qui frappa l’agresseur et le fit basculer en avant.
    Bonaventure était à présent perché sur la table, le
poil hérissé et crachant de fureur. Thaddée s’était relevé et enfui dans un
coin. Sir Maurice et Crâne Rasé combattaient corps à corps, épées et poignards
bloqués, chacun cherchant à prendre l’avantage. Athelstan s’empara d’une autre
sellette mais le mendiant la lui arracha des mains. Quand le tueur blessé
pivota,
    Godbless visa sa tête. Le religieux ferma les yeux :
le tabouret toucha l’assassin en plein front avec un bruit mat. L’homme s’effondra.
Avant que le dominicain puisse réagir, Godbless, dague en main, se pencha sur l’assaillant
et, d’un large geste, lui trancha la gorge d’une oreille à l’autre. À ce moment,
Sir Maurice recula. Athelstan crut que le combat se prolongeait. Crâne rasé
était accroupi, l’air étonné, les lèvres entrouvertes. Il fit un pas en avant
en tenant toujours ses armes. Athelstan vit une grande tache noire sous son
cœur ; une écume bouillonnante apparut à la commissure de ses lèvres.
    – Pour l’amour de Dieu ! haleta l’homme.
    Ses yeux roulèrent dans leurs orbites et il lâcha ses
armes.
    Sir Maurice s’avança et lui plongea sa dague dans le
cou. L’agresseur s’effondra sur les genoux. Du sang jaillit de ses blessures à
la poitrine et à la gorge. Il poussa un gémissement et tomba à plat ventre.
    Athelstan s’aperçut qu’il ne pouvait maîtriser son
tremblement. Il prit Bonaventure, une sellette, s’assit devant le feu et se mit
à caresser le matou. Sir Maurice disait quelque chose mais il ne comprenait pas
un mot. Godbless lui tapota l’épaule.
    – Ça va ? C’est toujours comme ça quand on a
versé le sang.
    – C’est ma maison, répondit le dominicain sans
pouvoir retenir ses larmes. C’est ma maison. Je demeure ici avec Bonaventure.
    Sir Maurice vint s’accroupir près de lui. Il remplit un
gobet de vin qu’Athelstan but à petites gorgées.
    – Oui, c’est votre maison, dit-il d’une voix
douce.
    – Les avez-vous occis ?
    – Oui, mon frère, j’en ai tué un. Et Godbless a
abattu le deuxième.
    – Non, non, je veux parler des Français, à
Hawkmere. Les avez-vous tués ? s’enquit le prêtre en secouant la tête et
en reposant Bonaventure au sol.
    – Nenni. Vous le savez.
    Athelstan frissonna.
    – Je suis navré, chuchota-t-il. J’ai déjà vu
périr des hommes mais… – il avala une rasade de vin – je voudrais que le vieux
John soit là !
    – Je peux l’envoyer quérir.
    – Non, non, protesta le dominicain en posant son
gobelet. Je tremble comme une jouvencelle !
    Il se leva et, malgré les objections de ses compagnons,
s’agenouilla devant le corps des assassins pour leur administrer les derniers
rites. Les hommes étaient recroquevillés sur le plancher. Ils étaient
pitoyables, à présent, visages vides, yeux sans regard, mares de sang autour de
la tête.
    – Si Dieu peut vous pardonner, je le peux aussi, déclara-t-il.
    Le mendiant s’empressa de fouiller les maigres biens
des tueurs, mais ne trouva que quelques pièces que le prêtre lui suggéra de
garder. Ils enveloppèrent ensuite les cadavres dans leurs manteaux et les
portèrent à l’extérieur. L’orage était passé et la pluie avait cessé. Ils
déposèrent les deux dépouilles au seuil du cimetière.
    – Nous les enterrerons demain, annonça Athelstan.
Nous pouvons les ensevelir dans le fossé creusé par Pike et Watkin.
    Sir Maurice prit alors la situation en main et insista
pour qu’Athelstan, Bonaventure et Thaddée se rendent dans l’église.
    – Je peux vous aider, protesta le dominicain.
    – Non, non, mon frère, c’est à moi qu’en
voulaient ces hommes. C’est la moindre des choses que je nettoie votre maison.
    Athelstan ouvrit la porte et, suivi des deux animaux, entra
dans l’église. Il monta vers le chœur et, prenant quelques coussins dans un
coffre de la sacristie, s’assit, les bras croisés, et contempla la lumière
rouge et clignotante de la lampe. Il tenta de prier pour lui-même, pour Sir
Maurice, pour Sir John et pour ces deux malheureuses âmes qui avaient été
expédiées dans

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