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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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à St Mary Axe Street pour m’entretenir
avec Peterkin le fripon. C’est un lanternier 2 , un coquin lubrique
qui entraîne les jeunes femmes à la rue et, en échange de sa protection, les
pousse à vendre leur corps. Bon, Peterkin ne voulait point me parler. Mais
quand je lui ai eu cogné la tête deux ou trois fois contre le mur, il s’est
souvenu que deux étrangers l’avaient abordé. Comme ils étaient emmitouflés et
encapuchonnés, il ne saurait dire de qui il s’agissait mais ils lui ont donné
un argent de bon aloi pour Béatrice et l’ont emmenée.
    – Deux hommes ? releva Athelstan.
    – Oui, deux. Mais écoutez ça, mon frère : leurs
voix étaient assourdies par des masques, mais ils étaient fort bien équipés et
sans nul doute anglais. Quoi qu’il en soit, ils sont partis avec Beatrice et c’est
la dernière fois que Peterkin l’a vue. Puis je suis allé au Savoy pour
rencontrer monseigneur le régent. Je lui ai narré ce qui s’était passé à
Hawkmere. Savez-vous, mon frère, que Gand dissimulait le bas de sa figure
derrière sa main ? Je suis sûr qu’il se gaussait de moi !
    Athelstan s’appuya contre le lambris et regarda dans
le jardin. Il se remémora ses soupçons antérieurs contre Jean de Gand. Le
régent se réjouissait-il en silence de ce qui se passait ? Tout cela
était-il un jeu organisé par cet esprit subtil et rusé ? Cranston et
lui-même n’étaient-ils que des marionnettes dont on tirait les ficelles ?
    – Est-ce possible, Sir John ? questionna le
prêtre en serrant sa chope entre ses mains.
    – Tout est possible, Athelstan. C’est vous qui l’avez
dit.
    – Non, je veux dire, se pourrait-il que Gand fasse
supprimer les prisonniers pour obliger Mercure à apparaître au grand jour ?
    – Frère Athelstan ! Frère Athelstan !
    Celui-ci se retourna. Godbless, tenant une flèche, entra
en trottinant dans la grand-salle, Thaddée sur ses talons.
    – Par les mamelles de Satan ! grogna le
coroner. Que veut-il ?
    Le mendiant fixa les chopes en se pourléchant.
    – Trois autres chopes ! cria Sir John. Non, à
la réflexion, apportez-en quatre : une pour ce maudit bouc !
    L’arrivée de Thaddée fit sensation. Un chien bâtard
surgit du jardin mais, quand le bouc baissa la tête, il changea d’avis et
battit en retraite.
    – Où as-tu trouvé cette flèche, Godbless ?
    Ce dernier la tendit. Longue d’un peu plus de trois
pieds, le bois en était lisse et blanc, la pointe brillante et acérée, et les
plumes d’oie teintes en orange. Godbless attendit que les boissons fussent
servies et s’installa sur un tabouret. Il prit sa chope et permit à Thaddée de
laper l’autre.
    – Les boucs ne sont pas censés boire dans mes
chopes ! s’insurgea Joscelyn.
    – Je ne dirais pas ça trop fort, rétorqua
Godbless. Si c’était le cas, vous n’auriez plus un chaland !
    Joscelyn regarda Athelstan.
    – Cet animal est propre, expliqua le dominicain. Je
vous en donne ma parole, Joscelyn !
    Le tavernier s’éloigna en maugréant entre ses dents. Sir
John se pencha, nez à nez avec Godbless.
    – Où as-tu trouvé cette fichue flèche ? Et
qu’y a-t-il de si important ?
    – Connaissez-vous le cimetière autour de St
Erconwald ? Eh bien, Thaddée, ici présent, aime bien ramasser des choses. Vous
savez à quel point il est curieux.
    Relevant la tête, le petit bouc lança un regard
affectueux au magistrat.
    – Et Thaddée l’a trouvée là-bas ?
    – Exact, tout près du sycomore.
    – Bon, en voilà assez !
    Athelstan vida sa chope et se leva. Il s’empara de la
flèche et quitta la taverne, un coroner perplexe, Godbless et Thaddée un peu
éméché lui emboîtant le pas. Athelstan emprunta les rues et les ruelles de
Southwark jusqu’à la petite place du marché près du fleuve. Dressé sur la
pointe des pieds, il embrassa les alentours d’un coup d’œil.
    – Ah, le voilà !
    Il se dirigea vers un étal. Son propriétaire était un
homme grand et trapu, à la barbe, à la moustache et aux cheveux blancs. L’enseigne,
au-dessus de l’éventaire, indiquait qu’il s’agissait de Peter le flèchier.
    – Bonjour, frère Athelstan !
    Un sourire éclaira le visage jovial du marchand, qui
sortit de derrière son étalage. Il jeta un regard morne sur ses mains, qu’il
essuya sur son tablier de cuir.
    – C’est la glu ! Toujours la glu !
    – Sir John Cranston, voici l’un de mes
paroissiens, Peter Megoran,

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