Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
de ce ventre que vous m’avez offert et dont il s’est fait complice.
    –  Il me faudra vieillir sans être aimée. Vous m’avez tant donné, Huc, tant appris. Je ne saurai me contenter du semblant de plaisir d’un époux désintéressé.
    –  Il le faudra pourtant. Il le faudra, ma belle, ma douce, ma tendre Antoinette.
    –  Je n’y survivrai pas.
    –  Votre rôle de mère vous y aidera. Laissez-moi à présent. Il ne faut plus que l’on nous découvre ainsi ensemble, jamais.
    –  Je t’aimerai toujours, Huc.
    –  Alors, acceptez ce qui est.
    Elle retenait ses larmes dans un sursaut de dignité.
    –  Si François avait trépassé, ton choix aurait-il été le même ? demanda-t-elle encore en gagnant la porte.
    Elle n’aurait pas supporté sa réponse de face.
    –  Je l’ignore, Antoinette. Mais j’y ai songé, oui, l’espace d’un moment d’insouciance et de bonheur.
    Elle voulait y croire. Elle s’en persuada pour se raccrocher à quelque chose de beau et de vrai. Alors lui apparut une évidence. Si son époux savait, c’était qu’on l’avait renseigné. Elle se souvenait du regard de haine d’Albérie à François. Qui mieux qu’elle avait pu trahir leur secret, pour se venger à la fois de sa rivale et de François lui-même ? Elle avait dû marchander la vie de Huc pour qu’il s’en tire sans vrai dommage. Quoi qu’il en soit, elle avait obtenu ce qu’elle souhaitait. Elle avait récupéré Huc de la Faye, et son nouveau bonheur se justifiait dès lors dans son ignoble geste. Albérie était coupable. Et cette idée la révolta. Le moment venu, elle saurait bien le lui faire payer.
     
    Ce 16 décembre 1515, Isabeau s’appliqua en une révérence gracieuse ainsi que dame Rudégonde l’avait habituée à le faire dès que survenait un client. Et celui-ci, ma foi, était bien le plus bel homme qu’elle ait vu sur cette terre.
    –  La Palice ! Vous ici, mon ami, quel bonheur !
    Isabeau se redressa tandis qu’un élan précipitait Rudégonde vers l’arrivant. Le sire ainsi nommé se décoiffa élégamment d’une main et s’inclina en posant l’autre sur l’épée qu’il portait à la ceinture.
    –  Point de courbette, mon cher, répliqua Rudégonde en riant, embrassez plutôt ces joues que je vous tends.
    Il partit d’un rire frais et s’exécuta avec un plaisir non dissimulé. Isabeau avait bien conscience d’être d’une totale indiscrétion au milieu de ces retrouvailles, mais un œil bleu d’azur la paralysait par-dessus l’épaule de sa patronne. Le capitaine des armées du roi la fixait avec amusement.
    Rudégonde s’écarta de son ancien amant et le désigna d’un ton faussement mondain dans lequel transparaissait tout le plaisir qu’elle avait de son contact.
    –  Isabelle, laissez-moi vous présenter l’homme le plus chanceux de ce royaume, messire Jacques de Ghabannes, seigneur de La Palice.
    Isabeau faillit s’incliner de nouveau, mais quelque chose retint son geste, peut-être ce visage avenant, sans malice, empreint de simplicité. D’ailleurs, comme s’il répondait à son instinct, La Palice glissa :
    –  Dame Isabelle a déjà salué mon entrée discrète en ce lieu, de la plus charmante façon.
    –  Allons, incorrigible charmeur, le gronda affectueusement Rudégonde, oubliez-vous que je veux être la première à profiter de votre prestance et de votre charme ? Vous finirez par me rendre jalouse, l’ami.
    Puis, sans se douter un instant du trouble qu’éprouvait sa commise, elle poursuivit gaiement :
    –  Isabelle est nouvelle ici, mais fort habile. De sorte qu’elle m’assiste en boutique depuis ce lundi et que je me félicite chaque jour de notre entente. J’ai pris l’habitude de lui confier mes clients, mais cela ne vous concerne point, je vous veux pour moi seule, mon cher !
    La Palice cueillit sa main agile et l’embrassa tendrement :
    –  Comment pourrais-je, douce amie, m’écarter d’un élan si chaleureux ?
    –  Méfiez-vous, Isabelle, lança joyeusement Rudégonde en entraînant son ancien galant. Ce coquin a la réputation d’un briseur de cœurs, tout prévenant qu’il soit. Venez donc par là, messire, et contez-moi ce qui vous amène à Paris quand je sais le roi à Milan.
    –  Rien de bien grave, fort au contraire. J’ai l’agréable mission de faire préparer un appartement luxueux pour un peintre dont notre bon roi s’est entiché en Italie. Ce Leonardo da Vinci est d’un

Weitere Kostenlose Bücher