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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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bois. Il prenait un plaisir évident à l’enfoncer dans les morceaux épais pour les diviser et les offrir au brasier.
    –  A travers la pierre philosophale, c’est la jeunesse éternelle qu’espèrent les alchimistes, et l’or bien sûr, l’or en abondance. Moi je désire plus encore. Je veux le pouvoir. Absolu, total. Ce pouvoir invincible que donnent richesse intarissable et éternité. Tu ne peux imaginer comme c’est grisant de concevoir que rien ni personne ne pourrait s’élever contre toi, que le monde pourrait se rouler à tes pieds et lécher tes bottes au risque de se faire écraser par leurs talons au moindre signe de désobéissance. J’exècre la désobéissance. Mais plus encore la trahison.
    Le silence retomba. Huc ne broncha pas. Il était sûr désormais que François savait. Ils étaient calmes cependant l’un et l’autre. La pique rougissait dans les braises, et François ne parvenait pas à en détacher son regard.
    –  Tu m’as bien servi, Huc. Tu n’étais pas d’accord avec mes actes parfois, mais jamais tu ne t’es élevé contre ma voix. Bien sûr tu as épousé cette fille. Avais-tu peur que je m’en prenne à elle ou te sentais-tu coupable de ta lâcheté, prévôt ?
    –  Les deux sans doute. Je l’aime cependant, répondit Huc sans détour.
    –  Ah ! l’amour ! Sotte et ridicule chose, ricana François. Les raisons de ton choix m’indiffèrent au fond. Tu étais loyal, cela seul importait. La soif de pouvoir est comme la soif de vin, impérieuse et grisante. La seule idée d’en perdre la moindre parcelle me fait mal, comme si l’on m’arrachait l’âme. Regarde mon épouse, elle était soumise et respectueuse. Voilà qu’à l’aide d’un prétexte ridicule elle se dresse contre ma volonté et que dans le même temps je tombe malade, comme si le destin voulait me rabaisser, me contraindre. Imagine, Huc, tout ce temps à ne rien faire d’autre que penser, tenter de comprendre pourquoi ce pouvoir brusquement m’avait échappé. Mon épouse est assez triste au lit. L’as-tu révélée ?
    –  Je le crois.
    –  Bien. Tu as bonne réputation. Mon père déjà en faisait état. Était-ce avant ou après l’enfant ?
    –  Après.
    –  Je suis donc le père. C’est une bonne chose. Il faut un héritier aux terres des Chazeron. J’épargnerai mon épouse bien que je sois persuadé qu’elle t’a séduit. Tu n’aurais pas risqué de me déplaire, je le sais.
    –  Je suis pourtant le seul responsable.
    –  Suffit, Huc, je t’ai dit que je l’épargnerai. Il t’est inutile de la défendre. C’est toi que je dois punir et cela m’ennuie. Je devrais te tuer pour m’avoir offensé, or tu me sers bien. Tu as veillé sur moi comme un père, et par deux fois déjà. Je suppose que je te dois la vie. As-tu souhaité ma mort, Huc ?
    –  Je la souhaite encore !
    François ricana de nouveau.
    –  J’aime ta franchise. J’ai de la chance que tu sois guavashé. A ta place, je n’aurais pas hésité si je t’avais porté autan t de haine. Or je n’aime pas assez ma femme pour te haïr de l’avoir prise. Je ne trouverai pas meilleur prévôt que toi. Je mérite pourtant compensation, tu en conviendras. Bien sûr, tu ne t’approcheras plus de mon épouse.
    –  Bien sûr.
    –  L’aimes-tu ?
    –  Non.
    –  Je crois qu’elle t’aime, quant à elle. Je veux qu’elle ignore notre entretien et que tu la repousses. Il n’est rien de pire pour une femme que de croire avoir été flouée dans ses sentiments. Son malheur la rendra docile. Voilà qui est réglé. A ceci près qu’il me faut te prendre en retour ce qui compte le plus pour toi, afin que je sois équitablement vengé, n’est-ce pas ?
    –  Je ne possède rien de plus précieux que ma vie.
    –  Bien sûr que si, Huc de la Faye. Tu as sacrifié ta vie pour elle.
    Huc sentit la colère le gagner, malgré lui.
    –  Ne touchez pas à ma femme ! rugit-il entre ses dents.
    François eut un sourire cruel.
    –  J’avais raison, donc. Tu mourrais pour elle, n’est-ce pas ? Comme cet idiot de coustelleur pour sa sœur. Cela suffit à ma peine, prévôt. Lorsque j’aurai choisi le moment, je la prendrai comme cette Isabeau, bien qu’elle m’excite peu, je dois le reconnaître.
    Huc serra les poings et se tourna vers François, la rage au ventre. Mais François avait prévu sa colère. La pique chauffée au rouge partit en travers de son visage, et le barra d’une

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