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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Peut-être est-ce vrai, mais je suis sûr quant à moi que l’épée peut en venir à bout. Tu es belle et désirable. J’aurai plaisir à te torturer, à te livrer à mes hommes, à jouir de ta souffrance. Longtemps. Tu sais que je dis vrai. Alors pourquoi me braves-tu ainsi ? Je finirai par t’arracher ce secret que tu caches. Oui, je crois que j’aimerais te l’arracher, comme une épine douloureuse dans une main. Je vais pourtant te laisser une nouvelle chance. La dernière. Je veux la vérité.
    –  Elle ne vous plaira pas, lâcha Loraline en soutenant son regard.
    Il se rapprocha d’elle, s’agenouilla devant ce visage qui, une fois encore, par ces simples mots, s’enorgueillissait de le braver.
    –  Laisse-moi en juger, susurra-t-il dans une haleine fétide.
    Loraline détourna la tête, écœurée par ce souffle malsain aux relents de poison. Ce poison qu’elle avait espéré le voir absorber lui-même dans une ultime tentative, la nuit précédente.
    Il se recula de quelques pas. L’enfant s’était mis à pleurer et Loraline le berça doucement. Elle ne parvenait pas à le sacrifier, malgré sa décision de la veille. Lorsque Philippus l’avait quittée, elle en avait pris une autre. Elle s’y risqua :
    –  La pierre philosophale est un leurre. Je ne suis pas Isabeau.
    Il éclata d’un rire sonore.
    –  Tiens donc ! Et qui es-tu alors ? la nargua-t-il.
    Elle soutint son regard une fois encore, sans ciller. Elle ne pouvait plus reculer.
    –  Sa fille. Votre fille, François de Chazeron.
    Il accusa la révélation un instant, puis de nouveau éclata de rire.
    –  Soit. Je veux bien l’admettre. Disons que tu es l’enfant d’Isabeau. En ce cas, prouve-le. Livre-moi ta mère.
    –  Elle est morte l’année dernière.
    –  Tu mens.
    –  Non. Si vous avez fouillé la grotte, vous avez dû trouver deux sépultures. Celles de ma mère et de ma grand-mère.
    Chazeron fronça les sourcils, puis un fin sourire étira ses lèvres fines. Un sourire cruel.
    –  Deux sépultures il est vrai, mais l’une d’entre elles était vide, et je sais bien pourquoi.
    Loraline sentit le souffle lui manquer soudain. La deuxième tombe ne pouvait pas être vide. Elle avait elle-même couché sa mère dans son linceul. Puis Albérie l’avait fait sortir de la salle au moment où sa pelletée allait recouvrir le visage à son tour. « Je vais terminer. Va m’attendre à côté. Va. » Elle avait hésité, puis, éprouvée et éreintée, avait consenti à s’écarter de la pièce.
    –  Vide, répéta-t-elle pour tenter de donner un sens à ce mot.
    –  Tu es plus maligne que je ne l’imaginais, Isabeau. Cette mise en scène pour le cas où je finirais par te prendre au piège aurait pu marcher. Mais c’est mal me connaître. J’ai retourné chaque recoin de terre pour chercher la pierre philosophale. Je n’ai pas peur des morts et considère qu’il n’y a aucun péché au pillage des tombeaux.
    Loraline se mit à trembler, mais ce n’était ni de peur ni de froid. Quelque chose venait de s’écrouler en elle. Elle ignorait pourquoi, elle ignorait comment, mais on lui avait menti, on avait joué auprès d’elle une macabre comédie : sa mère n’était pas morte. Elle l’avait abandonnée. Abandonnée à sa vengeance. Si cela était, alors elle ne l’avait jamais aimée. Elle s’était seulement servie d’elle pour détruire François de Chazeron. Elle l’avait sacrifiée parce qu’elle la haïssait comme elle haïssait son géniteur. Plus rien soudain n’avait de sens, ou tout en avait trop.
    Malgré elle, elle sentit un sanglot remonter le long de sa gorge. « Ne pas pleurer. Ne pas pleurer devant lui. Mais, quelle importance ? » Elle ferma les yeux et laissa les larmes la submerger.
    Chazeron ne broncha pas. Un instant il se demanda si elle ne disait pas la vérité, si elle pouvait être sa fille. Elle paraissait seize ou dix-sept ans. Cela correspondait. Mais rien en elle ne le rappelait, lui, quand elle ressemblait trait pour trait à Isabeau. Il n’avait pas oublié un seul instant son visage tandis qu’il se repaissait d’elle. Jamais il n’en avait vu d’aussi délicat et aimable, jamais il n’avait autant désiré une femme. Encore aujourd’hui il se serait réjoui de la prendre s’il ne l’avait pas su béante de l’accouchement. Il s’interrogea, mais cela ne dura pas. La pierre philosophale, l’or, l’éternelle jeunesse ; tout renvoyait

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