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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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n’avait pas parlé de son propre choix : Héralde. « Héralde-Marie. Pourquoi pas ? » C’était si dérisoire soudain, tant elle aurait eu envie de la bercer contre elle. Peut-être était-ce pour cela qu’elle retenait la vie de son demi-frère. Pour ne pas souffrir du manque d’elle. Pour laisser son corps se bercer d’illusions.
    Elle marcha en s’accrochant à des rêves, jusqu’à avoir mal à la plante de ses pieds nus. Ronde inutile pour piétiner le temps qui passe et se donner l’impression d’être libre.
     
    C’est le grincement de la porte qui l’éveilla. Elle cligna des yeux à la lueur de la torche qui se rapprochait d’elle. Les gardes avaient changé la bougie posée sur les marches en lui portant son repas, comme chaque fois. Mais elle s’était éteinte, à cause sans doute du souffle qui filtrait au travers du passage mal refermé et faisait courant d’air avec le pas de la porte. François ne pouvait deviner la pierre disjointe.
    Loraline se sentait pâteuse. Elle se rendit compte au regard de François qu’elle avait lâché l’enfant sur son ventre et lui offrait la vision de son sein gauche nu à travers l’échancrure du bliaud. Elle s’était toujours couverte pour pénétrer dans la chambre de François, par pudeur, même si elle le savait profondément endormi. Elle releva l’enfant. Il était raidi par un éternel sommeil. Elle se força à donner le change et le plaqua contre elle, se dérobant ainsi à ce regard qui semblait troublé.
    –  Avez-vous trouvé l’or, messire ?
    François hocha la tête. Pourtant quelque chose l’intriguait. Il ne parvenait à savoir quoi, mais la vue de ce sein avait éveillé en lui un sentiment étrange au-delà du désir de cette forme blanche parfaite qu’il avait pétrie, léchée, bisée une fois. Il écarta cette sensation pour ne songer qu’à l’or.
    –  Y compris la barre que le médecin m’avait dérobée. Vous étiez donc de connivence. Mais cela m’importe peu désormais. Puisque tu me donnes ce que je souhaitais : un héritier apte à changer le métal en or. Je pourrais répudier mon épouse et te faire mienne, mais je n’ai aucune confiance en toi. De plus, comment expliquer à tous que tu aies survécu il y a quinze ans sans y mêler quelque diablerie. Tu m’as indiqué comment fabriquer l’or à partir de l’alkaheist – il extirpa la fiole – cela me suffira pour attendre que cet enfant soit en âge de me donner ce que je désire. Je vais te le prendre, Isabeau, et le mettre au sein de ma femme avec ma fille. J’ai bien peur de n’avoir plus besoin de toi.
    Loraline sentit son cœur battre à tout rompre.
    –  Vous m’aviez donné votre parole ! insista-t-elle.
    –  Je n’ai pas le pouvoir de ressusciter les morts et pour tous tu es morte, Isabeau. Donne-moi l’enfant. Je veillerai à ce qu’il vive.
    Elle recula aussi loin que le lui permettait la chaîne, tandis qu’il s’avançait résolument vers elle. Elle savait qu’il lui serait impossible de fuir son destin, mais une voix en elle s’obstinait à refuser l’inéluctable, ce droit qu’elle s’était donné de pouvoir se venger à son tour.
    –  Ne sois pas sotte, susurra-t-il, comme si ce jeu l’amusait. Tu ne peux m’échapper, Isabeau. Je suis le seigneur, le maître. Tu m’appartiens. Tu m’as toujours appartenu. Aujourd’hui comme hier.
    Alors elle s’immobilisa et lui tendit l’enfant en éclatant d’un rire désespéré.
    –  C’est trop tard. Vous n’avez plus d’héritier, messire.
    Il saisit l’enfant, regarda ses lèvres blanches et ses yeux
    vides, le secoua comme s’il refusait l’évidence puis rugit :
    –  Tu m’as trompé, une fois encore !
    La gifle balaya le visage de Loraline avec violence, faisant sonner son crâne contre la paroi derrière elle. Il lui empoigna la chevelure emmêlée et éparse, fou de rage tandis que l’enfant chutait à terre dans un bruit mat.
    –  Non, oh non, ce n’est pas fini. Je suis sûr qu’il reste une solution, Isabeau.
    Il leva jusqu’à ses yeux le flacon de poison et le déboucha d’un doigt avide. Loraline essaya de repousser ce corps collé au sien qui lui interdisait toute échappatoire. Elle tenta de détourner la tête, mais, indifférent aux coups qu’elle lui distribuait dans les côtes et le dos, il empoigna sa mâchoire et força la bouche à s’ouvrir.
    –  Bois, allons bois !
    Loraline sentit le liquide lui brûler la

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