Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
C’est impossible.
    –  Ecoute-moi, Philippus. Antoinette est à terme. Albérie et toi savez bien comment provoquer un accouchement. Faites-le. Lorsque nos enfants seront nés, vous les échangerez. C’est sous son propre toit que notre petit sera le mieux protégé de sa malfaisance. D’ici une quinzaine, j’aurai perdu suffisamment de poids pour passer si vous avez subtilisé la clé. Il ne sera pas difficile alors de le lui reprendre. Nul ne se méfiera. Aie confiance, Philippus. C’est ma seule chance de nous sauver tous deux. Il sera prématuré de plus d’un mois, il lui faut du lait et de la chaleur, si nous voulons qu’il vive. Antoinette de Chazeron lui donnera tout cela.
    Philippus courba le front. L’idée de sacrifier un nouveau-né l’écœurait, mais il n’avait d’autre choix dans l’immédiat.
    –  Je serai de retour très vite, assura-t-il en embrassant Loraline avec fougue.
    –  Va et sois prudent, lui recommanda-t-elle tandis que déjà il s’avançait à quatre pattes dans le conduit, derrière Cythar.
    Lorsque le mécanisme se referma sur lui, Loraline sentit une force nouvelle croître en elle. Si elle n’avait plus à craindre pour l’enfant, alors, c’en était décidé, elle affronterait la vérité.
    Au lever du jour la potion rapportée par Philippus et Albérie fit son effet. Les premières contractions lièrent les deux femmes au même destin.
    Apprenant que son épouse allait vers la délivrance, Chazeron se désintéressa du sort de sa victime, d’autant qu’il avait découvert le précieux flacon et comptait bien le tester le lendemain lorsque la lune serait pleine. Le sort de sa captive l’indifférait tant il espérait recevoir un fils. Il accepta sans rechigner qu’Albérie assistât son épouse et soit seule autorisée auprès d’elle. Au fond, la savoir ainsi emprisonnée par son rôle de ventrière servait au mieux ses intérêts. Il s’enferma dans sa chambre après l’office de tierce, et s’accorda une sieste d’autant plus méritée que sa nuit avait été agitée et que des spasmes lui contractaient encore l’estomac par moments, le forçant à vomir.
    De son côté, Philippus ne s’accorda aucun répit. Il demeura auprès de Loraline, palliant de son mieux l’inconfort du cachot. A sexte, un garde lui avait apporté une écuelle de soupe et de l’eau fraîche, et Philippus avait dû se terrer dans un recoin sombre avec l’envie de fondre sur lui et de l’assommer. Mais Loraline n’était plus en état de le suivre. Elle afficha avec courage un visage serein, demanda si l’on ne pouvait la défaire de son collier pour lui accorder plus d’aisance, mais l’homme se mura dans un silence prudent et ressortit aussitôt sans l’approcher. Chazeron avait dû parler d’elle comme d’une sorcière, et les vieilles peurs et croyances restaient tenaces chez les esprits simples.
    Quoi qu’il en fût, Philippus put, de sa cachette, vérifier que l’homme ne détenait aucun trousseau, ce qui apaisa ses remords et sa fougue. Il se félicita d’avoir laissé Cythar de l’autre côté du boyau étroit car l’animal n’aurait pu s’empêcher de grogner et de les faire repérer.
    Ils demeurèrent ainsi ensemble, plus proches qu’ils ne l’avaient jamais été. Loraline ne cria pas, puisant tout son courage pour ne pas donner l’alerte. Elle se souvenait des louves et haletait à leur exemple. Lorsque la douleur était trop forte, elle mordait à pleines dents dans le ceinturon de cuir que Philippus avait dénoué de sa taille. Jamais il n’avait vu femme plus courageuse, plus forte. Il s’usa les mains à lui masser le ventre et les reins, s’usa les yeux à fouiller ses larmes dans la pénombre, s’accorda à la trouver belle malgré son masque de souffrance, tant il était vrai qu’elle l’était, esclave d’une vie volée, poussant, soufflant, raclant sa gorge au goulet de fer pour libérer d’elle cette vie qu’on lui avait interdit d’avoir.
    Lorsque le moment vint, elle se dressa, écarta ses jambes et se planta sur ses pieds, les genoux fléchis, sa tunique relevée sur sa taille par ses poings serrés à s’en faire blanchir les jointures. Philippus la laissa faire. Il savait que l’instinct était le propre des femmes et que nulle médecine ne pouvait remplacer ce lien secret entre mère et enfant. Il était stupide de l’échanger contre une posture de bienséance. Il se contenta de croiser ses mains sur le sexe

Weitere Kostenlose Bücher