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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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doute et vous achèverez en toute quiétude cette grossesse à Montguerlhe. »
    Antoinette avait senti son cœur s’emballer. Puisque Huc souhaitait ainsi la garder auprès de lui, c’était donc qu’il l’aimait aussi. Outre qu’il avait raison pour Vollore et le bien-être des manants, ce dernier argument lui donnait toutes les raisons d’agir. François ne songeait qu’à regagner sa tour au plus vite, se nourrissant pour patienter d’une énorme quantité d’ouvrages traitant d’astronomie, d’alchimie et d’astrologie qu’il avait rapportés de Paris, lors de son précédent séjour, et fait suivre à Montguerlhe. Si, de nombreuses fois au cours de leurs premiers mois de vie commune, Antoinette s’était inquiétée de son teint blafard et des cernes violacés au-dessus de ses pommettes saillantes, au sortir de ses interminables heures de lecture, cela la plongeait ce jourd’hui dans une indifférence totale. Jusqu’à cette affreuse tempête, elle le sommait de faire de l’exercice, de sorte qu’il arrivait à François de s’en convaincre et de retrouver quelques plaisirs sains, de ceux auxquels il s’adonnait enfant au côté de son père.
    Mais il n’était plus question désormais de traquer chevreuils ou sangliers dans ces bois ravagés, et il avait fallu toute la persuasion de Huc pour ramener François vers l’entraînement de ses gens d’armes, dénouant son corps statique depuis trop longtemps grâce à la lutte, au maniement de l’épée ou de l’arbalète. Ce qui avait eu pour effet de rendre le seigneur de Vollore plus affable, même s’il se fatiguait un peu de jouter contre des quintaines, d’avaler du mouton ou des poules et d’user de théorie quand son sang aurait eu besoin des flammes de son athanor. Pour Antoinette cependant, l’attention que portait Huc à son époux n’avait qu’un seul écho, celui de son cœur. Il ne s’inquiétait pas de la santé de son seigneur, mais bien plutôt du fait que son humeur se répercutait sur elle. Huc la protégeait. Huc l’aimait. Il était donc temps d’éloigner son triste époux en lui rendant ce qui lui manquait tant.
    Voilà pourquoi, en ce 12 octobre 1515, Antoinette de Chazeron était si gaie. Jugeant dans son miroir que sa mine enjouée et radieuse seyait parfaitement au rôle qu’elle s’était donné à jouer, elle congédia sa chambrière et s’envola presque dans l’escalier pour se rendre au pied de la tour ouest, où, comme chaque matin, François et Huc s’entraînaient au combat.
    Elle admira un long moment l’échange entre les deux hommes, volontairement en retrait pour mieux jouir du spectacle, puis se rapprocha insensiblement du cercle d’entraînement dans lequel voletait un fin nuage de poussière. Huc donnait du fil à retordre à François, feintant habilement aux attaques de son cadet de sept années, qui passait pourtant pour une fine lame.
    Comme il lui plaisait, décidément, songea-t-elle en applaudissant malgré elle à une esquive qui avait amené Huc à toucher la cotte de mailles de François.
    À ce battement de mains, témoin de l’issue peu glorieuse de ce combat amical, François se retourna et la fixa, l’œil noir.
    –  Peut-on savoir ce qui me vaut votre présence, ma dame ? s’enquit-il sans complaisance tandis que Huc passait une main épaisse dans sa chevelure pour essuyer la sueur qui perlait à son front.
    Antoinette se força à détourner son regard du prévôt pour sourire à son époux, glissant sur son arrogance de fausses excuses :
    –  Les distractions sont rares ici et vous regarder jouter est si plaisant ! Pardonnez-moi, mon époux !
    François tordit la bouche en une grimace un peu amère. Antoinette ne l’avait pas habitué à ces minaudages, et curieusement cela aiguisa sa jalousie. Voyant qu’elle baissait le museau sur un léger fard, François coula une œillade discrète vers Huc, lequel lui sembla d’une indifférence totale, occupé à polir son épée avant de la remettre au fourreau. Rassuré sur les intentions du prévôt, François, qui ne tolérait l’adultère qu’en sa propre couche, estima tout à sa gloire ce regain d’intérêt et laissa tomber sa mauvaise humeur avec son épée.
    –  Eh bien soit, ma dame ! Puisque ma compagnie semble tant vous manquer, accompagnez-moi. Huc, fais seller deux chevaux, ajouta-t-il par-dessus son épaule au prévôt qui s’était volontairement écarté du cercle. Mon épouse a besoin

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