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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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comme un appel au repentir. L’abbé du Moutier frémit. Ce n’était pas ce qui était prévu, mais qu’étaient-ils tous devant la volonté du Seigneur ? Il parvint dans la cour intérieure alors que le ciel dégagé distillait encore les vapeurs rosées du soleil levant. L’écuyer de François de Chazeron piaffait d’impatience, dans l’air vif, tandis qu’au fond de son office le frère Etienne rassemblait sa médecine en toute hâte.
    Albérie observa un instant le manège depuis la fenêtre, assaillie par une foule de questions sans réponse. Qu’était-il arrivé à Chazeron après leur départ ?
    Avec Loraline, elles s’étaient éclipsées sitôt qu’elles avaient aperçu François aux portes du château, leur besogne achevée. Elle devait savoir. Résolument, elle referma le passage derrière elle et se dirigea d’un pas sûr et vif le long du corridor de pierre.
     
    Antoinette essuya son visage congestionné par une nuit irrégulière. Elle se trouvait dans une petite pièce sombre qui, durant les travaux, faisait office de cabinet de toilette. Elle venait de se bassiner longuement avec de l’eau de mélisse pour tenter de rafraîchir ses traits, mais le miroir en face d’elle lui renvoyait l’image défaite de ses yeux boursouflés. Un instant cela l’agaça en songeant que Huc méritait mieux que cette mine effroyable, puis elle se reprit. Au fond, elle n’affichait rien qui ne soit de circonstance. Elle était l’épouse du seigneur et l’aube n’avait révélé aucun changement dans son état.
    Elle avait conscience d’avoir longuement joint ses mains en une prière, mais ne parvenait pas à savoir si Dieu devait entendre son cœur ou sa raison. Elle avait pitié de François, mais n’était en rien accablée par la possibilité de sa perte. Elle reposa en soupirant la serviette à côté du bassin dont sa chambrière avait fait tiédir l’eau. La journée s’annonçait belle, quoi qu’il advienne, songea-t-elle tandis qu’elle faisait signe à cette dernière de l’habiller.
    Elle se laissa faire, l’esprit vagabondant sur des images rassurantes : la douce main de Huc qui l’avait éveillée en pleine nuit comme elle s’était assoupie au chevet de son époux, l’invitant à s’étendre sur une couche sommaire pour s’y reposer un peu tandis qu’il veillerait à sa place ; leurs regards qui s’étaient mêlés alors avec une infinie tendresse au point qu’Antoinette avait senti son cœur bondir dans sa poitrine.
    Elle avait obéi, la gorge serrée, certaine que, s’ils avaient été seuls en cet instant, Huc n’aurait pu résister au désir de l’embrasser. Elle l’avait observé au travers de ses cils à demi baissés. Il avait épongé le front de François, vérifié le blanc de l’œil, puis s’était positionné de son mieux pour ne plus bouger, par crainte de l’éveiller. Elle avait sommeillé par bribes. A deux pas d’elle, Bertrandeau ronflait, avec la tranquille assurance qu’on saurait faire appel à lui si besoin était. Sans qu’elle pût expliquer pourquoi, tout cela l’avait apaisée et elle ne s’était éveillée qu’au petit matin en entendant des chuchotements. Huc devisait à voix basse avec Bertrandeau. L’un et l’autre semblaient d’accord sur la conduite à tenir, et il était question de prêtre. Elle s’était dressée sur un coude, éveillée tout à fait, et avait interrogé d’une petite voix frémissante :
    –  Est-il passé, Huc ?
    Les deux hommes s’étaient retournés vers elle puis, poussé par la bienséance, Bertrandeau avait baissé le front en une courbette et s’était éclipsé. Huc, à son tour, s’était détourné, le temps qu’elle se mette debout en une posture plus convenable. Elle avait lissé sa mise froissée et sa chevelure défaite par le sommeil où s’étaient accrochés quelques brins de paille du matelas. Elle devait avoir l’air d’une ribaude, mais elle s’en moquait :
    –  Vous pouvez-vous tourner, Huc, j’ai besoin de savoir.
    Il lui avait souri faiblement mais avait conservé son regard baissé. Elle était l’épouse du seigneur, et sa tenue débraillée avait quelque chose d’indécent qui le troublait, malgré les circonstances, bien plus qu’un atour princier. Huc avait répondu en pesant ses mots :
    –  Votre époux est toujours sans connaissance, dame Antoinette. Ma compétence s’arrête devant ce fait. Il nous faut quérir un médecin et un prêtre. Je

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