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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Phi-lippus à l’intention de Michel qui, guilleret, mordait dans une troisième cuisse de poularde, il l’a fait en me conduisant ici.
    –  Allons, mon bon ami, se moqua Michel, n’allez pas devenir dévot ou vous gâteriez l’homme de science que vous êtes !
    –  Loin s’en faut ! Loin s’en faut !
    –  Débarrassez-moi plutôt de ce plateau. Il commence à peser lourd sur ma digestion, à moins que ce ne soit l’inverse, grimaça le jouvenceau en repoussant la viande.
    –  A la bonne heure, s’esclaffa Philippus. Je n’ai jamais, au grand jamais, vu un de mes malades dévorer autant sitôt après une intervention. J’en finissais par croire que mon scalpel avait glissé et découpé le fond de cet estomac insatiable. Vous me rassurez, jeune homme.
    –  Il est bon que je vous rassure ce jourd’hui, approuva Michel sur un ton qui ne parut à Philippus pas aussi léger qu’il devait être.
    Il se débarrassa prestement du plateau en le posant sur le tapis de laine colorée qui adoucissait le plancher ciré.
    –  Qu’est-ce à dire, Michel ? s’inquiéta-t-il. Auriez-vous eu quelque vision malheureuse à mon encontre ?
    Michel le fixa longuement, comme s’il fouillait au plus profond de lui, mais Philippus n’en éprouva ni gêne ni agacement. Il attendit patiemment que Michel répondît à sa question. Ce qu’il fit en haussant les épaules.
    –  Bien fou qui saurait prétendre de quoi demain sera fait.
    Philippus se sentit floué.
    –  Vous vous moquez, mon ami. Après m’avoir démontré hier qu’il n’existait point de hasard, vous voudriez que j’y croie ? La vérité est autre et elle vous embarrasse.
    –  Non point, Paracelse, non point, croyez-moi. Je suis simplement hallebrené 1 , et avouer qu’en conséquence le fait que ma prescience s’arrête à mes viscères gargouillants m’est profondément pénible, tant je souffre d’un mal plus pernicieux encore.
     
    1 épuisé

Un mal que nous avons en commun, je crois : ce pitoyable orgueil.
    Il grimaça en se tordant de côté puis ecouta :
    –  Je pense qu’il me faut dormir un peu, voulez-vous me laisser ?
    Sentant combien son malade avait effectivement besoin de repos, Philippus n’insista pas. Ce garnement avait raison. Il le croyait aussi entêté et fier que lui, ce qui le ravit, au fond, bien plus que tout le reste.
    –  Il me faut examiner votre urine. Ensuite vous pourrez dormir.
    –  Sous le lit, lui indiqua Michel.
    Philippus se pencha et dénicha un pot en faïence. Il l’amena à hauteur du pénis du jouvenceau et dégagea les draps alentour tout en inclinant le récipient.
    –  Priez Dieu pour que ma mère n’entre point à cet instant, ne put s’empêcher de plaisanter Michel tandis que d’une main légère il dirigeait le jet d’urine dans le fond du vase.
    Philippus retint un rire pour ne point déconcentrer l’enfant auquel ce simple geste, il le savait, coûtait un effort puisque pour l’accomplir il devait pousser sur sa vessie et par là même forcer sur sa blessure.
    Michel s’en acquitta pourtant en tirant la langue comiquement avant de conseiller à Philippus d’aller le déverser dans les latrines au bout du couloir dès qu’il aurait achevé son examen.
    –  Tout va bien, affirma le médecin en levant les yeux du pot qu’il avait récupéré et porté au-devant de la fenêtre. Vos urines sont claires. Il n’y a aucun signe d’hémorragie postopératoire. Bientôt vous gambaderez comme un lièvre.
    –  Allez donc vous détendre en ce cas. Ou plutôt non, se récusa Michel tandis que ses paupières lourdes l’entraînaient déjà vers le sommeil, rendez-vous à l’auberge à deux rues d’ici, celle dont l’enseigne se prétend du Songe du roi . On vous y attend. Une jeune femme… Beaucoup d’argent…
    Sur cette dernière image que Philippus prit pour une vision, Michel sombra dans un profond sommeil bercé de ronflements réguliers.
    Philippus hésita un instant sur la conduite à tenir. Fallait-il donner crédit une fois encore aux avis de l’enfant, ou renoncer ? Qu’entendait Michel par « beaucoup d’argent » ?
    Emporté par une curiosité qui piquait son esprit scientifique, il quitta la chambre sans bruit. Au bout du couloir qui desservait les trois chambres de la maisonnée se trouvait un réduit dont un simple rideau masquait l’entrée. Un conduit de pierre s’ouvrait sous un trou percé dans le plancher. Philippus fut agréablement

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