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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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de la pièce.
    Il se trouva nez à nez avec Antoinette qui revenait à son chevet. En le voyant ainsi frais et dispos, elle laissa échapper un cri et tomba sur le pavé dans un bruit mat. François partit d’un rire sauvage avant d’enjamber la forme soyeuse et défaite à ses pieds. Huc se figea, atterré, tandis que François lui lançait par-dessus son épaule :
    –  Emportez-la sur la couche et faites-lui porter les sels, mon bon Huc, ma femme est décidément trop émotive.
    Les plantant là tous les deux, il s’engouffra dans le salon de réception en hurlant à la maisonnée qu’il n’avait rien avalé depuis la veille et voulait faire ripaille sans perdre un instant.
    Huc rengaina la colère qui de nouveau battait à ses tempes. Soulevant Antoinette dans ses bras, il l’étendit sur le lit d’où venait de s’extraire François, puis s’empara d’un flacon de sels.
    Il s’assit auprès d’elle, si fragile à son tour. Comme elle est belle et douce, ne put-il s’empêcher de songer tout en promenant le flacon sous son nez. Antoinette gémit légèrement en détournant la tête puis ouvrit les yeux. Elle ignorait pourquoi, mais Huc était penché au-dessus d’elle et la couvait d’une tendre délicatesse. Se laissant gagner tout entière par cette intense sensation de sécurité, elle noua ses bras aux manches poussiéreuses autour de la nuque du prévôt et l’attira vers elle.
    Incapable de résister plus avant, Huc se laissa faire et s’empara de la bouche offerte avec toute l’énergie du désespoir. Longtemps. A en oublier le reste du monde. Ce fut un toussotement derrière eux qui dénoua leur étreinte. Huc se retourna d’un trait.
    Dans l’encadrement de la porte, Antoine de Colonges les observait, l’air embarrassé et désolé.
     
    Michel de Nostre-Dame mangeait de bel appétit, même s’il prétendait entre deux bouchées se sentir nauséeux. A sa mère qui ne comprenait pas pourquoi, en ce cas, un morceau de poularde chassait l’autre, il répliquait que c’était à son sens le seul moyen de se débarrasser du goût de sel qui lui persistait en bouche.
    Comme elle haussait les épaules, il décocha une œillade joyeuse à Philippus qui, à ses côtés et de fort bonne humeur, se régalait :
    –  Et jusqu’à quand mon fils doit-il garder la couche ? s’enquit la brave femme en voyant avec désespoir les taches graisseuses souiller les draps du lit où elle avait posé un plateau chargé de victuailles.
    –  Je dirais cinq jours pour éviter tout danger d’infection et laisser aux viscères le temps de se refaire autour des points…
    –  Cinq jours…, répéta-t-elle avec une moue de dégoût et de désolation.
    –  Et dix de plus jusqu’à ce qu’il puisse retirer les fils de ma bigourelle, ajouta Michel avec malice en désignant la couture longue de vingt centimètres qui divisait son ventre en deux parties inégales et sur laquelle un bandage épais se tachait de sang.
    –  Couché ? se lamenta la mère décidément plus inquiète de sa lessive que du sort de son garnement.
    –  Soyez sans crainte, dame Reynère, nous nous moquons et ce n’est pas charitable. Dès demain, je vous le promets, Michel prendra ses repas sur cette table.
    Il désigna du doigt celle qui se trouvait contre le mur et qui pour l’heure ployait sous d’édifiants ouvrages d’astronomie.
    –  Quant à moi, je ne saurais me distinguer et, si vous m’offrez quelque hospitalité en échange de mes soins, j’aurai fort plaisir à prendre mes repas avec les vôtres.
    Un sourire soulagé récompensa sa tirade. Le même que celui de son fils, franc et généreux, songea Philippus.
    –  Que cela soit ainsi, messire, me convient tout à fait. Nous n’avons pas assez d’argent pour vous payer mais…
    Philippus l’arrêta tout net :
    –  Il ne s’agit pas de sonnantes, croyez-moi. Je gagne bien plus au contact des connaissances de votre fils que je ne le pourrais en battant campagne. Le gîte et le couvert pour mon valet, moi-même et nos pitoyables montures jusqu’à ce qu’il n’ait plus besoin d’assistance seront mes seules exigences.
    –  Dieu vous bénisse, messire ! s’exclama la brave femme avant de saisir spontanément ses mains graisseuses pour les embrasser.
    Ensuite de quoi elle sortit précipitamment de la pièce en jetant encore par-dessus son épaule :
    –  Dieu vous bénisse !
    –  Il l’a déjà fait, ne put s’empêcher de répliquer

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