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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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à moi par hasard. Cette nuit, messire, vous me sauverez.
    Et ce disant, il s’écroula évanoui sur la table, tandis qu’un hurlement échappait à sa mère et clouait le bonheur aux lèvres de Philippus. Retourné par cette terrifiante mise en scène, il ne s’attarda pourtant pas à la réflexion. Il tâta le pouls du garçonnet, livide.
    –  Corichon, ma trousse ! ordonna-t-il tranquillement à son valet qui, se désintéressant de ce qui venait d’arriver, continuait d’engloutir du pain à s’en faire éclater le ventre.
     
    1 Rempli

Pourtant, à l’injonction de son maître, il suspendit net son geste et fila.
    –  De quoi souffre-t-il ? demanda ensuite Philippus à leur hôtesse qui, pétrifiée, fixait son fils sans rien oser faire.
    Elle leva sur Philippus un visage hagard.
    –  Mais je l’ignore, messire, suffoqua-t-elle.
    Philippus eut un instant de panique. Puis il se ressaisit :
    –  N’a-t-il rien dit ? Un mot, un seul que vous deviez me transmettre. Votre fils aime ménager ses effets…
    Elle hocha la tête devant cet argument et fouilla ses souvenirs. Enfin son visage s’éclaira et elle se précipita sur le tiroir d’un buffet d’où elle extirpa un coffret de cuir. Tremblante, elle le tendit à Philippus.
    Celui-ci l’ouvrit, fébrile, et découvrit stupéfait un scalpel, du fil et une aiguille piquée sur un morceau de parchemin. Philippus le déplia et y lut : « Viscère droit ».
    Sans plus attendre, il enleva le garçonnet dans ses bras et, devancé par sa mère qui ne comprenait rien à ce curieux manège, l’emporta dans sa chambre.
    Philippus ne s’attarda pas en explications. Tandis qu’il ordonnait qu’on fasse bouillir de l’eau, il releva la chemise de Michel et palpa le ventre dur. Lorsqu’il parvint à hauteur de l’appendice, le visage du garçonnet exprima un rictus de douleur malgré son inconscience.
    –  Sang Dieu ! grommela Philippus pour lui-même. Il faut agir vite !
    Ne gardant à ses côtés pour l’assister que son valet qui lui rapportait ses propres instruments et venait de réceptionner le baquet d’eau chaude et des linges propres, Philippus releva ses manches, sûr de son fait. S’émerveillant de la précision du scalpel que Michel lui avait réservé, il trancha dans les chairs, la main ferme et efficace.
     
    Une heure plus tard, l’opération achevée et son valet renvoyé pour nettoyer les instruments, Philippus se retrouvait seul auprès de son malade, satisfait de lui-même. Relâchant un peu la tension qui l’avait tenu jusqu’au dernier point lié, il contrôla, serein, le pouls de Michel et le blanc des yeux, puis jeta un œil circulaire sur la pièce étroite.
    Aussitôt son attention se porta sur un appareil posé devant la fenêtre. Philippus se leva et s’appliqua à déchiffrer les étranges inscriptions et signes qui découpaient chacun des anneaux encastrés les uns dans les autres autour d’une petite sphère.
    –  C’est un astrolabe, murmura une voix derrière lui.
    Philippus se retourna. Michel avait repris conscience et lui souriait faiblement. Philippus abandonna un instant sa découverte pour venir s’asseoir près du jouvenceau. Il lui prit la main et, s’avisant qu’elle était moite, appliqua une paume ouverte sur le front chaud.
    –  Ne parlez pas, mon jeune ami, insista Philippus malgré le flot de questions qui assaillait son esprit. Vous aurez tout le temps demain de m’enseigner ces choses troublantes qui constituent votre quotidien. Pour l’heure, sachez seulement que vous aviez raison. Si je ne vous avais pas opéré cette nuit, à cette heure vous seriez passé. Et j’ignore, compte tenu de votre fièvre, si tout danger est écarté.
    –  Le viscère droit, n’est-ce pas ? grimaça Michel.
    –  L’appendice, pour être plus précis. C’est une sorte d’entonnoir dont l’utilité nous échappe encore mais qui, pour des raisons inconnues, s’enflamme parfois jusqu’à pourrir les intestins et le corps tout entier s’il éclate. J’ai historié juste à temps. A présent, il vous faut dormir. Je vais rester à votre chevet. Souffrez-vous ?
    –  Comme si mille rongeurs grignotaient mes entrailles, messire. Mais je ne crains pas la douleur. Tant qu’elle existe, je demeure en vie. Bonne nuit, Paracelse !
    –  Quel étrange surnom vous me donnez, s’attendrit Philippus.
    –  Il sera le secret de votre vie… murmura encore Michel avant de fermer les yeux et

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