Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
de sombrer dans un sommeil comateux.
    –  Le secret de ma vie, répéta à mi-voix Philippus, troublé. Petit homme… Et cependant si grand ! conclut-il en écartant affectueusement les boucles brunes qui collaient à présent au front brûlant.
    Philippus laissa glisser son regard sur l’astrolabe qui régnait en maître incontestable sur cette pièce emplie de livres et de parchemins griffonnés. L’appareil lui en rappelait tant d’autres, prétendus diaboliques, que Philippus ne put s’empêcher de frémir. Ces inquisiteurs étaient si avides de faire place nette pour ne pas avoir à affronter la vérité d’une connaissance qu’ils ne pouvaient comprendre ni interdire… Combien de crimes commet-trait-on encore au nom de l’ignorance ? Cette seule pensée lui donna la nausée. Précautionneusement, il se leva et sortit de la pièce pour aller rassurer la maisonnée.
    Au pied des marches, le père et Hector, le cadet, étaient attablés en silence. Il ne les avait pas entendus rentrer, et ressentit une sorte de gêne à se trouver là, grain de sable dans leur quotidien. L’homme pourtant ne n’en offusqua pas et le salua courtoisement, mais seule l’arrivée de son épouse parvint à dissiper la gêne. Elle l’avait vraisemblablement informé des événements et Philippus se retrancha derrière son diagnostic :
    –  Je ne peux me prononcer avant l’aube, mais si les vérités de votre fils sont ce qu’il prétend, alors vous pouvez garder espoir. Il vivra. Il me faut à présent retourner à son chevet.
    –  Sauf votre respect, mon seigneur, soupira le père malgré le regard appuyé lancé par son épouse, je n’ai que peu d’intérêt pour les étrangetés de mon aîné. Je préférerais qu’il m’assiste à l’exemple de son frère plutôt que de s’appliquer en rêverie dans le ciel. Croyez bien que si sa mère, en souvenir de son grand-père, n’avait pas approuvé ce désir de suivre des études de médecine, il serait mis au pas avec fermeté.
    –  Michel veut être médecin ? s’étonna Philippus malgré lui.
    –  Et d’où tient-il cette trousse de chirurgie, croyez-vous ? Difficile de lui faire penser à autre chose !
    Tandis que le père déversait ainsi sur Philippus son amertume, la mère, qui s’était écartée, revint, confiante quant à elle.
    –  Tenez !
    Philippus se saisit du pot de terre cuite que lui tendait la jeune femme et l’ouvrit avec curiosité.
    –  Des cristaux de sel ? l’interrogea-t-il, perplexe. A quelles fins ?
    –  Je l’ignore, messire. Michel a seulement demandé que je vous le remette quand vous viendriez nous rassurer.
    –  Quand était-ce ? s’inquiéta Philippus.
    –  Mais il y a quelques instants, lorsqu’il a paru sur l’escalier, juste avant que vous ne descendiez.
    Philippus la dévisagea en se demandant si on ne lui jouait pas quelque farce. Non seulement il n’avait pas quitté le chevet du jouvenceau, mais il aurait été impossible à celui-ci de se lever dans son état. L’expression sereinement confiante de cette mère le convainquit qu’il fallait chercher une explication ailleurs. N’en osant aucune, il se contenta de sourire et de s’en retourner auprès de son malade.
    Michel dormait, le souffle court et irrégulier. Un rapide examen permit à Philippus de conclure que la fièvre montait encore. Il tenta de faire boire l’enfant, mais celui-ci rejeta l’eau qu’il venait d’absorber.
    Désemparé, Philippus se prit le visage entre les mains. Si la fièvre ne tombait pas rapidement, il serait perdu.
    Philippus creusa un long moment sa tête vide, comme s’il avait soudain tout oublié de son savoir, tant la vie de cet enfant lui semblait précieuse, plus que toute autre. Soudain, son regard accrocha le crucifix de bois au-dessus de la tête de lit, et des réminiscences d’un autre temps se mirent à tournoyer dans son esprit. N’avait-il pas déjà entendu parler de cette faculté de dédoublement ? Bien sûr, pour le commun ce n’était que légende, mais Michel était si étrange ! Puisqu’il se recommandait du Tout-Puissant, ne fallait-il pas chercher entre lui et le Christ quelque hasardeux rapprochement ? « Le hasard n’existe pas », avait affirmé Michel à table, tantôt. Alors ? Où se trouvait la clé ?
    A ses côtés, l’enfant ruisselait en gémissant, inondant les draps de lin. S’il ne pouvait absorber de liquide, il fallait qu’il garde le sien. Ce fut

Weitere Kostenlose Bücher