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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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gardera le secret elle aussi. Voulez-vous essayer, Isabeau ?
    Isabeau écoutait en tremblant chaque parole, comme s’il s’agissait d’une sentence. Saurait-elle, après toutes ces années, retrouver simplement le goût de vivre sans se cacher ? Elle était venue à Paris pour laisser Loraline accomplir sa vengeance, elle n’avait pas seulement songé à ce qu’il adviendrait d’elles ensuite, lorsque François de Chazeron serait mort. Elle prenait soudain conscience que sa place ne se trouvait plus nulle part. Pour tous, elle était morte. Doublement morte.
    L’abbé la fixait en silence, désireux de lui laisser le temps. Antoine ne lui avait rien caché de ses intentions à propos de François, ni sur les raisons de la fuite d’Isabeau. Ils poursuivaient l’un et l’autre le même but. L’abbé Boussart était exorciste.
    Isabeau leva sur lui de grands yeux emplis d’espoir.
    –  Je ne vous décevrai pas, mon père.
    –  A la bonne heure. Bertille vous accompagnera demain chez un tailleur et une couturière à deux rues d’ici, leurs prix sont raisonnables et il vous faut une garde-robe présentable ; vous avez de quoi payer, je crois.
    Isabeau hocha la tête et sortit deux barrettes d’or d’une pochette de cuir attachée solidement à sa ceinture.
    L’abbé plissa les yeux de surprise mais ne posa aucune question. Il prit l’or et, soulevant une tapisserie qui représentait la Passion du Christ, extirpa quelques écus du creuset qui se trouvait derrière.
    –  Ceci fera bien mieux l’affaire pour régler vos achats. Vous possédez là une petite fortune qu’il me faudra faire estimer par un orfèvre. Elle pourrait vous dispenser de travailler, mais je pense sincèrement qu’il vous sera salutaire d’occuper votre esprit et vos mains. En outre vous aurez la possibilité de croiser les plus grands. Vous êtes intelligente, Isabeau, vous vous ferez une place si vous le souhaitez avec autant d’acharnement que vous en avez mis à survivre.
    –  Pour le gîte et le couvert, mon père ? hasarda Isabeau que ces paroles avaient réconfortée.
    –  Ne vous souciez pas de cela. Redevenez belle, Isabeau, belle de l’intérieur, lors nous serons quittes.
    Émue, Isabeau saisit la main que le père lui tendait et se releva, les jambes tremblantes.
    –  En serai-je capable, mon père ? glissa-t-elle dans un souffle tandis qu’il la raccompagnait dans le corridor.
    –  Vous seule pouvez répondre, et il y faudra du temps. Prenez-le. Vous n’avez pas d’ennemis à Paris.
    Spontanément Isabeau s’inclina et baisa respectueusement la main de l’abbé comme elle l’aurait fait pour un archevêque. Elle avisa le minois rieur de Bertille lorsqu’elle se redressa sur l’injonction du prêtre que ce geste spontané avait gêné.
    –  J’ai une requête à formuler, mon père, glissa-t-elle au moment de prendre congé de lui.
    –  Je vous écoute, Isabeau.
    –  Son roi a choisi mon nouveau nom, celui de ma nouvelle vie. Si vous le voulez bien, mon père, désormais je m’appellerai Isabelle.
    L’abbé Boussart laissa échapper un rire tandis que Bertille applaudissait, la bouche fendue jusqu’aux oreilles.
    –  C’est bien plus que son roi, dame Isabelle, lui confia le prêtre, approuvant ainsi son choix, c’est aussi et surtout son époux.
    Sur ce, Bertille saisit la main d’Isabeau avec fermeté et l’entraîna dans l’escalier en décrétant :
    –  Dame Isabelle a eu son content d’émotions ce jourd’hui. Demain sera un autre jour. Le bain t’attend, Isa, et le sommeil aussi, allons, allons…
    Isabeau se laissa entraîner, le cœur retourné. Bertille avait raison. Elle était épuisée. Epuisée d’être de nouveau vivante.

8
     
     
     
    François de Chazeron flatta l’encolure de son cheval avant de mettre pied à terre, l’œil content. Il avait passé huit jours à Clermont et avait obtenu tout ce qu’il était venu chercher. D’une part, le duc de Bourbon l’avait assuré de son soutien moral et financier, lui laissant entendre qu’il songeait à lui donner une assise plus importante par le biais d’une charge royale. D’autre part, un orfèvre lui avait certifié qu’il possédait bien en son coffret une barre du plus bel or. Tout cela lui permettrait d’organiser une fête somptueuse pour la naissance de son fils. Une fête à laquelle Bourbon avait promis de conduire le roi.
    Ce 1 er novembre 1515, Chazeron reçut donc les doléances de

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