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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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jusqu’à la chambre de François. Une seule pensée l’obsédait. Il ne fallait pas que la maisonnée découvre le médecin avant qu’elle ait pu le soigner. Elle avait monté l’escalier quatre à quatre et bloqué le mécanisme afin que nul ne puisse l’ouvrir depuis l’intérieur.
    « C’est pour cette raison que je n’ai pas décelé le passage les premiers jours », se dit Philippus.
    Mais déjà Loraline enchaînait en pétrissant ses doigts dans les siens, fébrile soudain de ces souvenirs.
    –  Tu gémissais, inconscient. Alors j’ai fabriqué un brancard de fortune et les loups t’ont ramené jusqu’ici. Cela fait sept jours que je te soigne en te maintenant dans un sommeil profond pour alléger tes souffrances. Sept jours que je me riotte avec ma tante pour te garder en vie, parce que je t’aime, Philippus, pour la première fois de ma vie, et que j’ai voulu croire que tu m’aimais aussi.
    Elle porta ses doigts à ses lèvres avec ferveur. Philippus était bouleversé. Tout le savoir du monde lui échappait avec cette confession. Tout ce qu’il avait pu apprendre, fouiller, tenter de découvrir perdait son sens dans le regard de cette femme. Il aurait voulu nier l’évidence, mais son être tout entier s’y refusait. Jamais il n’avait vécu plus intense plénitude.
    –  Oui, je t’aime, Loraline. Contre toute raison.
    Le regard de Loraline s’illumina d’un éclair sauvage. Elle se pencha sur ses lèvres et s’abreuva de ce baiser qu’il lui rendit avec fougue.
    « Je suis fou, pensa-t-il, mais que cette folie m’est belle et douce ! »
    Il n’éprouvait plus de sympathie pour François de Chazeron. Au regard de l’histoire de Loraline et des siens, il comprenait mieux leur acte de vengeance. Il était temps que tout cela finisse. Il était temps de tourner la page. Cette jouvencelle méritait mieux que cet endroit sordide. Il se sentait prêt à lui donner une identité, une existence, une réalité. Il se sentait prêt à faire d’elle sa compagne. Même s’il ignorait comment.
    –  Qu’en est-il précisément de mes blessures ? Je ne sens plus rien, demanda-t-il pour donner une base concrète à ses désirs.
    Lorsque Loraline lui avait fait l’amour, il n’avait pas cherché à changer de posture, émerveillé par la spontanéité de son audace, de son plaisir. Dans ses mouvements, s’il avait ressenti de la douleur, elle n’était que diffuse, comme lointaine, effacée par le flot de son désir.
    Loraline s’écarta de lui.
    –  Redresse-toi contre la paroi, ordonna-t-elle.
    Il obéit avec le sentiment que ses jambes étaient un poids mort. Une sueur froide glissa le long de son échine. Se pouvait-il qu’il soit paralytique ? Loraline s’était penchée au-dessus du pansement composé de feuillages enserrés par des liens. Elle entreprit de le défaire.
    –  Tu es médecin, je le sais, et donc peu habitué à mes médications, cependant elles sont efficaces, glissa-t-elle pour le rassurer tandis qu’elle dégageait d’une chair déchiquetée une couche épaisse de mucus. J’ai réduit ta fracture. Tout va bien.
    Philippus se pencha au-dessus de la plaie. Malgré sa profondeur, il avisa qu’elle était propre et saine. Un sentiment d’admiration lui gonfla le cœur. La jouvencelle avait accompli un excellent travail compte tenu de l’importance de la blessure.
    –  Tu souffrais aussi d’une luxation du genou et de l’épaule gauche, sans parler de ce traumatisme crânien.
    Philippus porta la main à son épaule, la fit jouer doucement.
    –  Je devrais ressentir de la douleur, assura-t-il.
    Loraline éclata d’un rire cristallin.
    –  Il y a peu de temps que j’ai découvert l’ampleur de mes pouvoirs et de ceux de ma mère. Le baume de pavot que je t’applique régulièrement te rend insensible, mais il te faudra quelques semaines encore avant de reprendre une activité normale. Je crains fort devoir te garder à mes côtés, docteur Philippus, à la merci de mes étranges médecines.
    –  Et ensuite ? demanda-t-il, le cœur battant.
    –  Ensuite je te rendrai ta vie et tu décideras de la mienne.
    Philippus hocha la tête, satisfait. Il avait besoin de temps pour faire le tour de cette incroyable histoire que le destin avait placée entre ses mains.
    –  Le prévôt me fera chercher, tu t’en doutes…
    –  Plus très longtemps.
    Elle prit un air gêné puis lâcha très vite :
    –  Je me suis arrangée pour que

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